Ils sont venus un matin, sans prévenir, sans appel,
Un papier en main, un ordre officiel.
T’avais vingt ans, t’étais français, t’étais d’ici,
Mais on t’envoyait combattre pour l’ennemi.
Tu disais non ? Alors ta mère partait,
Ton père déporté, ton frère arrêté.
C’était la Zappenhaft, la terreur de l’ombre,
Une patrie qu’on piétine, et l’autre qui encombre.
On n’avait pas le choix, pas d’étendard à lever,
Juste des armes froides qu’on n’a pas demandées.
Sur le front de l’Est, sous la croix gammée,
On a marché sans foi, sans liberté.
À ceux qui pensent qu’on a trahi,
Regardez nos morts, lisez nos vies.
Dans les steppes gelées de Russie profonde,
On avançait pour un Reich qui détruit le monde.
On voyait les villages brûlés, les regards perdus,
On était là, dans une guerre qui ne nous était pas due.
Les ordres venaient d’en haut, froids, sans pardon,
Et nous, les petits d’Alsace, on tenait le front.
Pas nazis, mais forcés, sans issue, sans retour,
Juste des numéros dans la machine de la mort.
On n’avait pas le choix, pas d’étendard à lever,
Juste des armes froides qu’on n’a pas demandées.
Sur le front de l’Est, sous la croix gammée,
On a vu l’enfer sans l’avoir mérité.
Et nos familles tremblaient derrière les volets,
Chaque refus pouvait les condamner.
Et ceux qui sont revenus n’ont rien osé dire,
Trop de honte, trop de douleur à écrire.
Ils ont pleuré la nuit, dans des silences de plomb,
Pendant que la France détournait le nom.
On n’avait pas le choix, mais on a survécu,
Dans l’uniforme d’un monstre qu’on n’a jamais voulu.
À tous les juges de salon, à ceux qui n’ont pas su,
Sachez qu’on est morts pour rien, perdus.
Mais notre mémoire vit, au-delà des drapeaux,
Dans l’Alsace meurtrie, et les tombes sans mots.
Pour écouter la chanson : https://suno.com/song/c463097b-dbd5–45e6–9817–4d71ca994867?sh=TNK0nKksgxCwcLDZ