Personne ne choi­sit son grand-père, mais chacun choi­sit les produits qu’il achète – Un billet d’hu­meur de Renée Baudot

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Le grand jour­nal alle­mand Bild a publié, le 8 février 2024, le dossier des archives de la Wehr­macht qui accable Walde­mar Baer­bock , le grand-père de l’ac­tuelle ministre des Affaires Etran­gères de la RFA, Anna-Lena Baer­bock.

Le grand-père était un nazi incon­di­tion­nel, offi­cier de la Wehr­macht. La ministre dit qu’elle igno­rait qu’il fut un offi­cier hitlé­rien fana­tique. Cela n’est pas crédible (cf : Révé­la­tions gênantes sur le passé nazi de Walde­mar Baer­bock).

Toutes les personnes atten­tives à l’his­toire alle­mande après la Seconde Guerre mondiale savent que l’ Alle­magne n’a jamais été déna­zi­fiée (cf : le livre du profes­seur Alfred Wahl, La seconde histoire du nazisme dans l’Al­le­magne fédé­rale depuis 1945, paru en 2006).

Chacun remarquera que, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans les diffé­rents gouver­ne­ments alle­mands aucun ministre n’a porté le nom de la famille d’un résis­tant alle­mand : personne de la famille de Hans et Sophie Sholl, de Willy Graf, du pasteur Niemöl­ler, du cardi­nal Joachim Degen­hardt, de l’évêque von Galen , des conju­rés du 20 juillet 1944 et d’autres dont j’ai oublié le nom. Il y eu un député CDU du nom de von Stauf­fen­berg, mais la prudence prover­biale de la CDU ne le fit pas ministre !

Au contraire, je ne cite­rai qu’un exemple : celui d’ Ulrich de Maizières (descen­dant de hugue­nots lorrains), géné­ral nazi qui servit dans l’OKW (Haut comman­de­ment de l’ar­mée de terre nazi). Il fut arrêté par les Britan­niques à la fin de la guerre et empri­sonné quelques années en Grande-Bretagne. A sa libé­ra­tion, l’ha­bile chan­ce­lier Konrad Adenauer l’ap­pela à ses côtés pour recons­ti­tuer l’ar­mée alle­mande et il recom­mença une belle carrière dans la Bundes­wehrSon fils Thomas fut ministre à plusieurs reprises dans les gouver­ne­ments prési­dés par la chan­ce­lière Angela Merkel , et notam­ment de la Défense.

Après la guerre, les nazis titu­laires des plus hautes fonc­tions du IIIe Reich furent jugés ou fuirent en Espagne, en Italie du Nord (dans l’ex-Répu­blique de Salo), en Amérique latine ou dans les pays du Moyen-Orient.

Je ne repro­che­rai jamais à Madame Baer­bock le passé de son grand-père, mais je lui reproche son manque de courage. Je vous rappelle qu’ en 2017, le groupe des Verts Alle­mands – dans l’op­po­si­tion à cette date –  m’avait soutenu dans ma demande de recon­nais­sance de l’in­cor­po­ra­tion de force comme crime contre l’hu­ma­nité. Les Verts avaient inter­pellé avec fermeté la chan­ce­lière Merkel.

La réponse de la chan­ce­lière fut menson­gère et minable : pour elle, tout avait été réglé avec les accords Schmidt-Giscard d’Es­taing. Cela est faux. Ces accords indem­ni­sèrent de la somme de 1385 euros les veuves, une somme déri­soire versée pour des « raisons huma­ni­taires ».

Suite à mes diverses inter­ven­tions, Madame Anna-Lena Baer­bock a reconnu en sa qualité de Ministre des Affaires Etran­gères : « que l’In­cor­po­ra­tion de Force des jeunes Français dans la Wehr­macht consti­tuait une grave infrac­tion au droit pénal inter­na­tio­nal, pour ceux qui avaient été obli­gés de combattre sur le sol de leur patrie » (je souligne). Autant dire que cela ne concerne qu’une mino­rité et non la tota­lité des 142 500 « dépor­tés mili­taires » alsa­ciens et mosel­lans.

Je répète ce que j’ai déjà écrit : il n’y a qu’une seule commu­nauté de Malgré-Nous, tous victimes du nazisme. ll est inutile de se cacher derrière des argu­ties juri­diques, selon l’ex­pres­sion du député alle­mand Gregor Gysi, et d’es­sayer de nous divi­ser en créant diffé­rentes classes de combat­tants.

En sa qualité d’Al­le­mande, de petite-fille d’of­fi­cier nazi, par son histoire fami­liale, Madame la ministre Lena Baer­bock dispose de tous les éléments histo­riques pour avoir une connais­sance objec­tive du crime contre l’hu­ma­nité dont nos parents et nos familles furent victimes durant la Seconde Guerre mondiale. En refu­sant cette recon­nais­sance, Madame la ministre est soli­daire de son grand-père.
Nous sommes les victimes oubliées, c’est pourquoi nous devons nous battre avec les armes à notre dispo­si­tion. Amis lecteurs, nous sommes citoyens et consom­ma­teurs. Nous devons pratiquer le patrio­tisme écono­mique : consomme français !
Nous produi­sons d’ex­cel­lents produits dans tous les domaines, de belles voitures, de beaux équi­pe­ments pour la maison, du textile de qualité, des produits de luxe sans oublier notre gastro­no­mie sans égale. Nous dispo­sons de lieux de villé­gia­ture agréables et diver­si­fiés capables de satis­faire les plus exigeants d’entre nous.
Les grandes marques alle­mandes – Mercedes-Bentz, BMW, Bayer, BASF, Hugo Boss, Thys­sen-Krupp, Volks­wa­gen, Allianz – furent toutes au service du régime hitlé­rien. Ache­ter français est un devoir civique envers nos conci­toyens et un devoir moral envers les 40 000 Alsa­ciens et Mosel­lans morts revê­tus de force de l’uni­forme ennemi. La Wehr­macht, au plus fort des combats, ressem­blait plus à un camp de concen­tra­tion à ciel ouvert qu’à une armée d’après les écrits du corres­pon­dant de guerre alle­mand Theo­dor Plie­ver en Union sovié­tique. Les soldats devaient tenir « jusqu’à la victoire finale » dans le froid, la boue, la neige, le ventre vide ou presque.
La lecture des notices des grandes firmes alle­mandes, sur Wiki­pe­dia par exemple, apporte nombre de rensei­gne­ments. La notice d’Al­lianz a retenu toute mon atten­tion. On peut y lire :
– « … Solu­tion fina­le… Allianz fut l’as­su­reur de la plupart des entre­prises nazies, et donc de l’Etat nazi, instal­lées dans les camps de concen­tra­tion ».
– « Compen­sa­tions après 1945… Le jour­nal Der Spie­gel révéla qu’Al­lianz four­nis­sait des polices d’as­su­rances à plusieurs camps de concen­tra­tion dont celui d’Au­sch­witz ».
Sans commen­taires.

 

Renée Baudot, le 21.2.2024

 


Déna­zi­fi­ca­tion. Formu­laire que les troupes d’oc­cu­pa­tion françaises ont fait remplir aux alle­mands dans le secteur français. Docu­ment trans­mis par Claude Herold.

 

 

 

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