Commé­mo­ra­tion du 83e anni­ver­saire du 28 août 1942 à Colmar (24.8.2025)

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Stéphane Pir, ensei­gnant et président de l’as­so­cia­tion « Préser­ver le patri­moine et la mémoire de la vallée de la Bruche », nous a trans­mis le texte de l’al­lo­cu­tion qu’il a pronon­cée ce jour-là.

 

* Discours du 24 août 2025 à Colmar *

 

Je tiens tout d’abord à excu­ser Mme Butsch Sandra, ensei­gnante alle­mande et béné­vole dans l’as­so­cia­tion « la Maison Bleue » à Vieux Brei­sach. Elle est à l’ini­tia­tive d’un projet franco-alle­mand « Pont pour l’ave­nir ». Le projet traite des « Malgré-Nous »/incor­po­rés de force ; 280 élèves ont réalisé la biogra­phie de « Malgré-Nous »/incor­po­rés de force  sous forme de dessins.

L’ex­po­si­tion est présente à la maison Koif­hus, il vous sera possible de la voir tout à l’heure.

 

Notre asso­cia­tion « Préser­ver le patri­moine et la mémoire de la vallée de la Bruche » réalise de nombreux projets dont celui qui nous rapproche aujourd’­hui les « Malgré-Nous »/incor­po­rés de force.

Avec des jeunes de la vallée de la Bruche, on visite le camp du Stru­thof – nouvelle appel­la­tion : « Mémo­rial du camp de concen­tra­tion de Natz­wei­ler-Stru­thof » -, égale­ment le Mémo­rial d’Al­sace-Moselle de Schir­meck, ainsi que le camp de Schir­meck-Vorbrück. Nous avons rencon­tré deux « Malgré-Nous »/incor­po­rés de force , M Prince, incor­poré en 1943 sur le front russe, et M. Groe­hens, incor­poré en mars 1945 en Alle­magne.

Nous réali­sons un « power­point » suite aux diffé­rentes visites et l’avons présenté dans des collèges et lycées à Angou­lême en Charente, Oradour-sur-Glane en Haute-Vienne, Tulle en Corrèze, ainsi que d’autres villes.

L’idée de départ était d’in­for­mer d’autres élèves, dans d’autres dépar­te­ments, de l’his­toire de l’Al­sace-Moselle, combler le vide du programme scolaire.

En réali­sant ce projet avec diffé­rents élèves sur plusieurs années, nous avons été surpris de voir que notre jeunesse alsa­cienne ne connais­sait pas sa propre histoire.

Nous avons, sur un total de 200 élèves en CAP, BAC et BTS, demandé de complé­ter un ques­tion­naire dont voici trois exemples.

C’est quoi un « Malgré-Nous »/incor­poré de force ?

13% de bonnes réponses

Une « Malgré-Elle » ?     

6.5%

Le 25 aout 1942 ?

 2.5%

Pour info 50% des élèves sondés ont visité un musée dans le cadre du « devoir de mémoire ».

Les causes ? Pas abordé en classe, pas de trans­mis­sion au sein des familles et surtout, aujourd’­hui, au sein de la société. Qu’elles sont les communes qui jouent le jeu ?

Il y a quelques années, je disais, par exemple, à des lycéens d’An­gou­lême,

« En Alsace-Moselle, il y a la céré­mo­nie du 25 août qui n’existe pas ailleurs en France ».

Aujourd’­hui, si rien n’est fait, je pour­rais dire :

« En Alsace-Moselle, le 25 août c’est comme dans le reste de la France, c’est un jour comme un autre, banal et ordi­naire ».

Un grand merci à la ville de Colmar pour cette initia­tive et nous rappe­ler que l’his­toire de l’Al­sace-Moselle est diffé­rente et mérite qu’on lui donne de l’im­por­tance.

 

Il y a des solu­tions pour remé­dier à cette situa­tion si, par exemple, l’ex­po­si­tion inspi­rée de la pièce de théâtre « La cigogne n’a qu’une tête » pouvait circu­ler de collège en collège et servir de support péda­go­gique, si elle pouvait appar­te­nir aux Alsa­ciens-Mosel­lans et ne pas être statique dans un musée.

Si vous deman­dez à un élève ce qu’il sait du débarque­ment de Norman­die le 6 juin 1944, il sait répondre en donnant des réfé­rences de films améri­cains comme « Fury » ou encore « Il faut sauver le soldat Ryan ».

Aujourd’­hui, un Alsa­cien-Mosel­lan doit regar­der quel film pour apprendre son histoire ?

Si on regroupe l’Al­sace et la Moselle, nous repré­sen­tons 3 millions de Français. Nous avons tous été scola­ri­sés dans l’école de la Répu­blique et étudié l’his­toire de la France à l’aide du programme scolaire.

Aujourd’­hui c’est insuf­fi­sant. Dans un monde parfait, nos collé­giens devraient pouvoir étudier l’his­toire locale ; il y a des cours de reli­gions en primaire, pourquoi pas des cours d’his­toire locale au collège ?

Si un petit Alsa­cien étudie l’his­toire avec le même programme que le petit Pari­sien, il ne faut pas s’éton­ner des résul­tats au ques­tion­naire.

Merci tout parti­cu­liè­re­ment aux jeunes SNU et autres d’être présents aujourd’­hui, de parti­ci­per à cette céré­mo­nie en hommage aux « Malgré-Nous »/incor­po­rés de force .

L’ave­nir c’est vous ! C’est à vous de faire en sorte que la date du 25 aout ne soit pas en Alsace-Moselle une jour­née banale, une jour­née ordi­naire.

Merci de m’avoir écouté.

Stéphane Pir

 

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