L’in­cor­po­ra­tion de force – Mémoire et poésie, textes de Chris­tian Eichen­laub

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PELERINAGE  A TAMBOV

 

Tout là-bas dans la clai­rière,

Le pèle­rin fait sa prière.

Il se souvient de son père,

Sur ses joues des larmes amères…

 

Ici, tout au bout de la terre,

Les vestiges de leurs misères,

Leur desti­na­tion de guerre.

Pour­tant n’étaient-ils pas tous frères ?

 

Bouleaux sous vos branches que d’ombres !

Rada, que ta forêt est sombre !

Dans cathé­drale de verdure

La mémoire elle perdure.

 

Et sur ces voies de chemin de fer

Se perdent les regards de mères.

Toujours encore partent des trains.

Un triste monde sans lende­main.

 

Là une flaque d’eau fait miroir

S’y reflète plus de mira­dor

C’est un épais rideau de larmes

Pour ceux qui sont dépour­vus d’armes.

 

Le vent dévie de noirs nuages

D’autres rendent un bel hommage

Car le barbelé a rouillé

Mais eux n’ont pas été oubliés.

 

Depuis est tombée beau­coup de pluie

Or leurs cris hantent toujours nos nuits

Malgré la distance, nos songes,

Tous nos cœurs dans la douleur plongent.

 

En cette terre étran­gère

Que homme tu foulas naguère

Aujourd’­hui entends-tu nos hymnes ?

Recon­nais-tu nos humbles signes ?

 

Tu n’as plus pu revoir ta patrie

Alors sous le ciel de la Russie

Vois-tu peut-être de ton linceul

Les astres te faire un clin d’œil ?

 

Egarés par notre nation,

Seul grâce à l’as­so­cia­tion !

Le camp de Tambov nous retrou­vons

Et ensemble nous nous souve­nons …

 

Ecrit le 07/06/2018

Lu à Tambov au cime­tière N°7 le 25/08/2018

 

 

 

Auréo­lés par l’Amour !

 

Où as-tu posé tes pas ?

Guides-moi de l’au-delà !

Mon passage sans fracas,

Qu’en penses-tu, mon papa ?

 

Fallait que je vienne

Et quoi qu’il advienne

Mes larmes, retienne

Mémoire t’es mienne !

 

Sans les rations de pain

Comment combattre la faim ?

Que mange­rons-nous demain ?

De la soupe aux choux, pas certains …

 

La diph­té­rie nasale

Ailleurs aussi la gale

Pire, l’arme fatale

L’en­nemi se régale …

 

Puis dehors il fait très froid

Bien d’autres leurs font la loi

Et dans ce grand désar­roi

Place à la corvée du bois.

 

Ampu­tant leurs jeunesses

Climat par ta rudesse

Géné­rant la détresse

La mort est ta maîtresse.

 

Dormir sous ton manteau blanc,

Conti­nuer en marchant

Rien de plus déso­lant

Que vous ces hommes errants.

 

Auréo­lés par l’Amour

Après multiples détours

Toujours sans aucun recours

Nous saluons votre parcours.

 

Ecrit le 04/07/2018

Lu à Tambov au cime­tière N° 7 le 25/08/2018

 

 

 

Silhouettes muettes …

 

Partis très loin de chez eux

Marchant sous d’autres cieux

Vers un hori­zon brumeux,

En soldats bien coura­geux.

 

Avec au ventre, la peur,

Aban­don­nant leur bonheur,

La plaine était sans fleurs,

Ses sillons mènent aux malheurs.

 

En figeant leurs senti­ments

Sur un dernier testa­ment,

Leurs étoiles au firma­ment

Protègent les inno­cents.

 

La dernière lueur,

De leurs espoirs, est porteur

Au front perle la sueur

Leurs cœurs, brise la douleur.

 

Le froid du très rude hiver

Accen­tue leurs misères

De chaque chau­mière

Résonne une prière.

 

Dans la forêt profonde

Là où l’orage gronde

Oui, oubliés du monde

Y reste­ront vos tombes.

 

Les anges, sur elles, veillent,

Mais vos âmes sommeillent,

Or nos pensées appellent

Votre repos éter­nel.

 

Ecrit le 30/06/2018

Lu au cime­tière de Kirsa­nov le 26/08/2018

 

 

Rêve­ries au pays russe

 

Et même si nos songes,

L’écorce souvent rongent,

Nos mémoires nous plongent

A l’en­vers du mensonge.

 

Et tout cela est si loin !

De la terre un recoin,

Oui, notre cœur a besoin,

D’autres conti­nuent leur foin …

 

Et sous ces mêmes cieux,

Toujours rien de mieux,

Eux ils implorent Dieu,

Les pèle­rins curieux.

 

La dernière page,

Les mots de notre message,

Les pas de nos passages,

Ils vous rendent hommage !

 

Certes il faut bien apprendre,

Du mauvais se défendre,

Car tous peuvent comprendre

A condi­tion d’en­tendre !

 

Au loin une musique,

A mélo­die unique,

Un hymne magni­fique,

Quel moment poétique !

 

Ecrit le 08/07/2018

Lu au cime­tière de Kirsa­nov le 26/08/2018

 

 

 

L’en­fant se souvient

 

Il souffle le vent,

Il passe le temps,

Il y a long­temps

Se souvient l’en­fant.

 

Son pauvre père

Partit en guerre

Devait se taire,

Eviter l’en­fer …

 

Non, sans musique,

Pas de tunique,

Humble baraque

Et fils unique …

 

Vers où part ce rail ?

Oui, loin du bercail !

Très peu de détails,

C’est quoi ce travail ?

 

Des fron­tières

Des barrières

Des ornières

Quelles misère !

 

L’hi­ver de leurs cœurs,

Russie ta froi­deur,

Nombreux sont les pleurs,

Prin­temps du bonheur.

 

Ecrit le 01/07/2018

Lu au cime­tière de Morchansk le 27/08/2018

 

 

Der Zwang­sein­ge­zo­gene

 

In seinem Herz brennt ein Feuer voller Hoff­nung

In seinen trüben Augen stehen Tränen der Tren­nung

In seinem Gesicht glänzt die Angst der Verfol­gung

In Gedan­ken die Frage , warum keine Versöh­nung ?

Ja viel­leicht gäbe es eine bessere Lösung

Sein Körper fürch­tet wohl erns­thafte Erkran­kung

Und bettend seine zwei Hände bitten um Erbar­mung

Dann eine letzte herz­zer­bre­chende Umar­mung

Kopf hoch Junger, schon geht es loos mit dem Marschie­ren

Lich­ter­loos und kalt, die Fremde bald wird Ihn da grüs­sen

Unter blas­sem Regen­bo­gen wird Heim­weh erblü­hen

Einsam unter vielen, wohin wird der Weg Ihn führen ?

Da Ihre Füsse glei­ten, werden dort Blumen blühen ?

Und Auch Frei­heit gross geschrie­ben auf Wolken wiegen

Werden nach der Dunkel­heit am Himmel Sterne stehen ?

Menschen­kin­der viel­leicht seine Fremd­sprache vers­te­hen ?

Dort im Dorf ist Vaters­fach­wer­khaus ganz still gewor­den

Ohne Nachrich­ten bringt jeder Morgen neue Sorgen

Schrei­ben und Schwei­gen, Bangen und Leiden

Mit tief­fem Schmerz

Leise bricht die Sehn­sucht auch das schon schwache Mutte­rherz….

 

Ecrit dans les années 1990

Lu au cime­tière de Morchansk le 27/08/2018

 

 

Chris­tian EICHENLAUB

 67110 Nieder­bronn-les-Bains

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