Charles Kopp est décédé le 2 mars 2012 à Béziers. Né le 16 décembre 1923 à Strasbourg. Il se destine à la carrière d’instituteur. Il est incorporé de force au RAD à Merseeburg en 1942, puis, l’année suivante, dans l’armée allemande. Fait prisonnier par les Américains en juillet 1944, il retrouve l’Alsace en décembre 1945.
Il entre ensuite dans l’Education nationale où il devient inspecteur primaire, notamment dans le Haut-Rhin. Il est un des promoteurs de l’enseignement de l’allemand (réforme Holderith) et des Regroupements pédagogiques intercommunaux (RPI). Chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur et commandeur dans celui des Palmes académiques.
Le parcours de Charles Kopp (RAD-Wehrmacht) en quelques lignes :
Octobre–décembre 1942 : Reichsarbeitsdienst –Service du travail du Reich, en fait une préparation militaire, à Meerseburg, près de Halle an der Saale. Charles Kopp suit la préparation militaire et y construit des digues contre les inondations de l’Elbe et de la Saale.
Janvier 1943 : Incorporation de force dans l’armée allemande : front de l’Est, devant Léningrad (Saint Petersbourg) et en Lettonie, puis Normandie en juillet 1944. Trois blessures. La première blessure: il la doit à un tireur d’élite russe. Il se souvient aussi de son hospitalisation en Lettonie. Le chirurgien est un bon chirurgien qui a fait des études à Strasbourg. Au moment de l’anesthésier, au lieu de lui demander de compter jusqu’à dix, comme c’était la coutume, il lui dit de chanter la « Marseillaise ». Charles obtempère et se crée des inimitiés auprès de membres du personnel sanitaire. Quand il peut sortir de l’hôpital en uniforme allemand à l’auberge du village, les gens se détournent de lui. Ce n’est plus le cas quand il peut se faire reconnaître comme Alsacien, donc Français. On lui attribue la Croix de fer avec palmes (Eisernes Kreuz mit Schwerten) qu’il doit à ses blessures. Il a longtemps conservé l’insigne comme porte-clefs et l’a cédé ensuite à son fils, comme symbole de la guerre vécue.
Charles Kopp parlait souvent des conditions dans lesquelles s’est produite sa désaffectation de son unité combattante du front de l’est.
C’est à l’issue de sa troisième hospitalisation, alors qu’il aurait dû être renvoyé dans son unité, qu’il a eu connaissance d’une opportunité, celle de pouvoir rejoindre une nouvelle unité proposée par un officier supérieur et chargée de constituer « eine Gruppe erfahrener Kämpfer um die Allierten auf dem Festland zu schlagen/ une unité de combattants expérimentés pour vaincre les Alliés sur le continent. » C’est ainsi qu’en juillet 1944, il s’est retrouvé en Normandie et y a été fait prisonnier quelques jours plus tard.
Quant aux circonstances de cet événement, il faut se référer textuellement au récit qu’il en faisait. Confiné durant plusieurs jours dans un réduit au pied d’une église sous le feu de l’artillerie et de l’aviation alliée, il a osé une sortie avec un autre Alsacien et s’est trouvé presque immédiatement nez à nez avec un G.I., un Noir qui a été plus rapide que lui à lever les bras ! Charles parlait heureusement l’anglais et a su expliquer, au moyen d’une carte tricolore, qu’il était Français et souhaitait déserter de l’armée allemande et passer dans le camp des Alliés.
Plus tard, en tant que prisonnier, il a eu l’occasion d’assister à l’embarquement de troupes fraîches, composées surtout de jeunes Noirs, à destination de l’Europe. Ce spectacle, disait-il, avait provoqué en lui un mélange d’émotions très fortes et de stupéfaction, à voir des jeunes lourdement chargés se dandiner sur la passerelle au rythme d’une musique de Glen Miller diffusée à pleins tubes par des haut-parleurs. Saisissante image d’un départ à la guerre !
Fait prisonnier par l’armée américaine (juillet 1944). Prisonnier en Angleterre, puis aux Etats-Unis. Il est chargé de rassembler les soldats alsaciens et lorrains regroupés aux États-Unis par les troupes américaines. Il se souvient d’avoir voulu se porter volontaire pour l’armée française (on est encore en guerre), mais l’officier chargé des prisonniers et qui parle allemand avec un accent à couper au couteau le lui refuse « Wir haben besondere Gründe », entendez par là, nous voulons d’abord vous dénazifier. Il revient en France en décembre 1945.
Charles Kopp est de ceux qui ont refusé toute idée d’indemnisation de ses années de Malgré-Nous, proposée et réalisée dans le cadre de la Fondation « Entente franco-allemande » : il la considèrerait comme une aumône. Pour lui, on ne s’acquitte pas d’un crime tel que l’incorporation de force par une indemnité de 1387 euros.