Dans mon enfance, j’étais fascinée par les anciens que je voyais dans les cérémonies patriotiques, des héros bardés de décorations.
Plus tard, ma déception fut grande d’apprendre que ceux qui m’avaient impressionnée dans ma jeunesse étaient souvent de faux résistants, mais de vrais coquins dont le résistantialisme avait servi de tremplin pour faire de belles carrières qu’ils ne méritaient pas.
Nombre d’entre eux furent amis avec l’Occupant jusqu’au débarquement allié en Normandie et se justifièrent en disant qu’ils trompaient l’ennemi en faisant semblant d’être acquis au nazisme !
Ces gens ont fait de leur fausse résistance un métier avec la complicité des deux grands partis de l’après-guerre :
- le parti communiste qui revendique « 75 000 » fusillés, quand l’historien Henri Amouroux écrit dans son Histoire des Français sous l’Occupation que les Allemands ont fusillé 10 000 Français résistants ou non.
- le gaullisme pour assoir son autorité a exalté la résistance dont le président Georges Pompidou a dit : « Les Français ont besoin de mythes ».
Pierre Taittinger écrit dans son livre Paris ne fut pas détruit p.205 : « On est pris de nausée à la pensée qu’au mois de janvier 1945, il y a fait 123 000 demandes d’homologation pour le département de la Seine adressées à la direction des FFI. 123 000. Je répète : 3000 hommes au plus ont pris part aux combats de la libération de Paris. L’imposture est éclatante. A Marseille, les services de la Résistance comptaient 410 inscrits la veille de la libération. Quinze jours après l’arrivée des Alliés, ces inscrits étaient au nombre de 95 000. Ils sont maintenant 360 000 ! »
En Dordogne, après le débarquement allié, l’unité Valmy a attaqué, le 26 juillet 1944, un wagon de la Banque de France et mis la main sur la somme de 2 milliards 280 millions de francs (Les milliards du train de Neuvic, de Guy Renaud, 1945) ! Cela constitue-t-il un fait de résistance ? quand on sait que les Alliés parachutaient de l’argent et des armes à la Résistance ?
L’apothéose de l’industrie de la Résistance est le décret n°75–725 du 6 août 1975 pris par Jacques Chirac, premier ministre, contresigné par André Bord, mais non par Yvon Bourges, ministre de la Défense nationale, qui refusa de contresigner le texte.
Ce décret, pris 30 ans après la fin de la guerre, a permis la suppression des forclusions opposables à la reconnaissance des droits à la qualité de :
- Déporté de la Résistance
- Interné de la Résistance
- Déporté politique
- Interné politique
- Combattant volontaire de la Résistance
- Réfractaire
- Personne contrainte au travail en pays ennemi, en territoire étranger occupé par l’ennemi ou en territoire annexé par l’ennemi
- Patriote résistant à l’occupation des départements du Rhin et de la Moselle.
Grâce à ce décret, on comptait en 1982 700 000 cartes de combattants volontaires de la Résistance attribuées pour une population de 40 millions en 1940.
Ne nous laissons pas impressionner par les faux héros de la Résistance. Nous n’avons pas de leçons à recevoir de la part des résistants de la 25e heure.
Célébrons les véritables héros. Je vais en citer deux :
- à Boulay, Madame Maya Baron qui a hébergé de nombreux prisonniers français évadés dont le plus célèbre fut le président François Mitterand échappé du camp de prisonniers du Ban Saint-Martin. Pour la remercier, après son élection, il l’invita à la réception du 14 juillet 1981. Dommage qu’il oubliât de lui décerner la Légion d’honneur pourtant largement méritée.
- à Nancy, Monsieur François de Metz-Noblat, dont le fils Frédéric a accepté de retracer le parcours. Un patriote engagé volontaire à 18 ans, au parcours exemplaire, qui retourna à la vie civile, à la fin de la guerre, sans faire étalage de ses états de service qui n’étaient pas minces.
Ces héros méritent notre profond respect.
Renée Baudot, le 13 mars 2021
Le parcours de François de Metz-Noblat (1921–1981),
par son fils Frédéric de Metz-Noblat
Engagé volontaire à 18 ans, mon père participe à cheval à la première campagne de France. Fait prisonnier le 16 juin 1940, il s’évade d’Allemagne le 2 janvier 1941, puis de France par l’Espagne en mars 1943. Repris, il est interné plusieurs mois au camp de concentration de Miranda d’où, libéré par le Croix-Rouge, il rejoint le Maroc et la 2e DB en formation à Témara. Affecté au 12e RCA en qualité de tireur sur char de combat ‘Sherman », il sera de tous les combats de la deuxième campagne de France.
- Bataille de Normandie. Tireur sur le char « Savoie », détruit à l’ennemi à Ancinnes le 11 août 1944 dans de violents combats contre le 9e Panzer.
- Libération de Paris. Tireur sur le char « Dauphiné » détruit à l’ennemi le 22 août 1944 à Toussus-le-Noble où, char de tête de son peloton, concentrant sur lui les tirs des canons de 88 antichars allemands, il est atteint de plein fouet au niveau des réservoirs et s’enflamme comme une torche.
- Bataille des Vosges. Tireur sur le char « Ancinnes » détruit à l’ennemi le 12 septembre 1944 devant Vittel. Le 1er novembre 1944, le général Leclerc le cite à l’ordre de la 2e DB, lui décernant la Croix de guerre avec étoile d’argent.
- Bataille de la Sarre. Tireur sur le char « Savoie II » détruit à l’ennemi avec les trois autres chars de son peloton le 1er janvier 1945 à Gros-Réderching, lors de l’opération « Nordwind » menée par des commandos SS de la 17e Panzergrenadierdivision utilisant du matériel US capturé. Les survivants de ce combat recevront du général Patton la « Presidential Unit Citation », honorant le sacrifice de leur unité aux côtés de leur allié américain.
- Libération de Strasbourg. Il participa aux combats pour empêcher la reprise de Strasbourg par l’armée allemande, combats acharnés par –20° dans 60cm de neige face à des fantassins SS rompus au combat anti-char.
Estimant le devoir accompli et le serment de Koufra tenu, mon père ne franchira pas le Rhin.
Frédéric de Metz-Noblat
- Extraits des écrits de François de Metz-Noblat