80 ans après les décrets de l ‘Incor­po­ra­tion de Force… Et, main­te­nant ?, par Renée Baudot

Commentaire (0) Actualité, Billet d'humeur, Opinion

 

                           A mon oncle Armand mort sur le front russe.

 

    En 2013, j’ai porté plainte contre la Répu­blique Fédé­rale d’Al­le­magne pour crime contre l’Hu­ma­nité devant le Tribu­nal de Ludwig­sburg dédié à la pour­suite des crimes du nazisme. Ce procès s’est enlisé sans résul­tat pour l’ins­tant.

     Paral­lè­le­ment, je n’ai pas arrêté  de pour­suivre une action auprès des hommes poli­tiques alle­mands. Je rappelle qu’en 2017, suite à un article paru dans la Süddeutsche Zeitung dans lequel je deman­dais la recon­nais­sance de l’In­cor­po­ra­tion de Force  comme crime contre l’Hu­ma­nité, le groupe des dépu­tés  » Verts « a inter­pellé la chan­ce­lière Angela Merkel au Bundes­tag. Cela était la 1ère fois depuis la Seconde Guerre mondiale que l’In­cor­po­ra­tion de Force était évoquée devant le Bundes­tag.

          En 2017, le porte-parole des dépu­tés  » Verts  » Volker Beck avait proposé de venir à Stras­bourg à la céré­mo­nie commé­mo­ra­tive pour y prendre la parole et offi­cia­li­ser la recon­nais­sance du crime contre l’Hu­ma­nité par le groupe des « Verts » alle­mands. Pour des raisons de proto­cole,  les orga­ni­sa­teurs s’op­po­sèrent à sa venue. J’ai conscience que cela aurait eu l’ef­fet d’un séisme dans les rela­tions franco-alle­mandes.  Les deux gouver­ne­ments  auraient été obli­gés de s’oc­cu­per de ce problème et de le résoudre. En témoi­gnage de son soutien, le député Volker Beck nous a envoyé un message de soutien rédigé en français que le regretté René Gall (président de l’ADEIF ) a lu au monu­ment aux Morts de la ville de Stras­bourg.

        Il y a quelque temps , consciente que le 80e anni­ver­saire des décrets de l’in­cor­po­ra­tion de force était une date impor­tante, une date char­nière, j’ai contacté le cabi­net de Madame Ana-Lena Baer­bock,  ministre des Affaires Etran­gères ,  dépu­tée du groupe des  » Verts « . En effet, ce dossier est de la compé­tence du Auswär­tiges Amt. Je lui ai rappelé le soutien du groupe des dépu­tés  » Verts  » alle­mands en 2017, dont celui de Madame Katia Keul. Cette dernière faisait partie des dépu­tés qui avaient posé des ques­tions à la Chan­ce­lière Angela  Merkel pour  laquelle tous les problèmes ont été réglés avec la créa­tion de la FEFA.  Cela est faux. Je  précise que Madame Katja Keul est actuel­le­ment Secré­taire d’ Etat au Minis­tère des Affaires Etran­gères !

        Le 22 juillet 2022, j’ai reçu une réponse du Auswär­tiges  Amt dans la quelle il est écrit que pendant la Seconde Guerre mondiale, la Conven­tion de la Haye s’ap­pliquait. Selon cette conven­tion, l’In­cor­po­ra­tion de Force était  « rechts­wi­drig« , illé­gal. Ce terme a été utilisé dans la lettre du chan­ce­lier Willy Brandt adres­sée aux « Malgré -Nous » de la Moselle.

Plus loin,  il est écrit que l’In­cor­po­ra­tion de Force consti­tue une grave infrac­tion (« schwerc  Werlet­zung« ) au droit inter­na­tio­nal au cas où un incor­poré de force aurait été forcé à parti­ci­per à  des actions de guerre contre son propre pays. Par ces lignes, l’ Alle­magne recon­naît pour la 1ère fois qu’elle a commis une faute , une infrac­tion, un crime contre nos jeunes gens incor­po­rés de force dans la Wehr­macht.                                                                                                                                                     Je demande au Auswär­tiges Amt  la recon­nais­sance du crime contre l’Hu­ma­nité, cela n’a pas eu lieu pour l’ins­tant  alors que les dépu­tés «  Verts «  dans l’op­po­si­tion l’avaient fait.

