Une mani­fes­ta­tion à Paris des pupilles de la Nation

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Les mani­fes­tants sont bien enca­drés, puis arrê­tés dans leur progres­sion et recon­duits.

Colmar, le 7 décembre 2011

Chers amis,

Olivier Picard, édito­ria­liste du bureau pari­sien des DNA, a rendu compte ce mercredi 7 Décembre 2011, de la manière dont s’est dérou­lée, à Paris, le lundi 5 décembre dernier, la mani­fes­ta­tion orga­ni­sée par notre fédé­ra­tion natio­nale des pupilles de la nation, orphe­lins de guerre, la FPN. Je l’en remer­cie très chaleu­reu­se­ment.

Sur ordre de l’Ely­sée, notre groupe paci­fique, consti­tué de 60 repré­sen­tants de notre fédé­ra­tion, a donc été bloqué, Rue du Cirque ( sic !), à une centaine de mètres du Palais prési­den­tiel, en début d’après midi, en plein déjeu­ner entre Nico­las Sarkozy et Angela Merkel. Tout un symbole !

Il nous a tout de même été possible de négo­cier avec des poli­ciers, très corrects, la remise, à la loge du Palais, de 3000 cartes postales desti­nées à notre Président et signées par nos adhé­rents et sympa­thi­sants. 4 d’entre nous ont eu l’au­to­ri­sa­tion de péné­trer dans une dépen­dance du « sanc­tuaire », sous très bonne escorte. De même, sous la conduite d’une tren­taine de CRS et de poli­ciers, nous avons été priés de rejoindre aussi­tôt après, notre point de départ, Rue François 1er, sous les fenêtres d’EUROPE 1. Notre maté­riel consti­tué de deux bande­roles et de cinquante croix amovibles a du être plié et remis dans une voiture pour nous empê­cher d’al­ler mani­fes­ter ailleurs encore dans PARIS.

Que sommes-nous allés faire à Paris, ce 5 Décembre ?

Ne voyant toujours rien venir, à la fin du quinquen­nat de M. Nico­las SARKOZY, d’un début de réali­sa­tion d’une promesse faite en Mai 2007, 15 jours après son élec­tion, à l’en­semble des orphe­lins de guerre de la seconde guerre mondiale, notre fédé­ra­tion natio­nale a demandé à pouvoir être reçue pour remettre en mains propres au Président, les 3000 cartes que nos adhé­rents lui ont desti­nées. Ces cartes, illus­trées par Jak Umden­stock, évoquent une situa­tion que nous jugeons insup­por­table : celle dans laquelle tente de nous enfer­mer le gouver­ne­ment en décla­rant que nos parents, contrai­re­ment à ceux visés par les décrets de Juillet 2000 et de Juillet 2004, sont des victimes ordi­naires d’une guerre ordi­naire : « les victimes de la glorieuse malchance des armes », comme les quali­fie l’an­cien ministre Philippe Dechartre dans un rapport offi­ciel remis au Président de la Répu­blique.

La situa­tion en 2011 n’a plus rien à voir avec celle de 2007, sur le plan écono­mique et finan­cier, nous rétorque-t-on. M. Eric STRAUMANN, député UMP, a eu la fran­chise et le courage de venir à notre confé­rence de presse à la Maison de l’Al­sace, sur les Champs Elysées, le lundi 5 Décembre au soir, pour nous tenir ce discours qui est devenu peu à peu la ligne de défense offi­cielle du pouvoir poli­tique.

Que le prin­cipe de l’éga­lité de tous les citoyens ait été rompu et que des injus­tices aient été créées par les précé­dents décrets, plus personne ne songe à le nier. Les cour­riers offi­ciels en attestent.

Mais les caisses de l’Etat étant vides, il n’est plus ques­tion de nous rendre béné­fi­ciaires d’un égal trai­te­ment par rapport à la perte de nos pères, entre 1939 et 1945. Nous devrions faire preuve de suffi­sam­ment de sens civique pour ne plus rien deman­der dans de telles condi­tions !!

Nous serions sans doute capables de faire de nouveaux sacri­fices si la situa­tion de notre pays l’exi­geait, mais comment y consen­tir tant que les exemples ne viennent pas de plus haut ?

Le CANARD ENCHAINE de cette semaine fait état d’une victoire des géné­raux français : des soldes d’of­fi­ciers ont été sérieu­se­ment revues à la hausse.

Le Jour­nal « Le Monde » du 2 décembre relate la rente de situa­tion de l’avion­neur Dassault qui aurait reçu l’as­su­rance pour les prochaines années de pouvoir fabriquer et vendre à l’Etat français, chaque mois, un avion RAFALE à 140 millions d’eu­ros la pièce, payés aux trois quart par les contri­buables français. En écono­mi­sant 2 sur les 12 avions de chasse par an, l’Etat dispo­se­rait de la somme néces­saire à l’in­dem­ni­sa­tion de tous ses orphe­lins de guerre ! Voilà pourquoi, entre autres, nous refu­sons de renon­cer à exiger que l’éga­lité soit respec­tée.

