L’Al­le­magne et les orphe­lins de « Malgré-Nous » – Une lettre de l’OPMNAM

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Hand­schu­heim le 11 septembre 2023

                                                CHERS AMIS ET MEMBRES DE L’OPMNAM,

Un bref regard sur les années d’après-guerre et sur les boule­ver­se­ments plus récents de notre monde, nous enseignent humi­lité et réalisme, malgré cela il est raison­nable d’in­sis­ter sur notre sort. Il ne faudra jamais oublier notre misère, elle était intime et maté­rielle. Le désastre dans nos familles nous avait laissé sans voix, nous n’avions pas droit à la parole, il ne nous restait que la fuite en avant dans une acti­vité rému­né­ra­trice, seuls quelques privi­lé­giés ont pu enta­mer des études secon­daire, les orphe­lins des Malgré Nous étaient majo­ri­tai­re­ment ouvriers, employés, paysans aujourd’­hui retrai­tés ; ces années sont restées gravées dans nos esprits, ne jamais oublier ne jamais pardon­ner. « Pas de pardon sans acte de contri­tion », l’am­bas­sa­deur de la RFA s’est rendu au Stru­thof le 21 juin 2023, sans expri­mer le moindre mot envers les victimes de l’in­cor­po­ra­tion de force en Alsace Moselle. Le  rapport de l’ONACVG affiche le mépris du gouver­ne­ment à notre sujet,il n’y a rien à espé­rer du minis­tère qui est à l’ori­gine de cette discri­mi­na­tion, mais nous exigeons répa­ra­tion de l’Al­le­magne.

 Mes chers amis vous le savez notre bataille juri­dique néces­si­tera patience et téna­cité, sachant que nous nous oppo­sons à la mauvaise volonté de l’ap­pa­reil d’État Alle­mand. Les services du Saar­land nous refusent le béné­fice des droits du « Bunde­sent­schä­di­gung­sge­setz » accordé aux victimes alle­mandes de la deuxième guerre mondiale. Or nous sommes bien des orphe­lins de guerre et nos pères furent incor­po­rés de force dans la Wehr­macht, le motif du refus serait les accords Franco-Alle­mands signés en 1961 et en 1981, des accords qui indem­nisent les « dépor­tés » en 1961 et les incor­po­rés de force survi­vants en 1981 Une misé­rable obole fut accor­dée aux survi­vants et aux veuves, en excluant les orphe­lins, portant à égalité un Malgré Nous rentré vivant avec un cama­rade qui ne verrai plus jamais son épouse et ses enfants.  Nous consta­tons le mépris avec lequel cette tragé­die fut clas­sée au rayon des pertes et profits. Sachant que les orphe­lins alle­mands furent indem­ni­sés en moyenne de : 132/mois x 12 × 21 années = 33 264,- Euros, nos Malgré Nous survi­vants ou leurs veuves n’ont touché que 1387,- Euros, circu­lez il n’y a rien à voir ! Les poli­ti­cards de tous bord se sont accor­dés pour jeter un os à ronger aux familles si dure­ment touchées par la barba­rie nazie. Mépris de classe et manque de respect pour obte­nir la créa­tion de la monnaie unique, cet accord fut signé sur notre dos, eu égard aux victimes majo­ri­tai­re­ment issues des classes sociales agri­coles et ouvrières. De quel droit nos élus ont-ils signé cet acte en l’ab­sence de repré­sen­tants des orphe­lins, nous n’étions ni infor­més ni invi­tés, tout s’est passé sous couvert de la bonne bour­geoi­sie Franco-Alle­mande.

Notre action en justice réclame aux auto­ri­tés Alle­mandes de recon­naître le crime contre l’hu­ma­nité perpé­tré en Alsace Moselle et de nous accor­der les droits iden­tiques servis aux orphe­lins alle­mands, quel que soit l’acte signé entre les deux pays, d’au­tant plus que nous, orphe­lins des incor­po­rés Alsa­ciens et Mosel­lans avons été exclus de toutes indem­ni­sa­tions, autant alle­mandes que françaises ! Notre avocat le Dr Scheu­len a pu adres­ser le 31 Août 2023, ses conclu­sions respon­sives au tribu­nal de Saar­re­bru­cken, (chargé de dire le droit dans cette affaire),espé­rons que ce dossier ne traî­nera pas trop long­temps sur le bureau du président. Notre avocat insiste sur la façon arbi­traire et néga­tive, que les services alle­mands ont mis en œuvre pour nous écon­duire, alors qu’il ne fait aucun doute que cette atti­tude discri­mi­na­toire mérite d’être recti­fiée. Courage mes amis serrons-nous les coudes et restons confiants, la justice devrait nous rendre nos droits quels que soient les accords signés par les élus.

Nous vous adres­sons nos amitiés les plus cordiales, sincères salu­ta­tions et à très bien­tôt.

Gérard MICHEL et les membres du comité de l’OPMNAM.

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