    … au cas où un incor­poré de force aurait été obligé de parti­ci­per à des actions sur le sol natio­nal… Ce qui n’est pas le cas de mon oncle obligé de se battre sur le front russe où il est mort. En revanche , les jeunes gens qui servaient dans la divi­sion blin­dée « Das Reich » ont été contraints de se battre en Norman­die.  Il existe certai­ne­ment d’autres unités de la  Wehr­macht qui compre­naient des  Incor­po­rés de Force  qui ont été obli­gés de se battre sur le sol natio­nal. Or il n’existe pas deux caté­go­ries d’In­cor­po­rés de Force. Ils consti­tuent une seule et même commu­nauté de  souf­frances  que personne ne peut ni ne doit divi­ser.   

                        L’at­ti­tude  du Minis­tère des Affaires Etran­gères alle­mand témoigne d’un manque de respect envers nous et nos 40 000  morts.                                                                                    Je suis  obli­gée  malheu­reu­se­ment de consta­ter que les dépu­tés du groupe des « Verts » sont des girouettes qui tournent dans le sens du vent. Ils savent parfai­te­ment que le parti du chan­ce­lier Olaf Scholz, le SPD, s’op­pose à la recon­nais­sance de l’In­cor­po­ra­tion de Force comme crime contre l’Hu­ma­nité. Leur atti­tude est lamen­table.

  Pour l’Al­le­magne, l’In­cor­po­ra­tion de Force est un sujet tabou que tout le monde connaît et dont personne ne parle. Enfouir un secret de famille ne sert à rien car un jour ou l’autre il resur­git et explose au visage de ceux qui l’ont enterré.  Depuis la guerre, les diri­geants alle­mands suivent la poli­tique initiée par l’ha­bile Konrad  Adenauer : absence totale de déna­zi­fi­ca­tion des hommes et des struc­tures accom­pa­gnée d’un tombe­reau de paroles  apai­santes sur l’hor­reur de la guerre , le regret des millions de morts, de toutes les victimes, l’éloge de la liberté, de la démo­cra­tie et de la paix en Europe ! Les Alle­mands oublient leur situa­tion aux lende­mains de la guerre : ils étaient au ban des nations civi­li­sées, suite à leur folie meur­trière. C ‘est grâce à la France et au géné­ral De Gaulle, qui a accepté la récon­ci­lia­tion franco-alle­mande, qu’ils furent réin­té­grés  dans le concert  des nations.  

Le gouver­ne­ment d’ Olaf Scholz se prépare à acqué­rir pour 100 milliards d’eu­ros d’ar­me­ment afin que son armée devienne la 1ère d’Eu­rope (cf. Le Point du 22.8.2022).

               Après avoir eu l’au­dace de récla­mer le partage de notre siège perma­nent au Conseil de sécu­rité de l’ONU (le  gouver­ne­ment Merkel III) – acquis par le sacri­fice de nos martyrs qui nous a permis de faire partie des vainqueurs de la seconde guerre mondiale – l’an­cien ministre des finances Wolf­gang Schäuble a prononcé les paroles suivantes rela­tives à notre force de frappe nucléaire :

        « Dans notre inté­rêt, nous, Alle­mands, devons four­nir une contri­bu­tion finan­cière à la puis­sance française en échange d’une dissua­sion conjointe ». 

          L’Al­le­magne, toujours prompte à se réfu­gier derrière les Conven­tions pour ne pas recon­naître ses erreurs, oublie qu’elle a signé le Traité de Moscou par lequel elle s’est enga­gée à renon­cer  à l’ar­me­ment nucléaire ( art.3 ).

     L’Al­le­magne donneuse de leçons en matière « écono­mique, finan­cière et migra­toire, est inca­pable d’as­su­mer les erreurs de son  doulou­reux passé.

   Elle se réarme – elle ne veut pas  acqué­rir une collec­tion de soldats de plomb – pour une prochaine guerre avant d’avoir réglé les problèmes de la seconde guerre mondiale !

      En tout cas, j’as­sure toutes les personnes qui m’ap­portent leur soutien pour lequel je les remer­cie que je conti­nue­rai mon combat pour la recon­nais­sance de l’In­cor­po­ra­tion de Force comme crime contre l’Hu­ma­nité par l’ Alle­magne Fédé­rale. 

      Soyons vigi­lants. Je termi­ne­rai par la phrase que les résis­tants mosel­lans badi­geon­naient la nuit sur les murs et  les portes  cochères : 

                 « Contre le vert de gris , utili­sons le brillant De Gaulle »  

   Retrou­vons  notre souve­rai­neté, notre gran­deur, notre place dans le monde et les choses chan­ge­ront. Chacun se doit d’agir.

                                                             Renée Baudot, le 28 août 2022

 

  

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *