Antoine Buch est né en 1927 à Bennwihr, un village francophile. Dans l’Alsace annexée, il aide notamment des prisonniers français à passer les Vosges.
Il évoque aussi son frère Charles et son cousin Armand : nés en 1926, ils ont été versés d’office dans les Waffen-SS. Lorsque son frère manque à l’appel de la division « Das Reich », les Allemands ne peuvent pas prouver qu’il s’agit d’une désertion. Mais la famille est menacée d’être déportée au moindre faux-pas. Aussi Antoine Buch se rend à la convocation au RAD, le 19 novembre 1944, à l’âge de 17 ans (en même temps que des jeunes de la classe 1928).
Vivre, ou plutôt survivre. La mort et, peut-être surtout, la fatigue, la faim et la soif sont de fidèles compagnes des soldats du Reich. Le 12 janvier 1945 débute l’attaque russe sur la Prusse orientale. Encouragés par Staline et le journaliste Ilja Ehrenbourg, les soldats soviétiques (malgré l’interdiction faite par certains de leurs officiers) se vengent de l’attaque de leur pays en 1941 sur les militaires, mais aussi sur les civils et, plus particulièrement, sur les femmes et les jeunes filles, notamment à Nemmersdorf. « J’ai vu les deux camps à l’œuvre. Sur le terrain de cette guerre, il n’y en avait pas un pour rattraper l’autre ».
Puis ce sont les rives de la mer Baltique et la « Frische Nehrung ». Le nombre de cadavres sur et dans la glace est incalculable.
A la mi-février 1945, Antoine Buch quitte Dantzig et rejoint Bremen. C’est là, le 13 mars 1945, qu’il est officiellement enrôlé dans la Wehrmacht. Puis, de Lubeck, il rejoint Neuengamme et Hambourg. A la fin du mois d’avril, il se sauve et parvient à rejoindre des prisonniers français à Neuengamme.
A son retour, il découvre que son village a été totalement détruit lors des combats de la Libération et que son père est mort dans « l’enfer de Bennwihr » (décembre 1944). « A 40 ans, ma mère était veuve, à la tête d’une famille nombreuse et d’un tas de cailloux qui avait été une maison et une entreprise ». Il a alors 18 ans.
Surtout ne pas mourir pour Hitler à cause des lâchetés de la France de Pétain. Tel était le credo d’Antoine Buch. Il constate, non sans amertume, que, « à lui tout seul (….), [Hitler] a fait plus pour notre sentiment français que toutes les propagandes serinées pendant vingt ans [entre 1918 et 1938] par une administration française qui ne comprenait pas le paradoxe de ses provinces récupérées de l’Est ». Et les tracasseries qu’il a subies après la guerre lui font conclure : « Oui, j’aime la France. Dommage qu’elle me l’ait toujours si mal rendu ».
Nicolas Mengus