Nous sommes le pot de terre dans ce bras de fer. Nous le savons bien. Nous savons aussi depuis long­temps que les promesses n’en­gagent que ceux qui y croient. Mais l’Etat français joue avec des fibres qui sont très doulou­reuses. Un enfant privé de son père ou de sa mère pour faits de guerre ne peut accep­ter de voir la souf­france des uns mieux recon­nue que celle des autres. Les guerres sont toutes entières des actes de barba­rie. Toutes les victimes de cette barba­rie méritent la même consi­dé­ra­tion. Nos pères n’ont pas cher­ché à être des héros. Ils ont été forcés de sacri­fier leurs exis­tences à des inté­rêts qui se sont négo­ciés loin au-dessus de leur tête.

Non seule­ment nous ne renonçons à rien, mais n’ayant plus grand-chose à perdre à nos âges, nous irons encore plus loin dans nos actions.

Que suis-je allé faire ce matin au siège de la FEFA, à Stras­bourg ?

L’ami Yves MULLER, secré­taire géné­ral de la Fonda­tion Entente Franco-Alle­mande, prési­dée par le président (à vie ?), André BORD, ancien ministre, m’a convié es -qualité de président des orphe­lins de guerre, pupilles de la nation d’Al­sace (APOGA), à rejoindre le groupe de travail consti­tué en vue de la jour­née commé­mo­ra­tive du 70ème anni­ver­saire des décrets insti­tuant l’in­cor­po­ra­tion de force en Août 1942.

Nous avons eu des rela­tions très conflic­tuelles en Janvier 2010 avec la FEFA et son président. Beau­coup se souviennent que les grilles de l’ENA ont été fermées sur ordre pour m’em­pê­cher d’as­sis­ter à l’As­sem­blée Géné­rale. Yves Muller a plaidé notre cause, celle des orphe­lins, et a réussi à orga­ni­ser un entre­tien qui a mal commencé mais qui s’est plutôt bien terminé. La FEFA a été jusqu’à nous verser une subven­tion de 1000 euros l’an dernier pour soute­nir la publi­ca­tion de nos deux ouvrages : »Enfin des mots »/ Paroles d’or­phe­lins de guerre.

La paix, je m’en doutais, était fragile, malgré les efforts d’Yves Muller.

En fin de réunion, ce matin, la colère a éclaté chez plusieurs repré­sen­tants de la FEFA, notam­ment chez le président BORD. Objet du délit : mon édito­rial dans notre dernier numéro du « LIEN » notre jour­nal de l’APOGA. J’y écris que la FEFA n’est pas encore quitte envers les orphe­lins d’in­cor­po­rés de force. Elle a encore des réserves et nous reven­diquons d’en être béné­fi­ciaires pour prolon­ger le travail de mémoire qui commence à nous incom­ber. Nous sommes des « drecks­patze » !! dixit André Bord. Insulte intra­dui­sible en français. Heureu­se­ment. Ce n’est pas à l’hon­neur de celui qui la profère.

« La page de l’in­cor­po­ra­tion de force est tour­née » avait –il proclamé l’an dernier. J avais oublié. Tant est présente encore dans nos esprits et dans notre chair d’or­phe­lins, l’ab­sence de nos chers dispa­rus.

« Tout le monde a reçu ce à quoi il avait droit ». C’est lui qui s’est battu toute sa vie pour venir en aide aux autres. Quant à nous nous osons mettre en doute son dévoue­ment sans borne et sa bonne foi dans la gestion des fonds de la FEFA. Ingrats orphe­lins !!! A qui d’ailleurs la FEFA ne doit rien, selon ses statuts. Cela nous l’avions déjà compris. Le secré­taire, M. JOLAS, nous l’a déjà dit sur tous les tons.

Mon angle d’in­ter­ven­tion était celui de la morale. Comment expliquer à des orphe­lins de guerre dont les pères sont tombés dans les pays de l’Est, que personne ne peut leur payer un voyage ( fort onéreux) sur la tombe, alors que le site inter­net de la FEFA parle, entre autre, des vitraux de la cathé­drale de Dresde réno­vés pour partie avec l’argent destiné aux incor­po­rés de force ?

Ils n’ont pas de comptes à nous rendre. C’est juri­dique­ment exact. C’est mora­le­ment nul.

Après cette folle rencontre il faudra s’in­ter­ro­ger si les « drecks­patze » doivent commé­mo­rer le 25 Août prochain à Ober­nai, avec la FEFA ou non ?
Ca va être dur. Très dur !

Voilà, mes chers amis, comment, 70 ans après, les leçons de l’his­toire ne sont pas tirées et comment surtout les dépo­si­taires offi­ciels de la mémoire parviennent à créer la ziza­nie, germe de guerre.
Bien à vous,

Bernard Roden­stein, Président de la FPN et de l’APOGA

18 Rue Roose­velt

68000 COLMAR

0607994614

b.rod@­free.fr

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