Réha­bi­li­ter un procès « inique » : l’enjeu de la Nuit du Droit à Limoges (3.10.2024)

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« Réha­bi­li­ter ce procès » Le procès du massacre d’Ora­dour-sur-Glane rejoué pour la Nuit du droit

Le 3 octobre aura lieu la Nuit du Droit, un événe­ment natio­nal pour sensi­bi­li­ser le grand public aux ques­tions juri­diques. A Limoges, magis­trats et avocats ont choisi de lire des extraits du procès dit « de Bordeaux », en écho aux commé­mo­ra­tions du quatre-ving­tième anni­ver­saire du massacre d’Ora­dour-sur-Glane.

Le 3 octobre prochain, la véné­rable salle d’Agues­seau, siège de la cour d’ap­pel de Limoges, sera le théâtre d’une première jamais réali­sée depuis soixante-dix ans : c’est là que seront lus des extraits du procès de Bordeaux. Un procès histo­rique qui s’est ouvert le 12 janvier 1953 pour juger 21 anciens Waffen-SS accu­sés d’avoir parti­cipé au massacre d’Ora­dour-sur-Glane neuf ans plus tôt, dont 13 accu­sés alsa­ciens, Malgré nous.

Un choix qui tombait sous le sens pour la Nuit du droit – orga­ni­sée tous les ans dans toutes les juri­dic­tions de France – en cette année de commé­mo­ra­tion du quatre-ving­tième anni­ver­saire du massacre. « Nous avons une vision de juriste, nous n’avons pas une vision d’his­to­rien », tient à préci­ser Richard Doudet, bâton­nier de l’Ordre des avocats de Limoges. « C’est inté­res­sant parce que l’on va réha­bi­li­ter ce procès qui a été un peu mélangé avec la loi d’am­nis­tie dans l’es­prit des Limou­sins alors que ce procès a été mené jusqu’à son terme avec un souci de recherche de la vérité, d’im­par­tia­lité et une réelle écoute des victimes. »

Un procès resté long­temps doulou­reux pour les familles de victimes en raison d’un téles­co­page total entre pouvoir poli­tique et pouvoir judi­ciaire. L’As­sem­blée natio­nale a en effet adopté une loi portant amnis­tie sur les accu­sés alsa­ciens en plein milieu du procès pour les exclure des pour­suites. « C’est unique dans l’his­toire », souligne Richard Doudet.

 

Huit mois de travail

 

Il a fallu huit mois de travail aux magis­trats et avocats de Limoges – avec l’aide du Centre de la mémoire d’Ora­dour, d’uni­ver­si­taires de Poitiers et de l’As­so­cia­tion natio­nale des familles des martyrs – pour sélec­tion­ner des extraits parmi les cinq semaines de débats, inté­gra­le­ment retrans­crits par sténo­ty­pie. Des extraits prin­ci­pa­le­ment choi­sis dans les inter­ro­ga­toires d’ac­cu­sés,  réqui­si­tions, les plai­doi­ries et des audi­tions de victimes, seule­ment recon­nues comme témoins. « À l’époque, les martyrs n’étaient pas victimes, car il s’agis­sait d’un tribu­nal mili­taire », explique Richard Doudet.

Cette lecture inédite est le fruit de la coopé­ra­tion entre la cour d’ap­pel de Limoges, les tribu­naux judi­ciaire et admi­nis­tra­tif et le barreau de Limoges. Magis­trats, procu­reurs, avocats, univer­si­tai­res… tous joue­ront le rôle d’un prota­go­niste de ce procès histo­rique en veillant à respec­ter la mémoire des victimes.

Après l’émo­tion, la réflexion. La lecture sera suivie d’un débat sur un thème terri­ble­ment actuel : la justice face aux crimes de guerre.

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