Dans l’Europe du XXIe siècle, quelle est la place de l’incorporation de force des jeunes Alsaciens dans les armées du IIIe Reich ? Ou, plutôt, comment peut être perçue cette appartenance à une armée ennemie par un jeune d’aujourd’hui ? C’est l’expérience que va vivre le Strasbourgeois Tristan, étudiant à Dresde dans le cadre des échanges Erasmus, en lisant les cahiers bleus d’un grand-père qu’il n’a pas connu. En découvrant les mémoires de guerre de son aïeul, il va se trouver face à un héritage fait de douleurs et de déchirements. Cette confrontation au passé va-t-il le détruire ou, au contraire, l’aider à se construire pour trouver sa place dans l’Europe d’aujourd’hui ?
Pour écrire son roman où s’entrecroisent histoire et fiction, Carole Romann s’est inspirée du vécu de son père Raymond. Né en 1925, il est âgé de 18 ans quand il est incorporé de force dans la Wehrmacht du 29 octobre 1943 au 20 juin 1945. Engagé sur le front de Laponie, il survit à la retraite de Finlande. Il est ensuite témoin du bombardement de la ville de Dresde. Fortement marqué, il en a peu parlé ; il a encore évoqué ce souvenir quelques semaines avant sa mort, le 14 janvier 1994. Ce livre lui est dédié.
Nicolas Mengus
Carole ROMANN, Les enfants d’Erasme, Editions de l’Astronome, Thonon-les-Bains, 2024, 366 pages, 13 euros.