Je vous contacte car ma mère, Michelle Mallet, épouse Huret, habitant en Normandie dans une ferme de la région de Trun (Orne), se souvient que son père aurait caché un, voire deux personnes pendant au moins une semaine en juin 44.
Ayant 9 ans, elle n’avait pas le droit de savoir ce qui se passait.
Elle souhaiterait savoir s’il est possible de retrouver trace de cette ou de ces personnes ?
Voici le récit plus précis des faits qui se fonde sur un document laissé par une voisine (avec des informations sur les dates) et des détails basés sur ses souvenirs.
Les évenements se situent à Trun (Orne). C’était à proximité de St-Lambert-sur-Dive, au moment de la fermeture de la poche de Falaise.
La route à proximité de la ferme était le dernier passage encore libre pour sortir de la poche et était surnommé « le couloir de la mort ».
« Vingt trois heures sonnaient le dimanche 13 août 1944 quand les canons lançaient leurs premiers obus. Mon père a été cherché la voisine le lundi 14.
Le jeudi soir, le 17 août, un Allemand voulait se rendre. C’était un Alsacien (il pouvait avoir environ 25 ans et était marié). Mon père le fit descendre à la cave et il resta derrière les tonneaux. Nous étions installés devant.
Nous lui donnions à manger en l’appelant « minou, minou ».
Il y avait des Allemands qui étaient à coté. Le vendredi s’était encore pire au niveau des tirs.
Le lendemain, samedi, deux Canadiens arrivèrent. Ils firent prisonnier un Allemand blessé que ma mère avait soigné. Mon père leur dit qu’il y avait quelqu’un d’autre qui voulait se rendre et qui leur dit : « J’ai commencé la guerre avec les Français, car je suis Alsacien. Ils m’ont pris, mis dans leurs rangs mais, croyez-moi, j’ai le cœur français ». Il remit ses papiers aux Canadiens qui les lurent et, avec un sourire, dirent: « Eh bien, venez ».
Il a remercié mes parents et a promis de revenir un jour avec sa femme.
Mon père est mort au mois de mai 1945. Ce monsieur a écrit plusieurs années plus tard et ma mère ne lui a jamais répondu. Ma grand-mère lui a dit que ce n’était pas parce que son mari était décédé qu’il ne fallait pas les recevoir.
Je sais qu’il y a environ 5 ans, des personnes sont venues à la ferme. La personne qui y habite a répondu qu’elle ne connaissait pas Mme Mallet. Ils étaient bien à la bonne ferme ,mais cette personne n’est pas de la région et la maison a été vendue suite au décès de mon frère. Étant mariée, j’ai changé de nom.
La ferme est à 1,5 km de Trun (Orne), sur la route de Chambois au lieu-dit St-Thibault, face à la route de Tournay-sur-Dives.
La ferme appartenait à M et Mme Charles Mallet.
Il y a avait une vingtaine de personnes dans la ferme à ce moment ».
Nous espérons donc pouvoir renouer un contact avec cet Alsacien et avec cet Allemand.
Edmond Hurel
Courriel : ehurel@yahoo.fr