En 2004, la ville de Hochfelden, lors de la commémoration de sa libération le 23 novembre 1944, dévoilait une plaque à la mémoire de Robert Fleig, un héros strasbourgeois de la résistance tombé au champ d’honneur devant le pont de Kehl. Cette plaque fut la première en 60 années d’histoire sur la libération de Strasbourg.
J’étais alors secrétaire du comité local du Souvenir Français et, après avoir fait la connaissance de la fille du héros, Yvonne Fleig, je lui avais promis de réparer l’injustice de l’oubli de son père.
Les 22 et 23 novembre 1944
« Le 22 novembre 1944, Robert Fleig se rendit de Strasbourg à Hochfelden en vélo, afin d’observer le système de défense allemand, notamment le minage des ponts de vendenheim. Grâce à son ami Frédéric Haag, brasseur, et le docteur Lante, il arriva à rejoindre le sous-groupement du lieutenant-colonel Rouvillois de la 2° DB arrivé à Dettwiller. Après avoir été interrogé par le lieutenant Garnier, il est présenté à Rouvillois qui lui accorde sa confiance. Ce dernier dira devant son Etat- Major. « Fleig vous êtes ma Providence. »
Le lendemain, notre héros, revêtu d’un uniforme, monta à bord de la jeep du sous-lieutenant Lequellec et suivit le half-track en soutien du char Sherman de tête « Evreux ». Les trois équipages, formés de 19 hommes, progressent rapidement, grâce à leur guide et à l’effet de surprise. Au fort Desaix de Mundolsheim, ils sont rejoints par le reste du détachement Briot. Les défenseurs surpris se rendent, les trois équipages de pointe et leurs 19 hommes poursuivent leur ruée vers Strasbourg à un train d’enfer. Alors que les autres sous groupements auront presque tous été bloqués devant la ceinture des forts, Rouvillois rentrera le premier à Strasbourg par la Place de Haguenau envoyant son célèbre message : « Tissu est dans Iode », à côté de Robert Fleig.
Celui-ci guide efficacement les libérateurs travers la ville remplie d’Allemands vers le Palais du Rhin afin d’y neutraliser la Kommandantur.
Le pont de Kehl est solidement défendu : c’est en fin d’après- midi, dans une ultime manœuvre pour établir une liaison avec le capitaine Compagnon et Rouvillois bloqués après le pont d’Anvers, que Robert Fleig tombe mitraillé par un tireur embusqué dans les bras de son chauffeur le sous- lieutenant Lequellec dont il sauve la vie en faisant barrage de son corps, à quelques cent mètres derrière Albert Zimmer. »
En souvenir d’un héros oublié
Oublié pendant 60 années, malgré que le général Leclerc eut décoré sa fille Yvonne Fleig, en 1947, de la croix de Guerre avec palmes au nom de son père, ce fut à Hochfelden que, devant mon ami Jacques Granier, journaliste et auteur de « Et Leclerc prit Strasbourg », que Charles de Hautecloque, dévoila cette plaque, montrée la veille, à tous les anciens tel René Baleyte du char « Evreux » qui avaient connu le héros oublié.
En 2005, accompagné de Mireille Hincker, déléguée générale du Souvenir Français, j’ai obtenu de Fabienne Keller, maire de Strasbourg, l’autorisation et le financement pour la création d’une stèle à coté du char d’Albert Zimmer qui fut inaugurée la même année par les autorités civiles et militaires de la ville et de la Région.
Ci-dessus : En 2004, le colonel Bouillot (1er à droite), chef du char « Sarreguemines », René Baleyte (2e depuis la gauche), du char de tête « Evreux », et deux anciens de la 2e DB présentent la plaque en l’honneur de Robert Fleig en compagnie de Patrick Kautzmann (au centre).
Ci-dessus, de gauche à droite : Michel Leclerc de Hautecloque, le général Claude Dorange, alors gouverneur militaire de Strasbourg et commandant de la Brigade du Génie, et Patrick Kautzmann.
La cérémonie du 19.11.2011 photographiée par Roland Muller
Les commémorations des combats de la Libération de Strasbourg, le 19 novembre 2011, ont été l’occasion de se souvenir de l’action héroïque de Jean Houchet, aumônier de la 2e DB, d’Albert Zimmer, chef du char « Cherbourg », et de Robert Fleig qui permit au sous-groupement du lieutenant-colonel Rouvillois d’entrer rapidement dans Strasbourg et de lancer le fameux message « Tissus est dans iode ». Les trois hommes sont tombés devant le pont de Kehl le 23 novembre 1944.
Ci-dessus : Le général CA Georges Pormenté et deux trompettes du 2e Hussards et une du 13e RDP autour du monument dédié à R. Fleig.
Ci-dessus : Le monument dédié à Jean-Baptiste Houchet.