Julien Krebs (* Rohrbach-les-Bitche, Moselle, 15.10.1924).
RAD : 17.4.1942–26.9.1942 à Büttelborn au K5/221 (251). « On aurait dit que tout Mayence était en flammes. Tout le ciel était rouge de feu. Je crois que c’était pire qu’une éruption de l’Etna. Le lendemain, il fallut y aller avec nos pelles. C’était terrible, que de victimes innocentes ! Par endroits, nous avions du mal à respirer à cause de la fumée et de la poussière. Une femme est venue vers mon groupe en pleurant à chaudes larmes. Elle cherchait vainement un de ses enfants et demanda un volontaire pour visiter la cave de son immeuble. Mais, impossible, une chaleur s’en dégageait comme d’un four. Même le macadam sur la route avait brûlé par endroits » (p.17).
Il était au RAD avec Nicolas Kayser, lui aussi de Rohrbach, Albert Martzel, Edmond Gouget (+ front de l’Est) et Bruhl, tous deux de Rohrbach, et Eugène Krebs, de Bining.
10.10.1942 : Incorporé dans la 1. Stammkp. / Inf. Ers. Btl. 124.
Plaque d’identité : – 355 – 1. St. Kp. I. E. B. 124.
23.10.1942 : Muté à la 4e (MG) Kp./Inf. Ausb. Btl. 124 à Trèves.
22.2.1943 : dirigé sur le Marschbatl. Oktober 96/5 à Baumholder.
9.3.1943 : Muté au Stab III/Gren. Rgt. 283.
Secteur de Leningrad – Kirishi (tête de pont sur le fleuve Wolschow).
23.11–21.12.1943 : permission.
En Ukraine (secteur de Kiev, Schitomir, Schepetowka).
16.1.1944 : grièvement blessé lors d’une contre-attaque allemande à Bol Kalenitschi par des éclats d’obus au cou, à la cuisse droite et aux mains. Ramassé par un Allemand, il est évacué sur le poste de secours principal. « J’ai toujours regretté une chose. je ne l’ai pas remercié comme j’aurais dû le faire. C’était tellement normal qu’on s’entraide au front. N’y a-t-il pas une dévie des Anciens Combattants qui dit « Unis comme au front » ? » (p.78).
20.1.1944. Hospitalisé au Reserve-Lazarett de Kulparkow/Lemberg. Diagnostique : blessure par éclats d’obus au cou (côté droit), au larynx, à l’avant-bras droit, aux mains (transpercement) et à la cuisse droite.
7.2.1944, Lemberg. Le caporal Krebs, Stab III./ Gren. Regt. 283, reçoit la médaille des blessés en noir après avoir été blessé le 16.1.1944. Un autre document, identique, est daté du 16.2.1944 à Kattowitz.
7.2.1944, à l’Est. Le caporal Krebs, Stab III./ Gren. Regt. 283, reçoit la croix de fer de 2e classe.
8.2.1944–24.3.44 : Hôpital de Nikolaï-Kathowitz (Prusse orientale).
21.4.1944 (date barrée : 5.3.1944). La croix de fer est envoyée à son père Victor Krebs, car l’adresse de Julien n’est pas connue. Envoyé par le Feldwebel (illisible), FPN 13604 A.
27.3.1944 : venant du Reserve-Lazarett de Nikolaï, il est transféré à celui de Bitche, dans les locaux du Petit Séminaire : Teillazarett Priesterseminar. Date de sortie inconnue.
10.6.1944. L’Infanterie-Sturmabzeichen en argent lui est décernée. Le Feldwebel mentionné ci-dessous envoie la décoration à Victor Krebs le 15.6.1944. Une note manuscrite de cet homme commence par « Cher Julien » et indique que le dénommé Stöckel est mort et que deux autres, Brachmann et Held sont à l’hôpital ».
7.7.1944. Accusé d’être un simulateur, il est déclaré « apte au combat ». Envoyé à Hameln au 216 régiment de Transmission.
31.8.1944. Julien Krebs obtient une permission du 1 au 16.9.1944. Il fait partie de la Gren. Nachr. Ers. Kp. 216 à Hameln. A la demande d’un Russe, transmets un ordre de désertions aux Russes de l’armée de Vlasov cantonnés à Rohrbach. Lui-même en profite pour déserter. Face à la Gestapo, ses parents ont prétendu qu’il était bien reparti pour le front à la fin de sa permission. Dans la clandestinité, il est rejoint par son frère Edouard qui avait assis déserté avec deux de ses camarades.
12.12.1944. Libération de Rohrbach.Les évadés de l’armée allemande sont priés de se présenter aux autorités américaines ; Edouard et quelques uns s’abstiennent. Ceux qui obtempèrent son conduits en GMC à la maison Schosger à Enchenberg et sont arrêtés par les Américains. Ils sont désormais des « Prisoner of War French Citizen Deserter » et sont dépouillés de leurs biens (montres, couteaux…). Conduits à Diemeringen, puis à Epinal (où ils se font cracher dessus par des civils qui leur lancent aussi quelques pierres), Marseille. Avec lui se trouve Alphonse Rohr, de Rohrbach. Ils sont pris en charge par les Français au camp de la Blancarde.
6.1.1945, Marseille. Le chef de bataillon Charcot, commandant du Centre de libération des prisonniers de guerre, autorise Julien Krebs à travailler de nuit pour le compte des Alliés.
12.1.1945. Tous les « Malgré-Nous » sont déclarés aptes au service et enrôlés dans l’armée française.
23.1.1945 : Est autorisé à travailler comme docker. Mais pour être embauché, il fallait se syndiquer : il adhère à la CGT.
10.2.1945 : début du chemin de retour pour la Moselle via Paris. Adhère à l’Association des Internés et déportés politiques. Passe par Nancy, Rohrbach est toujours en zone de combats.
1.4.1945. Se rend avec son frère Edouard à Rohrbach. Sur la route départementale entre son village et Achen, un attroupement : « Nous avons découvert un cadavre. C’était le corps d’une femme entièrement nue sous le manteau qu’elle portait. Son corps était criblé de balles. Quel a été son sort ? » (p.106).
1946 : difficultés à trouver un emploi.
1947 : hospitalisation pour retirer un assez gros éclat d’obus d’une fesse.
Le récit complet et inédit de Julien Krebs a été rédigé sous le titre L’incorporation de force des Alsaciens-Mosellans dans l’armée allemande durant la guerre de 1939–1945. Témoignage de l’un d’entre eux dans ses Mémoires (Rohrbach-les-Bitche, 2003).
La famille conserve également les notes prises par Victor Krebs (1887–1963) comme soldat de 14–18.