Ils n’étaient pas volontaires !
Non, ils n’étaient pas volontaires pour servir l’Allemagne nationale-socialiste,
ces jeunes femmes et ces jeunes hommes d’Alsace et de Moselle incorporés de force au Reichsarbeitsdienst, au Kriegshilfsdienst, dans la Wehrmacht et même dans la Waffen-SS.
Malgré les menaces de déportation pesant sur les familles en cas d’insoumission, nombreux sont ceux qui ont pu fuir leur région annexée ou qui, après avoir été incorporés, ont réussi à déserter.
Ceux qui ont survécu aux combats portent en eux des séquelles psychologiques, mais ils s’estiment heureux d’avoir pu rejoindre leurs foyers. Car beaucoup de Malgré-Nous sont morts sur les champs de bataille, mais aussi par exécution avec ou sans jugement (par les Allemands ou par les armées alliées), par suicide ou à cause de conditions de captivité innommables. D’autres sont portés disparus, empêchant tout travail de deuil : la disparition de ces « non-rentrés » a, pour les plus âgés, laissé des veuves et des orphelins sans ressources dans une France enfin libérée.
L’incorporation de force est un crime de guerre consécutif à la défaite française de 1940 et à l’annexion de fait de l’Alsace-Moselle au IIIe Reich.
Ce livre, très documenté, présente une mise au point historique sur la question des Malgré-Nous et propose plus de cinquante témoignages inédits. Il revient sur cette tragédie franco-allemande et sur le sort de ceux que le gouvernement du général De Gaulle considérait à juste titre comme des
déportés militaires.
Nicolas Mengus, André Hugel, Malgré nous ! Les Alsaciens et les Mosellans dans l’enfer de l’incorporation de force, La Tour Blanche – Les Presses du Belvédère, 2010, 413 pages, 34,50 euros.