L’association Oradour, Histoire, Vigilance et Réconciliation vient d’adresser un courrier au secrétaire d’État aux Anciens combattants et à la mémoire, Jean-Marc Todeschini, afin de lui faire part de sa « vigilance » quant à la construction d’un « Mur des noms » à Schirmeck (Bas Rhin).
Comme l’écrit l’association créée en octobre 2012 pour soutenir et aider Robert Hébras qui venait d’être condamné par la Cour d’Appel de Colmar, « ce projet lancé en 2008, répondait à la demande des associations de descendants des” Malgré-nous” ». Bernadette Malinvaud, présidente de l’association OHVR estime « légitime » la demande « des orphelins de pères “Malgré-nous” d’Alsace-Lorraine qui souhaite que les familles des disparus Alsaciens et Mosellans tués entre 1939 et 1945 puissent avoir un lieu pour se recueillir ».
Retardé par de nombreuses réserves émises, notamment par Philippe Breton, professeur de journalisme à l’université de Strasbourg et président de l’Observatoire de la vie politique en Alsace, le projet est aujourd’hui relancé après avoir reçu l’assentiment d’un conseil scientifique.
Mais pour l’association Oradour, Histoire, Vigilance et Réconciliation, « Graver sur un même mur 52.000 noms d’Alsaciens et Mosellans par ordre alphabétique, sans distinction sur leurs actions, rôles, fonctions durant cette période est très contestable. Ainsi se trouveraient sur le même plan, les noms de juifs morts en déportation, de résistants déportés ou fusillés, de civils tués en 1944 lors des bombardements de Strasbourg, de soldats enrôlés de force dans la Wehrmacht et dans la Waffen-SS. Parmi ces morts les uns seraient donc les victimes des autres. Cet amalgame est tout à fait contestable. Historiquement il est indéfendable. Inscrire, côte à côte, les noms de certains acteurs du massacre d’Oradour-sur-Glane, même s’ils furent contraints puis amnistiés, avec ceux des victimes alsaciennes et mosellanes, habitants du village, paraît insupportable. Le projet de rassembler tous ces noms, indistinctement, risque de rouvrir les plaies de mémoires blessées et va à rebours des efforts réalisés pour une reconnaissance mutuelle. Cette confusion de mémoires diverses et antagonistes est dangereuse et pernicieuse, notamment pour les jeunes générations. À l’heure où chacun s’empare du concept de devoir de mémoire, la construction prévue de ce monument apparaît incompatible avec le travail de la Mémoire et le devoir d’Histoire ».
Article paru dans « Le Populaire du Centre » le 6.4.2017. Source : http://www.lepopulaire.fr/oradour-sur-glane/armee-conflit/2017/04/06/lassociation-oradour-histoire-vigilance-et-reconciliation-vigilante-face-au-mur-des-noms_12354359.html