Jean-Laurent Vonau, L’épu­ra­tion en Alsace

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Si l’épu­ra­tion en Alsace est mal
connue, c’est bien parce que
cette période a donné lieu à des
dérives, des abus et des règle­ments
de compte qu’on a préféré
tenter d’oc­cul­ter.

epuration.jpgIl est clair que mener à bien
l’épu­ra­tion en Alsace n’a pas été
chose aisée du seul fait du statut
de région annexée au Reich
natio­nal-socia­liste. La majo­rité
des Alsa­ciens a adhéré, contrainte
et forcée, aux diverses
asso­cia­tions nazies ou a prêté
serment de fidé­lité au Führer. Il
le fallait pour pouvoir vivre au
quoti­dien, pour­suivre des études,
ne pas perdre son travail,
ne pas paraître suspect aux yeux du parti ou éviter d’être dénoncé
par un fana­tique nazi. Tout était obli­ga­tion, tout était sanc­tion.
Les camps de Schir­meck et du Stru­thof, les trans­plan­ta­tions de
familles entières, la Gestapo, les arres­ta­tions et les exécu­tions rappe­laient
aux Alsa­ciens que les Nazis avaient les moyens de les
contraindre à se soumettre ou, au moins, à « parti­ci­per ». C’est
aussi cette situa­tion parti­cu­lière qui fait que la Résis­tance et la colla­bo­ra­tion
ne revêtent pas le même aspect en France annexée
qu’en France occu­pée.

Et c’est égale­ment à cause de cette annexion (bien que les textes
offi­ciels français parlent unique­ment d’« occu­pa­tion ») que l’épu­ra­tion
a été menée tambour battant. L’or­ga­ni­sa­tion rapide de cours
de justice, la créa­tion de commis­sa­riats régio­naux et la mise en
place de comi­tés de Libé­ra­tion ou d’épu­ra­tion sont, hélas, allés de
pair avec des arres­ta­tions arbi­traires, des exécu­tions sommaires,
des séances de tonte de femmes et la pratique d’un jaco­bi­nisme
à outrance. Certains envi­sa­geaient même l’« éloi­gne­ment » des
habi­tants de certains villages, suspec­tés d’être germa­no­philes,
vers l’in­té­rieur de la France!

Au vu de la situa­tion en province annexée, il y a eu beau­coup de
« parti­ci­pa­tion » des Alsa­ciens aux diverses asso­cia­tions nazies.
Mais, quand peut-on dire qu’il y a eu adhé­sion, rallie­ment ou colla­bo­ra­tion?
Comment punir cette colla­bo­ra­tion forcée ou volon­taire
 ? Pourquoi a-t-on « épuré plus en Alsace-Moselle que dans la
France de l’in­té­rieur » ? C’est toute la complexité de l’épu­ra­tion en
Alsace que Jean-Laurent Vonau nous expose dans son livre; il y
dresse un véri­table bilan de cette période, héri­tage empoi­sonné
que nous ont laissé les Nazis enfin vain­cus.

Nico­las Mengus

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