BICKING Edouard, GROTZINGER Jean et VORBURGER Louis

Commentaire (0) Portraits de Malgré-Nous

 

VorburgerL_portrait_profil.jpg Louis VORBURGER, né le 4 octobre 1917 à Voegt­lin­shof­fen (Haut-Rhin).

J’ai pu recons­ti­tuer le périple de mon père grâce aux échanges de lettres quasi quoti­diens avec ma mère et aux rensei­gne­ments « WAST ».

Louis Vorbur­ger fait son service mili­taire du 1er septembre 1938 au 3 juillet 1940 au 40e régi­ment d’In­fan­te­rie à Neuf Brisach. Mais, le 4 septembre 1939, il est muté au 28e régi­ment d’In­fan­te­rie sur la ligne Magi­not. Il est fait prison­nier par l’Ar­mée alle­mande à La Bresse et libéré comme Alsa­cien-Lorrain le 10 juillet 1940. Il se marie le 13 février 1942.
Sa vie conju­gale sera de courte durée car, en mai 1943, il est rappelé sous les drapeaux de l’Ar­mée alle­mande. Ayant été hospi­ta­lisé pour une chirur­gie au nez, son départ est réporté et lui fait grâce de l’en­voi sur le front de l’Est d’où plusieurs de ses cama­rades ne revien­dront pas.

Il part pour Glei­witz, en Silé­sie (actuel­le­ment Gliwice, Pologne), où il est formé dans le 110e Bataillon de Panzer-Grena­dier et affecté à la 3e Compa­gnie le 20 mai 43. Il fait des marches et gardes nocturnes et des exer­cices fréquents à l’in­té­rieur de la Pologne. Il est à noter que Glei­witz et Ausch­witz, à 55km, de celle-ci sont tris­te­ment connus pour leurs camps
d’ex­ter­mi­na­tion.

Le 9 septembre 43, il est déplacé à Pots­dam à la 8e Compa­gnie de la Panzer Grena­dier-Lehr Bataillon. De là, il se rend à nouveau en Pologne et fréquente aussi ce que Berlin pouvait offrir en ce temps-là : la décou­verte de la capi­tale, mais aussi les bombar­de­ments et la destruc­tion de Berlin. Le 9 novembre 43, il est muté à la 5e Compa­gnie de la Panzer Grena­dier-Lehr Bataillon. A partir de là, il n‘a plus d’adresse fixe mais un matri­cule mili­taire.

A son grand bonheur, il se retrouve en France à Luné­ville le 13 janvier 1944, où son origine alsa­cienne lui permet de servir d’in­ter­prète auprès des auto­ri­tés françaises. Mais son séjour dans son pays natal sera de courte durée car, le 17 avril 1944, il est en poste à Buda­pest en Hongrie. Ce pays le séduit, mais sa patrie lui manque. Qu’à cela ne tienne, en mai 44, il est de retour en France, Meaux, Orléans, Nogent, pour fina­le­ment se retrou­ver en mai 44 (« pour la florai­son des pommiers » la signa­li­sa­tion exacte
étant inter­dite par cour­rier) en Norman­die, près de Caren­tan. Son bureau est installé dans un véhi­cule mili­taire. Il fait plusieurs va-et-vient sur Paris pour des « missions ». A chaque fois, il en profite pour aller rendre visite à sa tante, gouver­nante. Il lie des liens amicaux très intenses avec la famille de paysans, dans la ferme desquels il est cantonné. Il est prin­ci­pa­le­ment chargé de pour­voir au ravi­taille­ment des troupes alle­mandes. Son origine alsa­cienne lui permet d’une part de remplir avec obéis­sance ses fonc­tions et d’autre part de ne pas se faire consi­dé­rer comme un ennemi. Ainsi il pourra se rensei­gner et prendre conscience de la situa­tion déses­pé­rée de l’ar­mée alle­mande après le Débarque­ment et décide de fuir son bataillon de la
Panzer Grena­dier-Lehr. Il se cache dans les granges où les fuyards sont recher­chés et se déplace la nuit de préfé­rence au milieu des bombar­de­ments qui font rage. Il se rend aux Améri­cains à Notre-Dame près de St-Lô et Caren­tan et devient un POW le 27 juillet 44.
Embarqué le 30 juillet 44 dans la baie St-Laurent pour Southamp­ton, puis trans­ferré au Camp de Wood­hee­sele en Ecosse jusqu’au 22 septembre. Il demande comme de nombreux Alsa­ciens à réin­té­grer l’ar­mée des Alliés et rejoint la Camp d’Old Dean à Camber­ley où il est affecté à la CI 34, Bataillon d’Al­sace Lorraine. Le 6 novembre 1944, il sera embarqué à
Southamp­ton pour rega­gner Le Havre et Paris (voir liste du 3 novembre 1944 établie par les Forces Alliées sous le Comman­de­ment de Eisen­ho­wer). Il restera au Dépôt Central des Isolés à Paris sous l’au­to­rité du capi­taine Cour­bet et aidera ce dernier à trai­ter le rapa­trie­ment et les affec­ta­tions de plus de 500 hommes pour la plupart Alsa­ciens-Lorrains.

