Erstein – Commémoration du 8 Mai
Un arbre en mémoire des incorporés de force
Hier, après le traditionnel moment de recueillement face au monument aux morts, élus, pompiers, militaires, porte-drapeaux, ainsi qu’une délégation russe invitée par l’association Pèlerinage Tambov ont rallié le cimetière Nord. Un érable prélevé dans la forêt de Rada où se dressait autrefois un camp de prisonniers, destiné aux soldats alsaciens et mosellans incorporés de forces, a été inauguré en leur mémoire.
Photo Vincent Secco
Peu avant 9 h. Devant la mairie. Le cortège se met en ordre de marche. Derrière les porte-drapeaux, les sapeurs-pompiers. Ils sont suivis des jeunes élus siégeant à la ville d’Erstein. Ces derniers s’étaient munis pour l’occasion de petits drapeaux tricolores et européens.
Ils étaient accompagnés du premier magistrat ersteinois, Jean-Marc Willer, entouré de ses adjoints et des conseillers municipaux de la majorité. La plupart des maires des communes alentour ont également fait le déplacement, tout comme le sous-préfet de Sélestat Alexandre Piton, le député Antoine Herth, la conseillère régionale Marianne Horny-Gonier et la vice-présidente du conseil départemental Laurence Muller-Bronn. Le maire d’Endingen Hans Joachim Schwarz et un représentant de la ville de Lahr ont aussi participé à cette cérémonie. Certains élus de l’opposition ersteinoise, dont Jean-Claude Bader, étaient présents.
Dès les premières notes entonnées par les musiciens de l’Harmonie, le long cortège venu commémorer la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie s’est mis en marche. Direction le monument aux morts où les attendaient la chorale Ste- Cécile, mais aussi Marcel Mejean, tirailleur algérien ayant participé, entre autres à la libération d’Erstein. Il détient 29 distinctions, dont la Légion d’honneur et la médaille militaire. Les soldats du Jägerbataillon , les représentants de l’Eurocorps et de la 2e Cie de commandement et de transmission d’Illkirch ainsi que le commandant de la Cie de Sélestat, le chef d’escadron Christophe Seince, ont également foulé le pavé ersteinois.
Une délégation russe, composée du consul adjoint de Russie, Dimitri Durygin, des habitants et maires de communes proches de Tambov, accompagnés de l’association alsacienne Pèlerinage Tambov a rallié le défilé devant le monument aux morts.
Dans son allocution, Jean-Marc Willer, heureux d’accueillir ses hôtes « sans nouvelles frontières et avec l’euro » est revenu sur la tragédie que fut la Seconde Guerre mondiale et sur cette journée du 8 mai 1945 : « Une journée de libération qui signa la fin de la peur et l’avènement de l’espoir. Une journée où la liberté a triomphé d’une idéologie nourrie de haine et de terreur. » Tous ont rendu hommage à ceux qui se sont battus pour la restauration de la paix, malgré- nous, malgré-elles, soldats, résistants. Sans oublier toutes les victimes du nazisme.
Le cortège a ensuite pris le chemin du cimetière où un érable a été planté mi-mars. Cet arbre, Hubert Scheeg, natif d’Uttenheim, domicilié à Erstein, l’a rapporté avec trois autres en 2010. Il provient de la forêt de Rada où se dressait durant la Seconde Guerre mondiale Tambov, un camp de prisonniers.
Son père Marcel, incorporé de force dans l’armée du IIIe Reich et prisonnier de guerre, y a été enfermé par les Soviétiques comme des milliers d’Alsaciens et Mosellans. Il est décédé en 1945, dans le train qui le ramenait vers la liberté.
C’est pour lui rendre hommage qu’Hubert a rapporté trois spécimens. « L’un est ici. L’autre n’a pas tenu. Quant à celui qui est dans mon jardin, je souhaiterais aussi en faire quelque chose, pourquoi pas le planter près du monument aux morts d’Uttenheim, où figure le nom de mon père », indique ce dernier, très ému. Après le dévoilement de la plaque souvenir, il a dispersé au pied de l’arbre de la terre de Tambov.
Après la prise de paroles de deux élus russes, la matinée s’est poursuivie par un moment de convivialité à l’Etappenstall, où Fernand Hertrich avait préparé une petite exposition sur les différents pèlerinage à Tambov et sur le lieu en lui-même. François Schweitzer pour ses trois années en tant que porte-drapeau s’est vu remettre un diplôme d’honneur.
- Article paru dans les DNA du 9 mai 2017 envoyé par Yves Scheeg.