Un non-lieu a finalement été prononcé en faveur de Werner Christukat, ancien Waffen-SS de la 3e compagnie du régiment « Der Führer » (2e division blindée Waffen-SS « Das Reich ») qui a été reconnue responsable de la destruction du village et la mort de 644 civils d’Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944.
L’accusation s’appuyait sur la présence de l’inculpé sur les lieux et sur une liste allemande détaillant la composition de la 3e compagnie en 1944. Sur cette liste, le Sturmmann Werner Christukat figure comme mitrailleur du 5e groupe (2e section) commandé par l’Unterscharführer Hans Staeger. Ce document, tout à fait intéressant, pose pourtant problème. En effet, des Alsaciens comme Auguste Lohner et Albert Ochs n’y figurent pas. Or, ces incorporés de force étaient bel et bien à Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944 et ont bel et bien été condamnés à Bordeaux en 1953. De plus, leur chef de groupe était, au moment des faits, le dénommé Staeger. Il était donc impossible de fonder une accusation et justifier une condamnation sur cette seule liste. Reste sa présence sur les lieux.
Les associations de « Malgré-Nous » avaient mis en lumière que Robert Hébras est de mauvaise foi (malgré une décision de justice en sa faveur en 2013) lorsqu’il évoque les Alsaciens, dont il doute toujours de leur incorporation forcée (en dépit de l’enquête des RG de 1951, les non-lieux de 1948 et le jugement de 1953). L’est-il aussi lorsqu’il regrette que Werner Christukat ne raconte pas ce qu’il a fait et vu à Oradour (DNA du 10.12.2014) ? Sa remarque porterait à le croire, car l’Allemand n’a-t-il pas déjà dit et répété dans la presse, y compris française, qu’il était de garde et n’est pas rentré dans le village ? Bien sûr, l’Allemand peut mentir. Mais peut-on, sans crainte d’erreur, exclure qu’il dise la vérité ? Non. D’où le non-lieu.
Rappelons ici que le Tribunal militaire de Bordeaux avait, en 1953, fait fi du non-lieu que des Alsaciens (Busch, Giedinger, Grienenberger et Lohner) avaient obtenu en 1948. D’autres incorporés de force avaient été, comme Werner Christukat, en poste sur les extérieurs du village (Niess, Prestel, Spaeth, Weber ou encore Ochs qui avait été blessé et attendait d’être évacué). Tous avaient été condamnés à Bordeaux. En dépit de l’amnistie, le mal était fait.
En 2007, Me Richard Lux avait demandé une révision du procès d’Oradour qu’il estimait « contraire au Droit et à la notion de Justice ». Celle-ci lui avait été refusée au motif qu’il n’apportait pas d’éléments nouveaux susceptibles de justifier une telle révision. Or, le fait que Werner Christukat ne puisse être condamné sur la seule base de la fameuse liste et, surtout, de sa présence sur les lieux ne serait-il pas un « élément nouveau » ? En effet, l’inculpation des Alsaciens incorporés de force s’était précisément fondée sur la loi spéciale de responsabilité collective (dite « loi Oradour » votée en 1948). Si certains d’entre eux ont effectivement tiré – dans des circonstances précises – à Oradour-sur-Glane, d’autres étaient, comme Werner Christukat, sur les extérieurs, ont pu sauver des vies et n’ont pas ouvert le feu sur des civils. Ce nouveau non-lieu ne permettrait-il pas de reconsidérer l’acte d’accusation de 1952 et le jugement de 1953 ? En tout cas, cette décision de la justice allemande met une nouvelle fois en lumière toute l’ignominie du procès de Bordeaux.
Nicolas Mengus
Pour en savoir plus, voir nos précédents articles parus dans L’Ami hebdo et sur www.malgre-nous.eu, ainsi que notre magazine Comprendre… l’incorporation de force n°3 : Oradour-sur-Glane. Les Alsaciens et le procès de Bordeaux.
Annonce à la presse le 9.12.2014 par le Tribunal de Première Instance de Cologne
(Résumé en français par André Hugel)
Non-ouverture d’une procédure contre un habitant de 89 ans de Cologne, accusé de meurtre à Oradour-sur-Glane.
Le procureur de Dortmund a accusé le retraité de 89 ans de Cologne d’avoir tué 25 personnes et aidé à la mort de plusieurs centaines de personnes. Ceci a été programmé, car il était membre du SS Panzergrenadier-Regiment 4, « Der Führer » et présent à Oradour lors de la mort des habitants et de la destruction de la ville d’Oradour-sur-Glane le 10.06.1944.
La Chambre Correctionnelle a enquêté pour connaître s’il y avait des soupçons suffisants permettant de lancer une accusation.
La Chambre est partie des faits historiques connus, que c’est bien la 3ème compagnie du 1er bataillon du Panzer-Regiment 4 « Der Führer » qui le 10.06.1944 a massacré 642 personnes et brûlé le village entier.
Mais il est impossible de prouver que l’accusé est responsable d’avoir participé à ces assassinats.
Mais l’accusé, même s’il était présent à Oradour, ne peut être accusé d’avoir tiré, car cela est impossible à prouver. Aucun témoin ne peut accuser valablement l’accusé.
Le procureur a présenté une liste de la compagnie où figure l’accusé, mais cela n’est pas une preuve car cette liste n’est qu’une copie et sans date. Aucune preuve que cette liste décrive les présents le 10.06.1944.
L’accusé ne peut être accusé que d’avoir été présent le jour même à Oradour, ceci ne peut être une accusation d’assassinat.
Le procureur de Dortmund a une semaine pour faire appel.