En hommage à mon père, prisonnier à Tambow, et à tous les Malgré-Nous
Le Malgré-Nous
Il est parti un jour d’hiver
La rage au coeur, triste et amer
Sous l’uniforme de l’ennemi
Traquer l’Yvan jusque chez-lui.
Il est parti, c’était la guerre
Sous la menace des fous d’Hitler
Il accepta bien malgré lui
De combattre frères et patrie.
Il est parti à travers mines
Au chant des orgues de Staline
Trouver la peur, la neige, la boue
Subir le froid, la faim, les poux.
Il est parti comme ses amis
Pour voir tomber sans même un cri
Ces Alsaciens que le destin
Fit naître entre Vosges et Rhin.
Il est parti, pour quoi, pour qui ?
Donner sa jeunesse et sa vie
Pour une cause qui n’était sienne
Une force haïe ô combien chienne.
Dans son âme à jamais meurtri
Il est héros je vous le dis
Ne laissez pas je vous en prie
Ce soldat tomber dans l’oubli.
Denise Lallemand-Soltana (Seltz)
TAMBOW
Camp de Tambow, camp de la mort
Du désespoir et pire encore
Des maladies et de la faim
Pour Mosellans et Alsaciens
Dans ce goulag pour Franzouskis
Perdu dans l’immense Russie
Notre uniforme est vert-de-gris
Que faisons-nous, amis, ici ?
Vers une soupe, un peu de pain
Affamés nous tendons la main
Et dans la forêt de Rada
Corvée de tourbe aussi de bois
Dans le grand froid et dans la neige
Des loques seules nous protègent
Et décharnés nous nous traînons
Le ventre creux pour compagnon
Aux tyrans à la croix gammée
L’Ivan n’a rien à envier
Dysenterie et engelures
Vermine, gale nous torturent
Mon Dieu pourquoi tant de souffrances ?
Reverrons-nous un jour la France ?
Nous sommes tous des Malgré-Nous
Prisonniers si loin de chez-nous
Au pied du bat-flanc la mort veille
Et nous hèle lorsqu’on sommeille
Ils l’ont suivie, Paul et Martin
A bout de forces un froid matin
Et avec eux tout un cortège
De malheureux tous pris au piège
De leur destin et de leur sort
Etre Alsacien, est-ce un tort ?
Nous portons, tous, les trois couleurs
Celles de France et de l’honneur
Si ce n’est pas au bout du mât
C’est dans le coeur, qui, pour elles bat
Soldats perdus, abandonnés
Qui donc osera nous juger ?
Oubliés du camp de la mort
De l’injustice et pire encore.
Denise Lallemand-Soltana
Courriel : denise.lallemand@neuf.fr
Ci-dessus : Alfred Lallemand (* Dengolsheim-Sessenheim 14.7.1913 + Haguenau 23.1.1983).
* PARCOURS MILITAIRE DE :
LALLEMAND Alfred, né le 14 juillet 1913 à Dengolsheim-Sessenheim (Bas-Rhin)
Domicile : SELTZ (Bas-Rhin) à compter du 26/11/1935
Classe 1933 – matricule : 3367201449
Arme : Infanterie (Dernière affectation connue : 172° Régiment d’Infanterie de Forteresse – R.I.F.)
Soldat français :
• Appelé à l’activité (service militaire au 150° R.I.
• VERDUN) et arrivé au corps le : 20/10/1934
• Renvoyé dans ses foyers le : 12/10/1935
• Période d’exercice
• – du 02/05/1937
• – au 08/05/1937
• Rappelé à l’activité et arrivé au corps le 24/09/1938
• Renvoyé dans ses foyers le 06/10/1938
• Convoqué en application du décret du 20/03/1939 le 13/04/1939
• Renvoyé dans ses foyers le 02/05/1939
•
• Rappelé à l’activité et arrivé au corps (172° R.I.F) le 15/09/1939
• Fait prisonnier par les Allemands à St-Dié (Vosges) le 21/06/1940
• Libéré par les autorités allemandes en qualité d’Alsacien-Lorrain le 15/07/1940
Soldat allemand : (patronyme germanisé : LALLMANN)
• Incorporé de force dans la Wehrmacht
• et affecté à la Stammkp./Gren. Ers. Btl. 102, Chemnitz le 10/01/1944
• Dirigé sur le Truppenübungsplatz – Königsbrück le 14/01/1944
• Appartenant à la 1.Kp./Kampf-Marsch-Btl.1050, affecté à la 4.Kp./Gren.Rgt.1072 (S.P. 33187 E) le 08/07/1944
• Désertion de la Wehrmacht et fait prisonnier par les Russes lors d’une attaque de chars russes dans le secteur de Olita-Marianpol – Lituanie le 30/07/1944
• Interné au camp de Wilna (Vilnius – Lituanie)
• Dirigé sur le Camp de prisonniers n° 188 de Tambow – Russie
• Libéré de captivité le 08/09/1945
• Remis aux Français le 19/10/1945
• Retour dans ses foyers le 21/10/1945