Le 18 juin 2011, à Schoenbourg, s’est tenue avec succès l’assemblée générale de l’OPMNAM (03 88 66 22 43) présidée par Gérard Michel et en présence de Philippe Richert, ministre chargé des Collectivités Territoriales et président du Conseil Régional d’Alsace.
Lors de son intervention, Philippe Richert a rappelé toute l’importance du Mémorial d’Alsace-Moselle de Schirmeck, de la traduction de plus de 4000 pages d’archives soviétiques concernant Tambov, et des deux discours de Nicolas Sarkozy en 2008 et 2010 reconnaissant officiellement le statut de victimes de la barbarie nazie aux incorporés de force alsaciens-mosellans, marquant « une rupture avec le discours habituel voulant que les Malgré-Nous soient un problème alsaco-mosellan ». Il a réaffirmé sa volonté de réaliser, à Schirmeck, un « Mur des Noms de toutes les victimes de la Deuxième Guerre mondiale d’Alsace et, je l’espère, d’Alsace-Moselle » ; une première liste de noms devrait être établie d’ici la fin de l’année ou pour le début de l’année 2012. Il a également rappelé que l’histoire de notre pays était complexe, dramatique et ne se limitait pas à Paris et sa région, ni aux grands moments inscrits en lettres d’or dans les manuels d’histoire : « on a enseigné l’histoire des Français en Alsace-Moselle comme on a enseigné l’histoire de France dans les pays d’Outre-Mer ».
Fernand Foeglé, président de l’OPMNAM-Moselle et membre de la commission « Conception du lieu départemental de Mémoire [à Gravelotte] et Mur des Noms », est revenu sur l’action entreprise dans le cadre de la « Mémoire mosellane » : retenons que, d’ici fin 2011, la liste des incorporés de force mosellans devrait être achevée en vue de la création d’un Mur des Noms « de toutes les victimes mosellanes combattantes (…) depuis 1870, y compris les guerres de décolonisation » et dont le coût de réalisation est estimé à 3 millions d’euros. Les travaux des trois commissions existantes associent étroitement les associations patriotiques, l’Education nationale et les acteurs du monde culturel (élaboration de fiches pédagogiques, recueil de témoignages, création d’un lieu de Mémoire…).
Parmi les autres intervenants, Roland Schmitthaeusler, secrétaire général de l’OPMNAM, a rappelé le sens du mot « génocide », l’élimination des géniteurs. L’incorporation forcée des classes 1908–1927 ayant provoqué la mort de nombreux pères potentiels ou d’hommes souvent pères d’un unique enfant, on peut raisonnablement admettre que les Malgré-Nous, déportés militaires, ont été les victimes d’un génocide. Il a également évoqué le projet d’une célébration religieuse avec Olivier Schmitthaeusler, évêque de Phnom Peng et petit-fils d’incorporé de force, le 6 août prochain au Mont Sainte-Odile, en hommage aux incorporés de force non rentrés.
Eric Sander, spécialiste du Droit local, est revenu sur la volonté des Nazis d’abroger le Droit local en Alsace-Moselle et sur les difficultés, après 1945, consécutives au fait que les lois nazies en vigueur à compter de 1940 aient été déclarées « nulles et non avenues », comme si elles n’avaient pas existé.
Elisabeth Guckert-Schmitt a rapidement exposé son déplacement à Brest-Litovsk (Biélorussie) à la recherche de traces de son père porté disparu. Elle a souligné combien les autorités biélorusses avaient été à son écoute, ouvertes à ses demandes et combien leurs archives étaient riches de renseignements, évoquant une liste des prisonniers de guerre morts dans un camp de transit avec indication du lieu de sépulture.
Mentionnons encore l’amicale présence et soutien d’Alphonse Troestler, délégué à la Mémoire régionale, et de Germaine Rohrbach, présidente de l’Association des anciens incorporés de force dans les RAD/KHD d’Alsace-Moselle.
Nicolas Mengus