Mis en congé le 15 janvier 45, il ne pourra pas rejoindre sa famille, qui habite Schwei­ghouse-Lauten­bach, toujours occu­pée par les Alle­mands qui se main­tiennent dans la « Poche de Colmar ». Il ne pourra rejoindre son épouse et sa petite fille née le 25 décembre 44 qu’à­près la libé­ra­tion de Buhl, le
5 février 1945. N’ayant plus de statut mili­taire fixe, son épouse ne pourra même pas lui commu­niquer les nouvelles fami­liales, qu’il aurait accueilli avec un grand bonheur. Il se retrou­vera chez lui le 17 février 1945.

Nota : les circons­tances ont fait que mon père, Louis Vorbur­ger, s’est retrouvé avec mon oncle par alliance Edouard Bicking à Wood­hee­sele, Camber­ley et sur le bateau de rapa­trie­ment vers la France, ainsi qu’a­vec Jean Grot­zin­ger, qui se mariera avec ma cousine. Mon père, décédé
main­te­nant, se souve­nait très bien de ces deux compa­gnons.

Edouard BICKING , né le 5 septembre 1921 à Stras­bourg.

Bicking_Edouard_RAD.jpg Edouard Bicking, mon oncle par alliance, est étudiant en Théo­lo­gie protes­tante à la Faculté de Stras­bourg quand la guerre éclate. Lors de l’éva­cua­tion de la Ville de Stras­bourg, la Faculté de Théo­lo­gie
protes­tante est démé­na­gée à Cler­mont-Ferrand, avec ses étudiants et ses profes­seurs. Par la suite, il rendra visite à sa fian­cée Suzanne, évacuée en Dordogne. Puis, malgré les conseils de ses parents, il quitte le Sud-Ouest avec son frère Raymond (* Stras­bourg 15.9.1920, décédé), élève-pilote à Gaillac pour retour­ner à Stras­bourg.
Il conti­nue ses études de pasteur à Tübin­gen et Erlan­gen. Mais, comme tous les jeunes, il doit se soumettre au « Reich­sar­beits­dienst » (photo ci-contre), puis est enrôlé dans une divi­sion d’Ar­tille­rie à Schröt­ter­burg, en Pologne, où il reçoit une forma­tion de « lanceur de grenade à mains ». A la suite d’une forte infec­tion des sinus, il est hospi­ta­lisé et évite ainsi la progres­sion vers l’Est de sa Divi­sion. Il rejoint Köln où on l’in­cor­pore dans ce qu’il nomme
une « Christ­kind’l Divi­sion » pour le front de Calais, où les combats font rage. Cette divi­sion est censée rejoindre la Norman­die en vélo !
Après avoir constaté, sous le feu, que la situa­tion des Alle­mands est perdue, il se met en fuite avec d’autres compa­gnies pour fina­le­ment se rendre aux Cana­diens près d’Ar­ro­manche. De là, il est embarqué vers l’Île de Wright, où il devient un POW. Démuni de ses posses­sions, il rejoint dans les soutes d’un baateau l’Ecosse et se rejoint le Camp de Wood­hee­sele, où se
retrouvent de nombreux Alsa­ciens, qui exigent d’être incor­po­rés dans l’ar­mée des Alliés et ainsi rejoint Camber­ley et Old Dean.

Le 6 novembre 1944, il est embarqué à Southamp­ton pour rega­gner Paris (voir liste du 3 novembre 1944 établie par les Forces Alliées sous le
Comman­de­ment de Eisen­ho­wer).

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