L’envoi de cet extrait du roman « L’Allemand de ma mère », de Catherine Clément (Seuil, 2023), par un de nos correspondant est l’occasion de rappeler certains faits historiques souvent malmenés. En effet, la présence d’Alsaciens dans la 2e division blindée Waffen-SS « Das Reich » est souvent, nous le déplorons, l’objet de chiffres erronés.
A la date du 5 avril 1944, cette division compte plus de 15000 hommes. Son état-major stationne à Montauban. Elle est subordonnée à la Wehrmacht et comprend environ 2500 survivants du Front de l’Est. Elle stationne en France pour être reconstituée.
En février 1944, 2000 appelés alsaciens de la classe 1926 sont automatiquement versés dans la Waffen-SS sur ordre du Gauleiter Wagner. Rappelons que l’Alsace et la Moselle ont été annexées de fait au IIIe Reich en 1940 – et non pas occupées comme on le lit bien trop souvent – et le service militaire obligatoire y a été introduit par les nazis en août 1942.
Parmi les nouvelles recrues, on compte :
Des Alsaciens, des Lorrains, mais aussi des Luxembourgeois, plus 189 Roumains, 84 Hongrois, 76 Croates, 48 Slovaques, 16 Ukrainiens, 11 Serbes, 6 Danois, 6 Russes, 3 Tchèques, 1 Yougoslave, 1 Lituanien, 1 Polonais, 1 Suisse…
Sur environ 800 Alsaciens incorporés de force dans la « Das Reich » au début de l’année 1944, une partie est rapidement mutée dans les divisions « Hohenstaufen » et « Frundsberg » afin d’éviter une trop grande concentration de ces recrues d’origine française au sein d’une seule division.
On le voit, la Panzerdivision « Das Reich » n’a jamais été essentiellement composée « de très jeunes recrues venues de l’Alsace occupée » (formulé ainsi, cela porterait à croire qu’il s’agit de volontaires) et le petit paragraphe, reproduit ci-dessus, est hélas erroné et véhicule une vision exagérée de la présence des Alsaciens. Dommage.
Photos de M. F.