ARCHIVES DE TAMBOW et « MUR DES NOMS »

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Alors que l’Al­sace et la Moselle se lancent conjoin­te­ment dans un grand recen­se­ment des victimes de la Seconde Guerre mondiale (pour l’Al­sace) et des guerres entre 1870 et 1945 (pour la Moselle) – qui débute par celui des quelque 130.000 incor­po­rés de force –, le Conseil Géné­ral du Bas-Rhin vient, avec l’aide du Conseil Géné­ral du Haut-Rhin (mais sans parti­ci­pa­tion finan­cière de l’Etat), de faire dupliquer les archives russes du camp sovié­tique de Tambow.

Mort à TambowUn pas impor­tant vient d’être fran­chi pour une meilleure connais­sance du camp n°188 de Tambow et de ses prison­niers dont, plus parti­cu­liè­re­ment les Français enrô­lés de force dans l’Ar­mée alle­mande entre 1942 et 1945.

Une délé­ga­tion du Conseil Géné­ral du Bas-Rhin, conduite au mois d’oc­tobre 2007 par Guy Dietrich et à laquelle a parti­cipé Jean-Luc Eichen­laub, direc­teur des Archives Dépar­te­men­tales du Haut-Rhin, a rapporté de Tambow plus de 4.000 clichés de docu­ments ayant trait à l’an­cien camp de prison­niers, véri­table mouroir des Alsa­ciens-Mosel­lans.

Les archives four­nies par les auto­ri­tés russes – notam­ment celles de l’Oblast de Tambow et de la mairie de Kirsa­now – se classent en trois caté­go­ries : archives admi­nis­tra­tives de Tambow/Rada, archives de l’hô­pi­tal de Kirsa­now et celles du GUPVI (NKVD). Elles ne repré­sentent peut-être pas la tota­lité des docu­ments encore conser­vés, car selon Guy Dietrich, « Nous n’avons pas la certi­tude d’avoir tous les docu­ments, mais tous les docu­ments dispo­nibles ont été dupliqués in extenso ».

Ces archives comprennent des plans, des inven­taires, des listes de noms, des notes, des circu­laires, des rapports et quelques photos. Certains de ces docu­ments sont manus­crits. Si leur inven­taire a déjà été traduit en français (voir docu­ment ci-joint), il reste encore 4000 pages à traduire du russe ; une entre­prise ardue !

Philippe Richert, président du Conseil Géné­ral du Bas-Rhin, a souhaité que les archives soient rendues acces­sibles, au fur et à mesure de leur traduc­tion, aux Archives dépar­te­men­tales du Bas-Rhin (Stras­bourg) et du Haut-Rhin (Colmar). Alphonse Troest­ler a, lui aussi, souli­gné que les archives seraient tota­le­ment ouvertes à la consul­ta­tion. Enfin, Jean-Laurent Vonau a lancé un appel pour que ces docu­ments inédits fassent l’objet d’études univer­si­taires.

Du côté de la FAT

L’an­née 2007 s’est révé­lée très promet­teuse pour la cause des incor­po­rés de force. Ainsi, la Fédé­ra­tion des Anciens de Tambow (FAT) a œuvré pour un « rappro­che­ment déci­sif » entre les fédé­ra­tions qui a permis « une exten­sion de la descrip­tion des problèmes de « Malgré-Nous » ex–pri­son­niers de guerre situés au-delà des Vosges ». Lors de l’as­sem­blée géné­rale qui s’est tenue au Grand Sémi­naire de Metz, le 19 avril 2007, Jean Thuet, fonda­teur et prési­dentde la FAT et membre du conseil d’ad­mi­nis­tra­tion des Chemi­nots Anciens Combat­tants, « exposa les avan­tages d’un rappro­che­ment qui permet­trait de mieux exploi­ter les compé­tences à l’avan­tage de la Mémoire ».

Etaient présents, lors de « tour­nant histo­rique », Natha­lie Gries­beck, dépu­tée euro­péenne, Denis Jacquat, député de la Moselle, Philippe Grégoire, repré­sen­tant la mairie de Metz, messieurs Laurain et Philipe, repré­sen­tants la SNCF de Metz, Jean Caron, président géné­ral de la FNCAC et Bernard Pelte, président du Réseau Est de la FNCAC.

En atten­dant un « Mur des Noms »

En décembre 2007, Patri­cia Schil­lin­ger, séna­teur du Haut-Rhin, a assuré l’OPMNAM, l’as­so­cia­tion des Orphe­lin de Pères « Malgré-Nous » d’Al­sace-Moselle, de son soutien pour que chaque commune d’Al­sace et de Moselle se dote d’un « Mur des Noms » pour que les enfants des communes qui se cachent sous l’ins­crip­tion imper­son­nelle « A nos morts de 39–45 » retrouvent leur iden­tité. Selon elle, « c’est un devoir de mémoire et toutes les muni­ci­pa­li­tés d’Al­sace-Moselle devraient s’en­ga­ger dans ce projet afin que les futures géné­ra­tions n’ou­blient pas ».

Dans le même temps, Philippe Riffault, direc­teur du Cabi­net d’Alain Marleix, secré­taire d’Etat à la Défense chargé des Anciens Combat­tants, a fait savoir à Marlène Wagner-Runge­ling, membre de l’OPMNAM, que, « si, à l’ins­tar de ce qu’a fait le Centre de docu­men­ta­tion juive contem­po­raine pour ses victimes de la Shoah, les asso­cia­tions liées au souve­nir des « Malgré-Nous » et de leurs familles prenaient l’ini­tia­tive de faire réali­ser un « Mur des Noms », le secré­taire d’Etat à la Défense, chargé des Anciens Combat­tants pour­rait exami­ner le soutien suscep­tible d’être apporté au projet.

Il pour­rait notam­ment appor­ter une contri­bu­tion consis­tant à mettre les archives du dépar­te­ment minis­té­riel à la dispo­si­tion des cher­cheurs char­gés de rassem­bler des infor­ma­tions sur ces victimes de guerre, afin de créer un véri­table fonds docu­men­taire.

Dans un second temps, lorsque les éléments maté­riels permet­tront d’éla­bo­rer un projet précis, et si une demande en ce sens lui est adres­sée, le secré­taire d’Etat analy­sera les condi­tions d’une aide finan­cière, par voie de subven­tion ». Ainsi, le Secré­ta­riat d’Etat à la Défense apporte son soutien à l’édi­fi­ca­tion, au Mémo­rial de Schir­meck, d’un « Mur des Noms » dédié aux incor­po­rés de force tombés ou dispa­rus au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

Bernard Erne­wein, président de l’OPMNAM, souhaite donc «  rece­voir le soutien des familles, des anciens « Malgré-Nous », des veuves et des 20.000 orphe­lins, pour confor­ter l’en­ga­ge­ment de l’Etat, exprimé clai­re­ment par Philippe Riffault ».

Nico­las Mengus

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