« J’au­rais pu être influencé »

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« J’au­rais pu être influencé ». Des lycéens se mettent dans la peau des « Malgré-nous » de la Seconde Guerre mondiale.

Écrit par Sarah Boana et Frédé­ric Cano – France 3 Nouvelle Aqui­taine

 

 Des lycéens et collé­giens ont parti­cipé durant deux jours à une master classe de théâtre. Animée par un drama­turge alsa­cien, elle a permis aux élèves de comprendre le sort des Alsa­ciens enrô­lés de force dans la Wehr­macht, les « Malgrés-nous », dont une dizaine a pris part au massacre d’Ora­dour-sur-Glane.

Racon­ter ou ensei­gner l’his­toire de la Seconde Guerre mondiale grâce au théâtre, c’est le pari du lycée profes­sion­nel Edouard Vaillant à Saint-Junien (Haute-Vienne).

Par binôme, les élèves ont inter­prété des textes pour mieux comprendre le quoti­dien de leurs aïeux et inci­ter à la réflexion.

Léopold, quinze ans, a joué un de ces rôles : « Le person­nage que j’ai joué, c’est quand même un mec un peu fou dans sa tête. S’ap­pro­prier l’idéo­lo­gie nazie, comme ça, si vite, c’est extrême », s’étonne-t-il. Il y a beau­coup de gens qui ont pu être influen­cés. Donc peut-être, qu’à l’époque, avec les circons­tances, j’au­rais pu être influencé. »

Les lectures de dialogues étaient entre­cou­pées de cours d’his­toires. La méthode a plutôt séduit les élèves. « J’ai retenu les Malgré-nous, leur histoire, les camps de concen­tra­tion, comment s’est passée la Seconde Guerre mondiale. J’ai des diffi­cul­tés à apprendre, je pense que ça m’a aidé pour ma leçon. J’es­père que pour le brevet, ça va tomber sur ça, explique Inès. Ça m’a touché ce que les jeunes ont vécu, la maltrai­tance dans les camps, par exemple. Ça a dû être très compliqué pour eux. »

Devoir de mémoire 

C’est manière de faire évoluer les cours tradi­tion­nels, mais avec toujours le même objec­tif : apprendre. « Je pense que ça rend les choses plus concrètes. Le théâtre favo­rise cette immer­sion.  Ça peut être plus porteur pour eux, que d’es­sayer d’ap­prendre des dates et là, on est dans la complexité, en même temps, c’est un sujet toujours un peu brûlant. Je pense que ça peut inci­ter à la mémoire », confie Jean-Marc Lescure, profes­seur de français et d’his­toire

Pour le drama­turge Alsa­cien, Igor Futte­rer et auteur de « La cigogne n’a qu’une tête », pièce dont il a eu l’idée, il y a plus de vingt-sept ans, c’est une manière de complé­ter ou de rappe­ler certaines parties de l’his­toire parfois oubliées.

« Tout ne s’est pas arrêté à la Libé­ra­tion de Paris, les combats ont conti­nué dans le sud de la France, on parle peu du débarque­ment de Provence », constate le drama­turge.

Monter une pièce avec des lycéens permet aussi d’en­tre­te­nir cette mémoire et le lien avec la nouvelle géné­ra­tion. « Je pars du postu­lat que le théâtre, c’est quelque chose de civique et l’a toujours été. Le théâtre est là pour appor­ter un éveil. Il permet de rentrer dans l’his­toire avec un devoir de vigi­lance au quoti­dien. Certains élèves l’ont très bien compris et ont établi des paral­lèles avec des situa­tions dans le monde, en l’Ukraine, en Pales­tine, proche de ces situa­tions-là. », raconte Igor Futte­rer.

Le drama­turge espère que la pièce pourra être jouée à l’oc­ca­sion d’un hommage à Oura­dour-sur-Glane.

Source : https://fran­ce3-regions.fran­cet­vinfo.fr/nouvelle-aqui­taine/haute-vienne/limoges/j-aurais-pu-etre-influence-des-lyceens-se-mettent-dans-la-peau-des-malgre-nous-de-la-seconde-guerre-mondiale-2976734.html

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