Jean Essner, doyen de Bourbach-le-Bas, vient de publier un livre, « Rester homme malgré l’indicible », dans lequel il retrace le pan le plus marquant de sa vie, celui de 1920 à 1945 où il fut emporté dans l’engrenage de la Deuxième Guerre mondiale.
Rester homme malgré l’indicible, c’est le titre des mémoires, portant sur la période entre 1920 et 1945, que vient de publier Jean Essner, doyen de Bourbach-le-Bas.
Son récit chronologique où se mêlent événements personnels, vie politique et sociale et faits de guerre tient de la microhistoire. Comprenez qu’à la lecture de ce destin particulier, celui de Jean Essner, le lecteur fait d’abord une plongée dans l’atmosphère belliqueuse européenne des années 1930, avant de suivre Jean, acteur malgré lui du second conflit mondial, dans le quotidien de la guerre qu’il passera sous l’uniforme allemand.
Jean explique : « J’ai écrit ce livre car je voulais raconter à mes enfants et petits-enfants comment j’ai vécu cette période, cette page d’histoire. J’ai aussi voulu dire, à travers mon prisme personnel, comment la guerre de 1914–1918 et les événements qui ont suivi ont entraînés la Seconde Guerre mondiale. »
Incorporé de force
Jean est né en avril 1920 à Bourbach-le-Bas. Dans sa jeunesse, il assiste notamment à l’affaire Stavisky, aux annexions de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne et à l’invasion de la Pologne qui précipiteront l’Europe dans une nouvelle guerre. Après avoir entamé des études de droit à Dijon en 1939, Jean se retrouve incorporé de force. Fils unique, il choisit de ne pas s’évader en octobre 1942 lorsqu’il reçoit sa convocation pour le Reichsarbeitsdienst (service du travail du Reich), craignant les répercussions – déportation – qu’un tel acte pourrait avoir sur ses parents. C’est alors que débute, pour Jean, un périple à travers une Europe en guerre. Après une instruction militaire effectuée dans les Alpes autrichiennes, il poursuit son « initiation à la guerre » en Tchécoslovaquie, où il est affecté à une compagnie de mitrailleuses lourdes de l’infanterie allemande. Après un passage en Pologne, il se retrouve sur le front russe début juillet 1943. Trois mois plus tard, malade et épuisé, il est rapatrié dans un hôpital de Varsovie.
Prisonnier des Anglais
Après une permission de convalescence, il regagne, entre mars et juin 1944, le front de mer à Canet-Plage avant de rejoindre le front de Normandie en juillet 1944, où il est fait prisonnier des Anglais. « La guerre était finie pour moi. Quelle joie ! Quelle satisfaction ! C’était le 22 juillet 1944 à 20 h. » Il est alors rapatrié dans un hôpital près de Londres où il est soigné avant d’être transféré dans un hôpital à Glasgow, puis dans un camp de convalescence à Edimbourg, en Écosse. Il rejoindra ensuite un camp français situé près de Londres. Là, Jean reçoit un uniforme anglais et c’est finalement avec cet uniforme qu’il est de retour à Bourbach-le-Bas, trois jours après la fin de la guerre en Europe, le 11 mai 1945. « Mes parents mon reçu en larmes, des larmes de joie ! Nous étions si heureux de nous retrouver sains et saufs. » C’est là que Jean arrête son récit. Fin de la grande Histoire pour lui, fin de cette tranche de vie marquante dont il s’attache aujourd’hui à transmettre la mémoire.
LIRE : Rester homme malgré l’indicible est en vente au prix de 10 €, au bureau de poste de Bourbach-le-Bas, rue de l’Église.
SOURCE DE L’ARTICLE : http://cecilefellmann.fr/2015/10/un-homme-dans-lhistoire/