Au Mont Natio­nal d’Ober­nai : céré­mo­nie du 25 août 2025. Dossier composé par Patrick Kautz­mann

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Ce 25 août 2025 s’est tenue, comme chaque année, une magni­fique céré­mo­nie prési­dée par Madame Nicole Bruder, prési­dente de l ADEIF du Bas-Rhin. Cent personnes étaient présentes, 22 porte-drapeaux.

La première adjointe d’Ober­nai a prononcé un discours.

Patrick Kautz­mann, trom­pette et président du Comité du Souve­nir Français de Hoch­fel­den était présent avec un porte-drapeau. Il a inter­prété le « Chant de la Volga », la « Sonne­rie aux Morts » et la « Marseillaise ».

Guy Siat, DG adjoint du Souve­nir Français 67 et plusieurs repré­sen­tants des comi­tés de Truch­ter­sheim, Ober­nai, Gren­del­bruch ou  Schir­meck étaient égale­ment présents. 

 

Discours de Mme la dépu­tée Louise Morel

 

Monsieur le Conseiller d’Al­sace,
Madame l’adjointe au maire d’Ober­nai,
Madame la Prési­dente de l’ADEIF, chère Nicole Bruder,
Mesdames et Messieurs les porte-drapeaux,
Chères familles, chers descen­dants des incor­po­rés de force d’Al­sace et de Moselle,
Mesdames et Messieurs,
Au pied de cette croix qui domine la plaine d’Al­sace, nous ressen­tons le souffle de l’His­toire. Chaque pierre de ce monu­ment porte une bles­sure que le temps n’a jamais vrai­ment refer­mée.
Il y a 83 ans, une ordon­nance arra­chait 130 000 jeunes Alsa­ciens et Mosel­lans à leurs foyers.
Ils avaient vingt ans, parfois moins. Ils aimaient, ils étudiaient, ils travaillaient… Et soudain, on leur impo­sait un uniforme qui n’était pas le leur, un serment qu’ils n’avaient pas choisi, une guerre qui n’était pas la leur. Beau­coup ne sont jamais reve­nus.
Plus de 40 000 destins brisés, effa­cés, sans même une tombe dans leur terre natale.
Et puis il y a ceux qui sont reve­nus… mais jamais tout à fait les mêmes. Bles­sés dans leur chair ou dans leur âme, ils ont porté toute leur vie le poids d’une guerre subie, dans le silence et parfois l’in­com­pré­hen­sion, face à un récit natio­nal qui, trop souvent, les a injus­te­ment soupçon­nés de trahi­son.
Quel était leur « tort » ? Être nés ici, dans cette région où l’His­toire se déchire ?
Aucun tort. Ils furent des victimes.
On les a appe­lés les « Malgré-nous » – et ce nom dit tout : la contrainte, l’ab­sence de choix, la violence d’un destin imposé. Mais derrière ces mots, il y a des visages : un fils, un frère, un fiancé, un père qui n’a pas vu gran­dir son enfant.
Et à côté d’eux, il y eut aussi les « Malgré-elles ». Ces femmes enrô­lées de force dans des orga­ni­sa­tions nazies, contraintes de servir un régime qu’elles n’avaient pas choisi.
Aujourd’­hui, nous voulons égale­ment leur rendre hommage.
Mesdames et Messieurs, en dépo­sant ces gerbes, en incli­nant nos drapeaux, nous faisons bien plus que commé­mo­rer. Nous répa­rons, un peu. Nous redon­nons une voix à ceux qu’on a voulu faire taire. Nous disons aux familles, aux descen­dants, aux amis : nous n’ou­blions pas. Car nous savons qu’il y eut trop de silences, trop de bles­sures enfouies.
Mais heureu­se­ment, les choses changent. Le Mur des Noms, en cours de réali­sa­tion, inscrira pour toujours ces destins au Mémo­rial d’Al­sace-Moselle, non loin d’ici à Schir­meck.
Le Président de la Répu­blique est venu à Schir­meck recon­naître que l’in­cor­po­ra­tion de force fut un crime de guerre. La Nation a décoré certains survi­vants, une loi est propo­sée pour soute­nir les orphe­lins.
Ces gestes ne rempla­ce­ront jamais les absents, mais ils disent que la France se souvient, enfin.
Et pour­tant, la mémoire est fragile. Elle peut s’éteindre comme une bougie si nous ne la portons pas.
Alors, aux jeunes présents aujourd’­hui, je veux dire ceci : regar­dez cette croix. Elle n’est pas une pierre froide. Elle est une flamme.
Prenez-la, portez-la, car si l’ou­bli gagne, c’est l’His­toire qui s’éloigne.
En hommage à tous les incor­po­rés de force d’Al­sace et de Moselle, en hommage aux « Malgré-elles », à nos aînés qui ont vécu ce déchi­re­ment, à ceux qui ne sont jamais reve­nus, à leurs familles, nous adres­sons aujourd’­hui le témoi­gnage de notre respect, de notre recon­nais­sance, et de la tendresse d’une Nation qui refuse désor­mais de détour­ner les yeux.
Je vous remer­cie.

 

 

 

 

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