Destin croisé de deux frères alsa­ciens Charles et Marcel Fischer

Commentaire (1) Les incorporés de force face à leur destin, Témoignages

 

Charles Fischer est né le 23 août 1911 à Thann (Haut-Rhin)

Charles Fischer, domi­ci­lié à Rans­pach (Haut-Rhin), est engagé en 1926 comme agent de bureau à la fila­ture de  Malmers­pach, commune toute proche. En 1932, il effec­tue son service mili­taire au 21e R.I. à Chau­mont, au grade de sous-offi­cier. Au retour du service, il reprend son poste à la fila­ture.

En novembre 1937, reçu au concours d’en­trée de la Police, il est affecté à la Sécu­rité Publique au Commis­sa­riat de Mulhouse. A partir d’oc­tobre 1940, avec l’oc­cu­pa­tion du pays, il va faire partie d’un groupe de résis­tance.

Le 18 février 1943, incor­poré de force dans la Wehr­macht, il sera envoyé sur le front russe comme la plupart des « Malgré-Nous » alsa­ciens.

Charles Fischer, 1er à gauche, avec deux cama­rades alsa­ciens, incor­po­rés de force eux aussi.

Lorsque le 22 juin 1944, l’Ar­mée Rouge déclenche sur une ligne de front s’éten­dant sur 1.000 km une gigan­tesque offen­sive  « Opéra­tion Bagra­tion », Charles Fischer parvient à déser­ter des rangs de l’ar­mée alle­mande avec d’autres candi­dats à l’éva­sion. Un premier gros obstacle se présente; le puis­sant fleuve Niémen en Biélo­rus­sie. Cepen­dant, et grâce à ses quali­tés de nageur, Charles est un de ceux, peu nombreux, qui réus­sissent à le traver­ser. Reste  main­te­nant à passer les lignes et ses dangers en Pologne et surtout en Alle­magne, en sachant que dans sa situa­tion de déser­teur sa vie est en jeu. Néan­moins, au bout d’un périple de près d’un mois, et après avoir parcouru plus de 1.500 km avec divers moyens, il arrive fina­le­ment à Mulhouse le 20 juillet 1944, où, pendant quelques mois, il reste caché, béné­fi­ciant de l’aide du réseau de résis­tance dont il était membre quatre ans aupa­ra­vant.   

Le 21 novembre 1944, il se met à la dispo­si­tion du 1er Corps d’Ar­mée du Géné­ral Béthouart arrivé aux portes de Mulhouse.

 Charles Fischer finira la guerre dans les rangs de l’Ar­mée française, toujours volon­taire pour les missions dange­reuses, ce qui lui vaudra une cita­tion « A l’Ordre de la Divi­sion » compor­tant l’at­tri­bu­tion de la Croix de Guerre avec Etoile d’Argent.  

 

En mai 1945, il réin­tègre le Commis­sa­riat Central de Mulhouse en qualité d’Ins­pec­teur de la  Sûreté, et en 1963, par arrêté minis­té­riel, il est nommé Offi­cier de Police Adjoint.

Marié à Mulhouse en février 1947, Charles Fischer sera l’heu­reux papa de quatre garçons.

Il décè­dera le 20 mars 1967.

 

 Marcel Fischer est né le 1er août 1913 à Thann (Haut-Rhin)

Marcel Fischer quitte l’Al­sace en 1935 pour s’ins­tal­ler à Clichy-la-Garenne en région pari­sienne. Marié à Paris (Xe) en juin 1937, le couple aura un fils.

Il travaille comme dessi­na­teur aux ateliers « Avio­rex  » près de chez lui.

Le 20 avril 1942, vers 18h45, lors d’une fila­ture de Paul Thier­ret par les poli­ciers de la BS2 (poli­ciers français colla­bo­rant avec la Gestapo) celui-ci est vu en conver­sa­tion avec Marcel Fischer et Edouard Larat dans des jardins situés près du pont de Clichy-la-Garenne.

Le 16 mai 1942 à 8h du matin, plusieurs poli­ciers de la BS2 viennent inter­pel­ler Marcel Fischer sur son lieu de travail pour « suspi­cions de menées terro­ristes ».

Inter­rogé (de manière musclée) dans les locaux des brigades spéciales, il déclare avoir refusé d’adhé­rer à l’or­ga­ni­sa­tion créée par le parti commu­niste pour lutter contre l’oc­cu­pa­tion alle­mande et nie toute parti­ci­pa­tion active.

Toute­fois, il avait établi à la demande de Paul Thier­ret un plan de l’usine « Avio­rex » où il travaillait. Le dessin fut trouvé sur le FTP Maurice Pelle­rin. Sur ce plan était indiqué le lieu d’un dépôt de matières inflam­mables avec l’in­di­ca­tion des moyens d’y accé­der, ainsi que l’em­pla­ce­ment des postes de garde. La prépa­ra­tion d’un projet de sabo­tage ne fit guère de doute pour les poli­ciers. Marcel Fischer, membre de l’Or­ga­ni­sa­tion spéciale depuis janvier 1942, est alors inculpé de « menées terro­ristes et compli­cité ».

Le 30 septembre 1942, il compa­raît devant le tribu­nal du « Gross Paris » rue Boissy-d’An­glas (VIIIe arr.). Condamné à mort pour « menées terro­ristes », il est exécuté le 21 octobre 1942 au Stand de tir Balard  en compa­gnie d’autres membres de l’or­ga­ni­sa­tion.

Aujourd’­hui, une plaque commé­mo­ra­tive, rappe­lant  les 146 fusillés de ce lieu est appo­sée 16, Avenue de la Porte de Sèvres Paris XVe.

Marcel Fischer est inhumé dans le carré des fusillés du cime­tière commu­nal de Clichy-la-Garenne, et son nom figure sur le monu­ment aux Morts de la ville, Place de la Répu­blique.      

La mention « Mort pour la France » est inscrite en marge de l’ex­trait de l’acte d’état civil  de la ville de Clichy-la-Garenne.

 

Texte de Marcel Fischer, fils de Charles Fischer

 

 

       

One Response to Destin croisé de deux frères alsa­ciens Charles et Marcel Fischer

  1. Laura Galidie dit :

    Bonjour à vous,
    Et merci pour cet article.
    Je suis heureuse de pouvoir vous écrire car je suis la petite-fille de Marcel Fischer (mon père est Maurice) et je ne connais que très peu l’histoire de ma famille. Je ne savais même pas que mon père avait eu un oncle et des cousins. Pouvons-nous nous écrire si vous le voulez bien ?
    Vous remerciant par avance de me lire,
    Fièrement,
    Laura Galidie

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