Les livres de souvenirs perpétuent la mémoire de nombreuses petites histoires qui nourrissent la grande Histoire, celle qui s’écrit avec un « H » majuscule. C’est ainsi que Marie-José Ernst-Gerber évoque, à l’appui des notes prises par son père Pierre Gerber, l’évacuation de 1939, car Bindernheim se trouve le long de la ligne Maginot. « Après 2/3 jours d’attente un train est enfin affrété. Il faut tout abandonner. Seules les personnes sont admises dans le train. Les wagons de 2e classe sont réservés aux femmes et aux enfants. Les wagons à bestiaux, bien nettoyés et aménagés avec des bottes de paille, serviront aux autres. Un wagon est réservé à la nourriture ». Direction Périgueux. Puis c’est le retour en Alsace annexée, en compagnie du papa qui a été rendu à la vie civile. Viennent l’incorporation de force, les combats de la Libération, puis la paix, la vie…
Nicolas Mengus
Contact : Marie-José Ernst
6 rue des Vergers 68890 Reguisheim
03 89 81 18 26
Souvenirs des combats de la libération. Témoignage de Marie-José Ernst en phase avec l’actualité :
2022–2023
Guerre en Russie, en Ukraine, etc. etc.
Il suffit de suivre les nouvelles.
Quand s’arrêtera-t-elle ?
Je crois y être !
J’avais 4 ans en 1944.
PLUS JAMAIS LA GUERRE
En 1944, la guerre sévit en Alsace. Les villageois, habitants le long de la Ligne Maginot, sont envahis par les forces allemandes. Fille du directeur d’école et en même temps secrétaire de mairie : premier choc pour moi en sortant de l’école : des tranchées sont creusées le long du trottoir.
La guerre est présente.
Les sirènes commencent à hurler. Bien vite, on se met à l’abri dans les caves (dont le plafond est bétonné chez le fermier d’en face). La cave est remplie de monde qui cherche à se protéger. La cave est séparée en plusieurs parties.
Privilégiés ? Nous nous trouvons sur une couche de pommes de terre pour dormir. Il y avait de gauche à droite : M. le curé, sa maman, ma maman avec mon petit-frère, puis ma marraine et moi.
L’atmosphère est tendue. On a peur. Les gens pleurent, puis, tout d’un coup, un cri, puis plusieurs ! Il y en a qui prient, de plus en plus fort. Les bombes tombent de tous les côtés. Nous sommes au centre du village : l’église, le presbytère, la maison d’école-mairie sont les cibles. La ferme attenante à l’école est en feu. Les animaux fuient, hurlent, hagards, de tous les côtés. Le village est en ruines.
A quand notre tour ? Des soldats sont dans les écuries, les étables de la ferme.
Voici des bribes de ce dont « je me rappelle ».
Une rescapée qui ne veut pas que cela se reproduise.
J’avais 4 ans.
Marie-José Ernst, juin 2023