Des Alle­mands font repen­tance en France

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A nos 40 000 morts*

Nous venons de commé­mo­rer le 81e anni­ver­saire des décrets de l’In­cor­po­ra­tion de Force.

Les commé­mo­ra­tions se succèdent avec leurs discours souvent pleins de paroles léni­fiantes qui ne suffisent pas pour calmer la douleur des familles des 40 000 dispa­rus.

Pendant ce temps, le gouver­ne­ment alle­mand reste  silen­cieux. L’an­cien président de la RFA Gauck en visite à Oradour-sur-Glane avec le président François Hollande, le 04 septembre 2013, déclara que l’In­cor­po­ra­tion de Force était une affaire franco-française. Cela est faux. Les décrets de l’In­cor­po­ra­tion de Force ne furent signés ni par le gouver­ne­ment du géné­ral De Gaulle, ni par celui du maré­chal Pétain. Au lieu de résoudre le problème de l’In­cor­po­ra­tion de Force, dans un déni total, le président Gauck a mis ses pas dans ceux de Ponce Pilate et s’en est lavé les mains. Son compor­te­ment ne fut pas celui d’un homme d’Etat.

Devant le Bundes­tag, Madame la chan­ce­lière Merkel, inter­pel­lée par les dépu­tés « Verts », n’hé­sita pas à dire que ce problème avait été réglé. Ce qui est faux.

Comme l’a écrit en mai 2018, le député alle­mand des « Linke » Gregor Gysi : « l’Al­le­magne doit cesser de se cacher derrière « des argu­ties juri­diques » car le problème de l’In­cor­po­ra­tion de Force est une plaie béante dans la récon­ci­lia­tion fran­co–al­le­mande.

Malheu­reu­se­ment le règle­ment de ce problème n’a jamais été une prio­rité des diri­geants alle­mands et français.

Pour­tant, un certain nombre de ministres de la IVe et de la Ve Répu­bliques étaient origi­naires de nos 3 dépar­te­ments. La Moselle a donné nais­sance à l’un des pères-fonda­teurs de l’Eu­rope, plusieurs fois ministre et notam­ment ministre des Affaires Etran­gères. Récem­ment déclaré Véné­rable. L’Eglise est géné­reuse avec ses dévots.

L’at­ti­tude de ces hommes poli­tiques m’est incom­pré­hen­sible.

Dans ce combat diffi­cile, une lueur d’es­poir vient d’ap­pa­raitre. Le 27 août 2023 a eu lieu la commé­mo­ra­tion de la rafle à Pexonne (dans le Luné­vil­lois). Le 27 aout 1944. La rafle de 112 personnes. Seule une quin­zaine de personnes ont survécu à la dépor­ta­tion. Les petits-enfants du SS Erich Wenger, respon­sable de cette rafle, sont venus à Pexonne présen­ter leurs excuses aux descen­dants des victimes et à toute la popu­la­tion (voir article ci-dessous). Une première depuis la guerre.

J’ap­pré­cie haute­ment ce geste, tout à l’hon­neur de leurs auteurs. Ces petits-enfants sont conscients de la gravité des crimes perpé­trés par leur  grand-père dont ils ne sont pas respon­sables. Les petits-enfants n’ou­blient pas qu’ils sont les héri­tiers biolo­giques du bour­reau de Pexonne.

Si les descen­dants de ce SS ont eu le courage de venir en France présen­ter leurs excuses aux enfants des victimes, d’autres Alle­mands peuvent faire la même démarche. Ils seront accueillis partout avec respect et leur geste sera appré­cié à sa juste valeur car ils auront donné la prio­rité à la justice et à la vérité .

Les poli­tiques nous défendent peu. C’est à nous les membres de la société civile de récla­mer justice pour les dépor­tés mili­taires, d’exi­ger de l’Al­le­magne la recon­nais­sance du crime contre l’Hu­ma­nité pour l’In­cor­po­ra­tion de force. Seule l’ac­tion des citoyens permet­tra à l’Eu­rope d’avan­cer sur le chemin de la Paix.

Suite à l’en­voi de plusieurs argu­men­taires, le 22 juillet 2022,  le Minis­tère des Affaires Etran­gères m’a adressé un cour­rier dans lequel il recon­nait que « l’In­cor­po­ra­tion de Force a été une grave infrac­tion au droit pénal inter­na­tio­nal » . C’est la première fois que le gouver­ne­ment de la RFA recon­nait que l’Al­le­magne a commis une faute pénale envers nos dépor­tés mili­taires. Je rappelle que la somme de 250 millions de DM a été versée « pour venir en aide aux enrô­lés de force les plus néces­si­teux ». Cela signi­fiait que l’Al­le­magne accom­plis­sait un geste huma­ni­tai­re…

Je conti­nue­rai mon combat jusqu’à ce que les diri­geants alle­mands viennent faire repen­tance à Metz, Charly-Oradour et à Stras­bourg. Je me remé­more les paroles de l’ho­mé­lie pronon­cées par Monsei­gneur Joseph Heintz**, évêque de Metz, lors de la messe d’ac­tion de grâces à la Libé­ra­tion : « Il faut main­te­nant que la justice passe pour que le pardon puisse avoir lieu » . C’est mon vœu le plus cher.

 

Le  04  septembre 2023,

Renée Baudot

 

 

* Chiffre offi­ciel du Ministre des Anciens Combat­tants.

**Mgr Heintz était évêque du diocèse de Metz avant la guerre. Les nazis l’ex­pul­sèrent en 1940. Il retrouva son siège épis­co­pal après la guerre.

 

 

 

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