Les Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans l’armée allemande peuvent-ils bénéficier d’une récente loi de la RFA qui abroge les lois édictées durant la dictature nazie et réhabilite les personnes injustement condamnées ? C’est l’avis de l’association des Orphelins de pères malgré-nous d’Alsace-Moselle (OPMNAM) qui organise un séminaire à Strasbourg, au FEC samedi 2 février à partir de 14h30 et au cours duquel sera remis le premier Prix de l’Incorporation de force.
Une partie des Français originaires d’Alsace-Moselle et incorporés de force ont pu rentrer dans leurs foyers après mai 1945, beaucoup d’ailleurs malades et affaiblis. Mais plus de 500 d’entre eux, Français originaires d’Alsace et de Moselle, avaient été jugés, condamnés et exécutés, guillotinés, pendus ou fusillés par les représentants du IIIe Reich. « En droit, l’Etat allemand est responsable de la mort de nos pères et à ce titre les indemnisations prévues pour les victimes allemandes sont au minimum applicables aux victimes françaises » explique l’OPMNAM. Le public sera accueilli et tenu au courant des objectifs de l’association et du séminaire ainsi que du projet de Mur des noms et du procès fait par l’ADEIF au réalisateur M. Prazan. A 15h, le professeur Alfred Wahl évoquera le contexte d’après guerre en RFA, les protections accordées par le pouvoir aux anciens juges nazis, les difficultés faites aux « victimes et opposants du nazisme » après-guerre et l’abrogation des lois nazies votées par le Bundestag. A 15h30, le professeur Jean-Laurent Vonau traitera du « crime contre l’humanité » perpétré par l’Allemagne sur les populations alsaciennes et mosellanes et l’aspect juridique de la revendication des descendants des incorporés de force. André Hugel prendra la parole à 16h notamment au sujet de la nationalité allemande imposée aux recrues françaises. L’avocat allemand, le Dr Andreas Scheulen, donnera des informations sur l’évolution des lois allemandes et les possibilités de déposer des recours devant les juridictions de la RFA. Eric Sander, secrétaire général de l’Institut du droit local, développera l’aspect juridique de cette action en justice. Bien entendu, le public pourra poser des questions aux différents intervenants. A 17h 15, le premier Prix de l’Incorporation de force pour un travail universitaire autour de ce thème sera remis par Mme René Baudot.
- Au FEC, 17 place St-Etienne, salle Léon XIII, entrée libre. Le programme est susceptible d’être modifié.
° Mercredi 16 janvier, lors de l’ouverture de la Rencontre des Mémoires à la Maison de la Région Grand Est, une question a été posée par un participant sur l’état d’avancement du projet de Mur des noms.
François Miclo, conseiller au cabinet du président Jean Rottner, a répondu que « Le Mur des noms porte mal son nom car c’est d’abord un grand travail scientifique de recensement des victimes civiles et militaires en Alsace-Moselle. Il reste à définir les contours d’un monument inscrivant dans la durée les noms des victimes qui n’ont jamais eu de sépultures, incorporés de force, juifs, tziganes en particulier soit des dizaines de milliers de victimes. Philippe Richert avait réuni un comité et tous les participants s’étaient mis d’accord pour que les victimes ayant le statut de « Mort pour la France » figurent sur un monument. Mais il y a eu eu une polémique. Jean Rottner a décidé ensuite de confier à Frédérique Neau-Dufour, directrice du CERD, une mission avec des experts pour voir ce qu’on pouvait faire. Un gros travail a été accompli. Il y a quelques jours la Région a lancé un AMO, un appel à maîtrise d’ouvrage pour trouver un architecte qui devra voir ce qui se fait en Europe. Le lieu devra permettre aux chercheurs d’avoir accès à des informations sur les victimes mais aussi permettra au public de se recueillir. S’agira-t-il d’un monument physique ou virtuel ? L’AMO laisse à l’architecte le soin de vérifier s’il est préférable d’opter pou un support réel ou virtuel. » Réplique de l’interlocuteur ayant posé la question… et qui n’a pas été contredit : « Mais vous savez bien qu’au quai Branly, le virtuel, ça ne marche pas ! » Le monument aux 23 000 victimes de la guerre d’Algérie et des combats au Maroc et en Tunisie, installé à Paris sur le quai Branly, est constitué de trois afficheurs électroniques verticaux enchâssés dans trois colonnes de 6m de haut environ) et il est connu pour être souvent en panne.
M.G-L