80 ans de la Libé­ra­tion et Story­rol­lup d’Al­sace – Un concours pour trans­mettre la mémoire de l’Al­sace annexée

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L’œuvre de Nico­las Mengus et Igor Futte­rer (sur la photo) comprend 1656 dessins sur 40 mètres de long et évoque le martyr de l’Al­sace de 1939 à 1953.  Photo DR

Trans­mettre la mémoire d’une Alsace annexée par le biais du concours. C’est ce que proposent écri­vains et histo­riens à travers deux initia­tives dont la première se dérou­lera la semaine prochaine lors des commé­mo­ra­tions de la libé­ra­tion de Colmar.

Les 1 656 dessins ne seront pas tous visibles durant le week-end commé­mo­ra­tif des 80 ans de la libé­ra­tion de Colmar. Mais leurs auteurs, l’his­to­rien et illus­tra­teur Nico­las Mengus et le drama­turge Igor Futte­rer, en dévoi­le­ront plus d’un tiers sous forme de bannières verti­cales (1). On y décou­vrira l’adap­ta­tion en images du texte de la pièce de théâtre, La cigogne n’a qu’une tête , écrite par Igor Futte­rer en 1997. « Il s’agit d’une frise illus­trée resti­tuant l’in­té­gra­lité du trau­ma­tisme de l’Al­sace-Moselle annexée, de l’éva­cua­tion de la zone rouge « Magi­not » de 1939 à l’am­nis­tie du procès de Bordeaux de 1953 », résument-ils. Les kaké­mo­nos présen­tés à Colmar parle­ront notam­ment de l’éva­cua­tion vers le Limou­sin et la vie précaire des Alsa­ciens dans cette région, la bataille du Rhin ou encore les premières mesures de germa­ni­sa­tion.

Lors de son discours prononcé le 23 novembre dernier à Stras­bourg , le président Macron avait évoqué la nazi­fi­ca­tion forcée des terri­toires annexés et plus parti­cu­liè­re­ment la tragé­die de l’in­cor­po­ra­tion de force vécue par près de 143 000 personnes, femmes et hommes. « Ces enfants d’Al­sace et de Moselle furent captu­rés, habillés d’un uniforme qu’ils détes­taient, au service d’une cause qui les faisait esclaves, instru­ments d’un crime, qui les tuait aussi, mena­cés de repré­sailles s’ils tentaient de fuir. Ceux-là comprirent parfois aussi dans leurs rangs des enfants perdus qui endos­sèrent la cause néfaste du Reich. » Une tragé­die, complé­tait-il, qui « doit être nommée, recon­nue et ensei­gnée car elle est celle de notre nation ».

Igor Futte­rer n’a pas attendu les paroles prési­den­tielles pour se tour­ner vers les scolaires. Il a mené l’an passé, près d’Ora­dour, dans un lycée profes­sion­nel, et dans un établis­se­ment régio­nal d’en­sei­gne­ment adapté à Illkirch-Graf­fens­ta­den, des lectures théâ­tra­li­sées de sa pièce. À l’oc­ca­sion du 80e anni­ver­saire de la libé­ra­tion de Colmar, il implique à nouveau les jeunes à travers un concours qu’il lance avec Nico­las Mengus et le jour­nal L’Ami Hebdo.

Teasing en vidéo, texte en prose ou vers

Ouvert aux élèves colma­riens (collèges Victor-Hugo, Molière, Berlioz, lycées Saint-Jean, Bartholdi, Schon­gauer), muns­té­riens (lycée Kirschle­ger) et alle­mands (Fonda­tion Brücke für die Zukunft), le concours (2) est inti­tulé « comprendre l’in­cor­po­ra­tion de force ». Il s’agit de produire une vidéo courte (de 20 secondes à 2 minutes) abor­dant le sujet de l’in­cor­po­ra­tion en répon­dant à la ques­tion suivante : « Contraint par la force, est-on coupable, respon­sable ou complice ? » « Le but est de stimu­ler et d’en­cou­ra­ger l’ima­gi­na­tion des parti­ci­pants afin de mieux appré­hen­der cette page majeure de l’his­toire natio­nale absente des manuels scolaires », dit Igor Futte­rer.

Autre concours, cette fois d’écri­ture, celui lancé par l’au­trice Sylvie Reff, fille d’in­cor­poré de force (3). Il s’ins­crit dans le cadre de l’hom­mage solen­nel aux Malgré-nous du 13 avril à la cathé­drale de Stras­bourg (lire par ailleurs). Le jury, composé d’his­to­riens, d’écri­vains et de jour­na­listes, espère « éveiller l’in­té­rêt des jeunes mais aussi déli­vrer les voix des moins jeunes, jamais invi­tées à s’ex­pri­mer sur ce sujet qui reste clivant, conti­nuant d’aga­cer les familles qui n’étaient pas concer­nées et d’em­mu­rer les autres qui savent qu’elles ne seront pas écou­tées ».

Les candi­dats devront tenter de répondre à l’une de ces ques­tions que, sans nul doute, de très nombreux incor­po­rés se sont posées : « Se rési­gner à devoir combattre sous l’uni­forme ennemi ou bien refu­ser, quitte à savoir sa famille punie en repré­sailles ? Que se passe-t-il dans la tête et le cœur ? Comment choi­sir ? » ; « Tu es revenu de la guerre, où tu as dû parti­ci­per à des massacres. Une fois de plus il faut choi­sir : se taire ou dire la vérité ? Qui voudra écou­ter et comprendre ? »

 

Nico­las Roquejeoffre

 

(1) : Nico­las Mengus et Igor Futte­rer seront présents au Parc Expo dans le cadre du 80e anni­ver­saire de la Libé­ra­tion de Colmar. Le vendredi 31 janvier (14h-18h), les samedi 1er et dimanche 2 février (9h-18h) et le lundi 3 février (9h-12h). Entrée libre.

(2) règle­ment (et inscrip­tions) dispo­nible sur le site inter­net www.malgre-nous.eu

(3) : Trois pages maxi­mum en prose ou vers, à envoyer avant le 5 mars 2025 à Concours Malgré-Nous, 6 rue des Moutons, 67350 Ringen­dorf. En indiquant le nom, l‘âge, l’adresse. Ou par mail : concours.malgre-nous@out­look.com ; Les prix seront remis le 12 avril à 16h au FEC, à Stras­bourg.

 

 

 

 

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