Il y a 75 ans, ces Alsa­ciens-Mosel­lans morts pour rien et pour personne

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Les célé­bra­tions patrio­tiques du 75e anni­ver­saire de la Libé­ra­tion, qui s’éche­lon­ne­ront tout au long de l’an­née, ont connu un premier accroc avec la non-invi­ta­tion de Poutine sur les plages de Norman­die. Ce choix déli­béré d’igno­rer les libé­ra­teurs russes nous apporte, une fois de plus, la preuve que la mémoire offi­cielle, celle dont s’oc­cupe l’État et que relayent les hommes poli­tiques, ne corres­pond pas néces­sai­re­ment à celle des histo­riens. Une « mémoire offi­cielle » qui risque fort de débou­cher sur une lecture unila­té­rale des événe­ments et qui occul­tera certains faits qui ne vont pas dans le sens de la célé­bra­tion unani­miste. Par exemple, en Alsace-Moselle, où l’on s’at­tend une fois de plus à ce que le sort des « malgré-nous » fasse en quelque sorte… « tache » dans la célé­bra­tion patrio­tique du retour de l’Al­sace à la France.

Des Alsa­ciens et, partant, des Français, « forcés » de « servir » dans l’ar­mée alle­mande ? Vous plai­san­tez, cher Monsieur ? J’en­tends déjà les commen­taires : pas possible ! « La vérité, c’est qu’ils sont morts pour rien et pour personne ! Et c’est bien là que se situe la véri­table tragé­die des incor­po­rés de force, et pas ailleurs », note fort juste­ment Eugène Philipps dans son livre Une tragé­die pour l’Al­sace. En voulant culpa­bi­li­ser les Alsa­ciens-Mosel­lans, en les trai­tant par exemple de Boches, c’était, au lende­main de la guerre, insi­nuer de mille et une manières que ce qui leur était arrivé sous le régime nazi, c’était aussi de leur faute. Heureu­se­ment qu’il y a eu le comman­dant Kief­fer et ses bérets verts et Pierre Clos­ter­mann et son Grand Cirque.

Re-pein­tur­lu­rée en trico­lore depuis la Libé­ra­tion, ripo­li­née en bleu-blanc-rouge, l’Al­sace française de l’après-guerre ne manquait pas de zéla­teurs tout dévoués à sa cause, ni de senti­nelles vigi­lantes, prêtes à sonner l’alarme dès le moindre déra­page. Que d’énor­mi­tés, d’ou­blis, de mensonges ou de contre-véri­tés n’a-t-on enten­dus ou écrits, distil­lés sur cette période un peu trouble de la Libé­ra­tion et de l’après-guerre, comme le constate – vu de Pologne – Julia Wilc­zynska, dans sa thèse de docto­rat sur ce « diffi­cile retour de l’Al­sace à la France ». Et de consta­ter qu’en novembre 1944 et dans les mois qui ont suivi, l’Al­sace s’est souvent racheté une virgi­nité, une bonne conscience à vil prix, et leurs élus, à quelques excep­tions près, deve­nant parfois plus ultra-français, plus « Hour­rah Fran­zo­sen » que Le Pen et Mélen­chon réunis – c’est dire !

Alors que les missi domi­nici envoyés par Paris à la Libé­ra­tion, en guise d’ac­cusé de récep­tion, nous pren­dront, quant à eux, et pour long­temps encore, pour des Boches. « On ne peut pas reprendre un peuple comme on va cher­cher sa montre au mont-de-piété », écri­vait fort juste­ment Jean Schlum­ber­ger, en 1945, dans L’Al­sace perdue et retrou­vée.

 

José Meidin­ger

 

Source : https://www.bvol­taire.fr/il-y-a-75-ans-ces-alsa­ciens-mosel­lans-morts-pour-rien-et-pour-personne/

 

Commen­taire de Renée Baudot :

Combat pour l’Hon­neur
 Il est inexact d’écrire que les incor­po­rés de force sont morts pour rien et pour personne. L’Al­le­magne enli­sée en Union Sovié­tique décida d’en­rô­ler de force 132000 jeunes hommes des dépar­te­ments de Moselle et d’Al­sace, annexés par la force en 1940, en viola­tion de la Conven­tion d’Ar­mis­tice. Ils furent contraints de revê­tir l’uni­forme nazi s’ils voulaient éviter de terribles repré­sailles pour eux (la mort) et pour leur famille (la dépor­ta­tion).
Les incor­po­rés de force se sont sacri­fiés pour sauver leur famille.
Ils connais­saient parfai­te­ment le sort qui leur était réservé dans la Wehr­macht, le plus souvent en 1ère ligne…
C’étaient des hommes d’Hon­neur. Ils ne sont pas morts pour rien. Leur sacri­fice n’était pas vain.
Ils sont à la fois des victimes et des héros. Nos 40000 morts repré­sentent 1/6ème des pertes mili­taires françaises, mais ils n’oc­cupent pas la place qu’ils méritent dans l’his­toire natio­nale.
                                                                                                                                                                                                                             Renée Baudot

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