La thématique de l’incorporation de force des Alsaciens lors de la dernière Guerre mondiale n’en finit pas de susciter des interrogations et de soulever des débats. Après des années de silence où se mêlaient honte et douleur, les survivants de cette tragédie de l’histoire prennent aujourd’hui, au seuil de leur vie, le courage de revenir sur leur jeunesse sacrifiée. Avec force et émotion, de nombreux ouvrages parus ces dernières années ont su faire sortir de leur mutisme ces combattants enrôlés malgré eux dans un conflit mondial qui n’était pas le leur. Mais il n’en reste pas moins que des zones d’ombres persistent et que tous les aspects historiques de la page la plus sombre de l’histoire alsacienne n’ont pas encore été abordés.
Paru aux Editions Pierron il y a quelques semaines, le premier volume de Entre deux fronts, les incorporés de force alsaciens dans la Waffen-SS explicite plus particulièrement le sort de ceux qui ont été enrôlés de force dans cette troupe d’élite, la Waffen-SS. Avec rigueur et passion, les auteurs, André Hugel et Nicolas Mengus, offrent aux lecteurs un ouvrage richement illustré de documents et de photos d’époque, dont une grande part d’inédits provenant de collections personnelles. En six chapitres, cet ouvrage donne la parole à des témoins directs, resitue les événements dans leur contexte historique et aborde avec délicatesse et vérité les événements de Tulle et ceux d’Oradour-sur-Glane. Le sort des Alsaciens, et plus particulièrement des incorporés de force dans la division SS Das Reich, au cours du Procès de Bordeaux jusqu’à nos jours, constitue sans aucun doute le cœur de cet ouvrage.
Présentés comme « les principaux assassins d’Oradour-sur-Glane », ces Alsaciens, tout comme les 130 000 autres Malgré-Nous ont été instrumentalisés par un système qui, en fait d’humain, n’a vu en ces jeunes gens que de la chair à canon capable d’assouvir la soif de domination d’une Allemagne nazie dirigée par ce dictateur sanguinaire qu’était Hitler.
Si quelques témoignages viennent dès ce premier tome étayer le drame de ces hommes arrachés à leur famille et à leur région, un second ouvrage, à paraître au mois de juin, réunira une cinquantaine de tranches de vie d’anciens de la Waffen-SS, incorporés de force muselés pendant plus de 60 ans auxquels les auteurs ont prêtés leurs voix pour cette nécessaire catharsis au seuil de leur vie.
Christine Nonnenmacher
Encore essayer de blanchir les crimes des soi disants malgré eux. Demandez à Oradour.
Il n’est pas toujours bon d’étaler son ignorance et sa haine en public. Nous vous invitons à y réfléchir, tout comme à la question de la Milice, des dénonciateurs, de la rafle du Vel’ d’Hiv, etc.