PELERINAGE A TAMBOV
Tout là-bas dans la clairière,
Le pèlerin fait sa prière.
Il se souvient de son père,
Sur ses joues des larmes amères…
Ici, tout au bout de la terre,
Les vestiges de leurs misères,
Leur destination de guerre.
Pourtant n’étaient-ils pas tous frères ?
Bouleaux sous vos branches que d’ombres !
Rada, que ta forêt est sombre !
Dans cathédrale de verdure
La mémoire elle perdure.
Et sur ces voies de chemin de fer
Se perdent les regards de mères.
Toujours encore partent des trains.
Un triste monde sans lendemain.
Là une flaque d’eau fait miroir
S’y reflète plus de mirador
C’est un épais rideau de larmes
Pour ceux qui sont dépourvus d’armes.
Le vent dévie de noirs nuages
D’autres rendent un bel hommage
Car le barbelé a rouillé
Mais eux n’ont pas été oubliés.
Depuis est tombée beaucoup de pluie
Or leurs cris hantent toujours nos nuits
Malgré la distance, nos songes,
Tous nos cœurs dans la douleur plongent.
En cette terre étrangère
Que homme tu foulas naguère
Aujourd’hui entends-tu nos hymnes ?
Reconnais-tu nos humbles signes ?
Tu n’as plus pu revoir ta patrie
Alors sous le ciel de la Russie
Vois-tu peut-être de ton linceul
Les astres te faire un clin d’œil ?
Egarés par notre nation,
Seul grâce à l’association !
Le camp de Tambov nous retrouvons
Et ensemble nous nous souvenons …
Ecrit le 07/06/2018
Lu à Tambov au cimetière N°7 le 25/08/2018
Auréolés par l’Amour !
Où as-tu posé tes pas ?
Guides-moi de l’au-delà !
Mon passage sans fracas,
Qu’en penses-tu, mon papa ?
Fallait que je vienne
Et quoi qu’il advienne
Mes larmes, retienne
Mémoire t’es mienne !
Sans les rations de pain
Comment combattre la faim ?
Que mangerons-nous demain ?
De la soupe aux choux, pas certains …
La diphtérie nasale
Ailleurs aussi la gale
Pire, l’arme fatale
L’ennemi se régale …
Puis dehors il fait très froid
Bien d’autres leurs font la loi
Et dans ce grand désarroi
Place à la corvée du bois.
Amputant leurs jeunesses
Climat par ta rudesse
Générant la détresse
La mort est ta maîtresse.
Dormir sous ton manteau blanc,
Continuer en marchant
Rien de plus désolant
Que vous ces hommes errants.
Auréolés par l’Amour
Après multiples détours
Toujours sans aucun recours
Nous saluons votre parcours.
Ecrit le 04/07/2018
Lu à Tambov au cimetière N° 7 le 25/08/2018
Silhouettes muettes …
Partis très loin de chez eux
Marchant sous d’autres cieux
Vers un horizon brumeux,
En soldats bien courageux.
Avec au ventre, la peur,
Abandonnant leur bonheur,
La plaine était sans fleurs,
Ses sillons mènent aux malheurs.
En figeant leurs sentiments
Sur un dernier testament,
Leurs étoiles au firmament
Protègent les innocents.
La dernière lueur,
De leurs espoirs, est porteur
Au front perle la sueur
Leurs cœurs, brise la douleur.
Le froid du très rude hiver
Accentue leurs misères
De chaque chaumière
Résonne une prière.
Dans la forêt profonde
Là où l’orage gronde
Oui, oubliés du monde
Y resteront vos tombes.
Les anges, sur elles, veillent,
Mais vos âmes sommeillent,
Or nos pensées appellent
Votre repos éternel.
Ecrit le 30/06/2018
Lu au cimetière de Kirsanov le 26/08/2018
Rêveries au pays russe
Et même si nos songes,
L’écorce souvent rongent,
Nos mémoires nous plongent
A l’envers du mensonge.
Et tout cela est si loin !
De la terre un recoin,
Oui, notre cœur a besoin,
D’autres continuent leur foin …
Et sous ces mêmes cieux,
Toujours rien de mieux,
Eux ils implorent Dieu,
Les pèlerins curieux.
La dernière page,
Les mots de notre message,
Les pas de nos passages,
Ils vous rendent hommage !
Certes il faut bien apprendre,
Du mauvais se défendre,
Car tous peuvent comprendre
A condition d’entendre !
Au loin une musique,
A mélodie unique,
Un hymne magnifique,
Quel moment poétique !
Ecrit le 08/07/2018
Lu au cimetière de Kirsanov le 26/08/2018
L’enfant se souvient
Il souffle le vent,
Il passe le temps,
Il y a longtemps
Se souvient l’enfant.
Son pauvre père
Partit en guerre
Devait se taire,
Eviter l’enfer …
Non, sans musique,
Pas de tunique,
Humble baraque
Et fils unique …
Vers où part ce rail ?
Oui, loin du bercail !
Très peu de détails,
C’est quoi ce travail ?
Des frontières
Des barrières
Des ornières
Quelles misère !
L’hiver de leurs cœurs,
Russie ta froideur,
Nombreux sont les pleurs,
Printemps du bonheur.
Ecrit le 01/07/2018
Lu au cimetière de Morchansk le 27/08/2018
Der Zwangseingezogene
In seinem Herz brennt ein Feuer voller Hoffnung
In seinen trüben Augen stehen Tränen der Trennung
In seinem Gesicht glänzt die Angst der Verfolgung
In Gedanken die Frage , warum keine Versöhnung ?
Ja vielleicht gäbe es eine bessere Lösung
Sein Körper fürchtet wohl ernsthafte Erkrankung
Und bettend seine zwei Hände bitten um Erbarmung
Dann eine letzte herzzerbrechende Umarmung
Kopf hoch Junger, schon geht es loos mit dem Marschieren
Lichterloos und kalt, die Fremde bald wird Ihn da grüssen
Unter blassem Regenbogen wird Heimweh erblühen
Einsam unter vielen, wohin wird der Weg Ihn führen ?
Da Ihre Füsse gleiten, werden dort Blumen blühen ?
Und Auch Freiheit gross geschrieben auf Wolken wiegen
Werden nach der Dunkelheit am Himmel Sterne stehen ?
Menschenkinder vielleicht seine Fremdsprache verstehen ?
Dort im Dorf ist Vatersfachwerkhaus ganz still geworden
Ohne Nachrichten bringt jeder Morgen neue Sorgen
Schreiben und Schweigen, Bangen und Leiden
Mit tieffem Schmerz
Leise bricht die Sehnsucht auch das schon schwache Mutterherz….
Ecrit dans les années 1990
Lu au cimetière de Morchansk le 27/08/2018
Christian EICHENLAUB
67110 Niederbronn-les-Bains