En France, nombreuses sont les victimes du nazisme qui estiment que leurs souffrances n’ont pas été reconnues à leur juste valeur, notamment par l’Allemagne. Bien sûr, en Alsace et en Moselle, nous pensons prioritairement aux incorporés de force, à leurs veuves et à leurs orphelins, ainsi qu’aux « Malgré-Elles ». Mais, qu’en est-il outre-Rhin ? C’est à cette question que la journaliste Nina Schulz et la photographe Elisabeth Mena Urbitsch apportent des éléments de réponse. Elles dressent ici une quinzaine de portraits de victimes du national-socialisme, de différentes nationalités, qui se battent toujours pour être reconnues comme telles et obtenir une indemnité pour les préjudices physiques et moraux subis.
Si la politique allemande en la matière passe pour un modèle du genre aux yeux de l’opinion publique, force est de constater que ce n’est pas tout à fait exact dans les faits. Ce qui fait dire à l’un des témoins, Argyris Sfountouris, survivant du massacre de 10 juin 1944 à Distomo (Grèce), que « la politique allemande doit s’occuper des victimes comme êtres humains. Nous ne sommes pas des abstractions ».
Dans ce livre courageux, des sujets tabous sont abordés et le lecteur comprend encore mieux pourquoi l’Allemagne doit regarder ce passé en face afin de progresser dans le concert des Nations. Et, en tant qu’Alsacien ou Mosellan, Luxembourgeois ou Belge, on se plait à espérer un livre identique sur la reconnaissance de nos « déportés militaires ».
Nicolas Mengus
Nina Schulz, Elisabeth Mena Urbitsch, Spiel auf Zeit. NS-Vefolgte und ihre Kämpfe um Anerkennung und Entschädigung, Assoziation A, Berlin-Hamburg, 2016, 365 pages, 24,70 €.