L’OPMNAM et le « Mur des Noms »

Commentaire (1) Actualité

 

L’as­so­cia­tion OPMNAM (Orphe­lins de Pères Malgré-Nous d’Al­sace-Moselle) a déposé sa motion lors de l’AG des Amis du Mémo­rial à Schir­meck.

 

Monsieur le Président,

 

Mesdames et Messieurs,

 

Membre de l’AMAM , je suis aussi président de l’As­so­cia­tion des Orphe­lins de Pères Malgré-Nous d’Al­sace-Moselle.

A ce double titre, je voudrais par cette lettre vous expri­mer le senti­ment de profond désap­poin­te­ment de nos membres.

En effet, depuis dix ans, nous atten­dons une réali­sa­tion maté­rielle d’un « Mur des Noms » dont le site avait été retenu : ici même, au Mémo­rial d’Al­sace-Moselle. Après moultes réunions de concer­ta­tion et d’échange, un projet a enfin été défini.

Le travail remarquable de recen­se­ment des incor­po­rés de force tués ou disparu a pu être mis en mémoire et offert au grand public. Nous en remer­cions bien vive­ment les arti­sans de ce registre.

Pour donner une mesure de l’am­pleur des drames de l’an­nexion sauvage de l’Al­sace-Moselle par les nazis, une option fort louable avait été rete­nue in fine :

Rassem­bler, avec les 40 000 (avec la Moselle) noms des tués ou dispa­rus de l’in­cor­po­ra­tion de force, les autres victimes de cette Barba­rie nazie les victimes civiles, les victimes de la Dépor­ta­tion, les victimes poli­tiques ou raciales.

Nous atten­dions aussi, à l’oc­ca­sion de la réno­va­tion du Mémo­rial, une meilleure lisi­bi­lité et visi­bi­lité des décrets du Gaulei­ter Wagner, notam­ment le décret de la « Sippen­haft »- contrainte sur le clan fami­lial et rela­tion­nel- qui SEULE peut expliquer et faire comprendre qu’il y eut 130 000 incor­po­rés qui n’étaient ABSOLUMENT PAS VOLONTAIRES , comme le supposent encore nombre de nos compa­triotes à l’heure actuelle !

Tout semblait enfin prêt pour un démar­rage de ce projet de …10 ans d’âge !!!

Mais des écrits discor­dants ont été publiés à la veille de la mise en œuvre, susci­tant un doute sur le bien-fondé de ce « Mur des Noms », remet­tant ainsi l’exé­cu­tion de l’ou­vrage sine die. La pour­suite du projet se ferait alors après avis d’un comité scien­ti­fique auquel notre asso­cia­tion ni d’autres asso­cia­tions mémo­rielles n’ont été conviées. L’orien­ta­tion éven­tuelle du projet vers une réali­sa­tion élec­tro-infor­ma­tique nous paraît peu compa­tible avec l’es­prit initial du Mur eu égard au respect dû à la mémoire des dispa­rus, sans comp­ter avec la fragi­lité et les évolu­tions des supports infor­ma­tiques souvent peu compa­tibles. De plus, ce type de support ne donne­rait pas la juste ampleur des drames liés à l’an­nexion nazie, au contraire d’une surface compor­tant 40 000 patro­nymes.

Au-delà des polé­miques stériles et souvent outran­cières par leurs inexac­ti­tudes histo­riques, il nous paraît indé­cent de remettre en cause la substance-même d’un signe concret du sacri­fice des 40 000 incor­po­rés de force.

Car ils sont bien morts sous un uniforme qu’ils n’ont pas choisi pour des combats dont ils n’avaient que faire, sinon tenter de survivre entre les balles, les obus et les chars !

Lais­sons les belles phrases de diffé­rents respon­sables du Minis­tère des Anciens Combat­tants telle : « victimes de la glorieuse incer­ti­tude des armes » pour orner leur flori­lège !

Comment pouvons-nous, enfants, petits-enfants et descen­dants, regar­der sans larmes de honte les 580 000 noms de 14/18 gravés à Notre-Dame de Lorette, les 10 000 croix blanches du cime­tière améri­cain de Colle­ville-sur-Mer ou contem­pler le silence apaisé du cime­tière alle­mand de Bergheim, alors que nous, nous n’avons RIEN pour notre propre mémoire ?

Ne tuons pas une seconde fois ceux qui sont déjà morts une première fois !

Et surtout, ne soyons pas complices du tyran Créon qui laissa sans sépul­ture un Poly­nice mort au combat dans la tragé­die « Anti­gone », dont la conclu­sion devrait nous brûler : « Main­te­nant, c’est fini. Ils sont tout de même tranquilles. Tous ceux qui avaient à mourir sont morts. Ceux qui croyaient une chose et puis ceux qui croyaient le contrai­re…. même ceux qui ne croyaient rien et qui se sont trou­vés pris dans l’His­toire sans rien y comprendre.

Morts, pareils, tous, bien raides, bien inutiles, bien pour­ris.

 Et ceux qui vivent encore vont commen­cer tout douce­ment à les oublier et à confondre leurs noms » (Jean Anouilh, ANTIGONE).

 Nous vous remer­cions de l’at­ten­tion que vous pour­rez donner à cette motion, en souhai­tant qu’elle soit lue lors de l’as­sem­blée géné­rale de l’AMAM.

 

Rece­vez, monsieur le Président, nos respec­tueuses salu­ta­tions et l’ex­pres­sion de notre profonde tris­tesse.

 

Gérard Michel, président de l’OPMNAM, membre de l’AMAM

Roland Schmit­thaeus­ler, secré­taire de l’OPMNAM

 

 

Article des DNA trans­mis par Walter Oster

One Response to L’OPMNAM et le « Mur des Noms »

  1. Blondel jean dit :

    La France, l Alsace et la Lorraine doivent une juste réparation morale aux Malgré nous, contraints par le chantage à la deportation familiale qui est une contrainte beaucoup plus abjecte que la seule contrainte personnelle …….
    Mes ancêtres ont été expulsés des 1871, leurs biens spoliés, interdits de retour en 1940, mais leurs salariés non parfaitement francophones n’ont pas pu les suivres, les filles célibataires ont tenté de maintenir…
    Je crois d autant plus important de traquer les faux « malgre nous »…peut être même de « dénoncer » avec moins de « relativisme historique » les collaborateurs zélés d une fausse Allemagne (les réactions des jeunes historiens allemands à la découverte du dossier vide du faux docteur K de Heidelberg furent très positives et m ont encouragé à poursuivre alors que l Ordre des Médecins à Paris à mis une curieuse absence de zèle à mon service)
    La « souffrance » de ceux et celles dont les pères et grands peres (Je préfère ne pas penser à celle des femmes….) peuplent le site internet que vous animez est en voie de me « radicaliser »
    Merci de me faire part de vos réflexions sur le sujet…amitiés
    Jean Hugues Blondel

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