Les enfants d’Erasme – Roman

Commentaire (0) 2019-2029, À lire…, Actualité, Bibliographie, Bibliographie Complète

 


ROMANN Carole, Les Enfants d’Erasme, Editions de l’As­tro­nome, Thonon-les-Bains, 2024.

 

 

 

 


  • Article du « Dauphiné Libéré » du 22.11.2024

 

 


  • Les Enfants d’Erasme – Inter­wiew Le Dauphiné Libéré

Les Enfants d’Erasme

Un roman de Carole Romann

Aux Editions de l’As­tro­nome

 

Ce que raconte le roman :

Les Enfants d’Erasme, c’est l’his­toire de Tris­tan, un étudiant stras­bour­geois qui part étudier à Dresde avec le programme Eras­mus. Là bas, il va décou­vrir dans de mysté­rieux cahiers bleus que son grand-père était soldat dans l’ar­mée de Hitler. Deux histoires s’en­tre­croisent. Celle du groupe des étudiants de Dresde qui se retrouvent au Café Europa, font la fête, tombent amou­reux, et s’af­frontent parfois violem­ment. Celle du grand-père Raymond, un jeune Français incor­poré de force dans la Wehr­macht à l’âge de dix-huit ans.

 

Les thèmes abor­dés :

Ce roman est né d’une ques­tion : comment devient-on un Euro­péen, quand on a vingt ans aujourd’­hui ? Qu’est-ce qui va faire qu’un jeune Français, une étudiante alle­mande ou esto­nienne, un apprenti-maçon polo­nais… va se rendre compte un jour qu’il est aussi un Euro­péen ? Et que ça, ça le défi­nit aussi. Je dis aussi car pour moi ce senti­ment d’ap­par­te­nance vient en plus : je me sens plei­ne­ment française et plei­ne­ment euro­péenne.

J’ai voyagé en Asie, en Amérique, j’ai long­temps travaillé en Afrique, et les gens me confon­daient avec une jeune Danoise qui ne me ressem­blait pas du tout. Pour eux nous étions des Euro­péennes. Il y a bien une « iden­tité » euro­péenne – avec tous les guille­mets que je mets à ce mot – que le reste du monde perçoit très bien, mais que beau­coup d’entre nous ne voient pas. Il nous manque ce senti­ment d’ap­par­te­nance.

 

Comment est née l’idée :

Cet introu­vable senti­ment d’ap­par­te­nance à l’Union euro­péenne m’in­tri­guait, notam­ment chez les jeunes. Je me suis deman­dée s’il y avait des récits, des aven­tures, des histoires un peu exci­tantes qui parlaient de ça. Je n’en ai pas trouvé. Les Améri­cains ont l’Ame­ri­can Dream. Les Russes ont la Grande Russie. Les Chinois ont la route de la soie. Et nous ? Quel est notre récit ?

 

Comment s’est construit le roman :

Lors de mon premier séjour à Evian, j’ai décou­vert qu’il exis­tait un rapport de la Commis­sion euro­péenne inti­tulé « Un nouveau récit pour l’Eu­rope ». J’ai inter­viewé Jean-Michel Henny, direc­teur de la Villa du Châte­let, qui avait parti­cipé à ce groupe de réflexion.  Dans ce docu­ment, fruit d’un excellent travail, j’ai trouvé une très bonne synthèse des valeurs euro­péennes fonda­men­tales. Mais pour que sa lecture me fasse vibrer, il me manquait quelque chose : ces valeurs n’étaient pas incar­nées. Il m’a semblé que la fiction pouvait faire cela. Inven­ter des person­nages, racon­ter des histoires, produire un récit.

 

Des person­nages qui portent ces valeurs, mais aussi leurs contra­dic­tions :

Raymond, c’est la liberté entra­vée sous le troi­sième Reich. Leni, c’est l’as­pi­ra­tion à la frater­nité, qui se heur­tera à la domi­na­tion mascu­line. Janek, c’est le chacun-pour-soi. Gunther, c’est la tenta­tion du repli iden­ti­taire. Chloé, c’est l’en­ga­ge­ment. Le Café Europa, c’est un mini-parle­ment euro­péen où les jeunes s’étripent « grave » ! Et puis  Tris­tan, c’est la lente prise de conscience qu’en forgeant ses propres valeurs, il forgera aussi son destin.

 

Et puis il y a l’His­toire « avec sa grande hache »

En lisant les cahiers bleus, Tris­tan compren­dra qu’on ne comprend rien à l’Eu­rope sans la mémoire. Mon père Raymond Romann a été incor­poré de force dans la Wehr­macht à l’âge de dix-huit ans. Son silence meur­tri sur ce qu’il a vécu a jeté un voile noir sur mon enfance. J’ai imaginé les mémoires qu’au­rait pu écrire mon père, s’il avait écrit. L’his­toire des Malgré-nous est peu connue en-dehors de l’Al­sace. C’est pour­tant une histoire qui recèle un fort poten­tiel drama­tique : devoir endos­ser l’uni­forme de l’en­nemi, pour se battre contre son propre pays ? Ouah, ça ferait un film au moins aussi capti­vant que le Soldat Ryan !

 

Quel avenir pour les Enfants d’Erasme ?

Au matin du 24 février 2022, c’est le choc au Café Europa. Les étudiants ont la gueule de bois, et la cohé­sion du groupe reste fragile. Tien­dra-t-elle face à l’in­va­sion de l’Ukraine ? Serait-ce la fin de la fête ?

 

Beau­coup rêvent d’Eu­rope. Les Enfants d’Erasme la vivent

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *