Dimanche 24 août, le mémorial de l’ADEIF du Bas-Rhin sur les hauteurs d’Obernai, a été le site de la commémoration d’un tragique anniversaire, le 72ème après la promulgation du décret du 25 août 1942 instituant le service militaire obligatoire pour 19 classes d’âge (de 1908 à 1926 voire 1927 et 28) de Français nés en Alsace et dans une partie de la Lorraine.
Pour intégrer ces jeunes gens dans la Wehrmacht, le gauleiter Wagner leur avait la veille accordé la nationalité allemande. Un subterfuge juridique lourd de conséquences, avec les 130 000 Alsaciens-Mosellans incorporés de force dont 42 000 morts ou disparus et 32 000 blessés dont 10 000 grièvement. Les incorporés de force et leurs familles souffrirent aussi longtemps de blessures morales, « traités de « Boches de l’est » et en même temps que de « Franzosenkopf » lança avec amertume René Gall. Le président de l’ADEIF désigna la grande croix blanche du mémorial, « un emblème qui ne remplace pas les 40 000 tombes qui manquent dans nos cimetières, la plupart des incorporés de force reposant en terre étrangère suite à l’annexion au 3e Reich de notre province ». Nicole Bruder, de l’ADEIF, fit le parole entre la future triste disparition de la langue alsacienne et celle du dernier Malgré-nous puisque les survivants ont entre 80 et 90 ans. Un de ceux ci rappela le souvenir des morts du camps de Tambov, dans l’ex-URSS tandis que Mgr Aloyse Kieffer, ancien vicaire général du diocèse de Strasbourg insista sur la nécessaire fidélité à cet anniversaire. Tharcise Kuhn, qui perdit deux grands frères suite à la guerre, témoigna aussi de sa propre incorporation de force comme auxiliaire de l’armée de l’air à 16 ans seulement par les Allemands. Deux représentants de l’OPMNAM (Orphelins de pères malgré nous d’Alsace Moselle) et de l’AMAM (Amis du Mémorial d’Alsace Moselle) déposèrent des gerbes de fleurs au pied de la croix, en présence d’une douzaine de porte-drapeaux ainsi que de déléguées de la municipalité d’Obernai et de l’association des Fils de Tués.
M.G-L.