En réponse à Monsieur André Fabian à son « Point de vue » publié dans l’édition de samedi 17 décembre, je voudrais mettre quelques points sur les « i »:
1/ une histoire de l’Alsace correctement répertoriée démontre que les jeunes Alsaciens portant l’uniforme allemand en 14–18 ne sont absolument pas comparables aux jeunes et moins jeunes : conscription obligatoire des classes
1908 à 1927 à partir d’août 1942– pris dans l’engrenage nazi.
En effet, en 1871, le traité signé par suite de la guerre perdue par la France,
concédait les territoires d’Alsace-Moselle à l’empire allemand, au profit du Kaiser.
Cette cession fut votée par la majorité des députés français, à l’exception des députés des deux département . Les sujets alsaciens devenaient ipso facto des citoyens allemands.
2/ En 1940, un traité d’armistice signé entre l’ Allemagne nazie et la France ne stipulait AUCUNE clause relative à l’Alsace-Moselle.
L’annexion faite par l’Allemagne nazie n’a donc AUCUN fondement juridique et
constitue un acte de piraterie commis par un Etat voyou.
Les citoyens de ces deux territoires restent donc français en droit!
Monsieur Fabian ne peut pas légitimement affirmer que les jeunes incorporés
DE FORCE sous la contrainte sont morts pour l’Allemagne !!!
3/ Cette assimilation est proprement révoltante et soulève l’indignation des enfants
de ces victimes d’une barbarie immonde qui sont restés sans père pendant toute
leur jeunesse!
En effet , si ces jeunes pères ont revêtu un uniforme ennemi – encore une fois sous la contrainte!- c’était pour éviter à leur famille une déportation en Silésie
ou ailleurs en Allemagne , voire d’être éliminée physiquement-et c’est cet acte héroïque qui leur a valu le titre de « Mort pour la France » , car leurs enfants ont survécu, avec difficulté , souvent; ils ont eux-mêmes fondé leur propre famille
de jeunes français , conscient du sacrifice de leur père.
4/ J’invite Monsieur Fabian à consulter les sites dédiés à l’incorporation de force.
Il y trouvera matière à comprendre le drame de l’Alsace Moselle.
Quant aux commémorations, je rappellerai que nombre de stèles dédiées
portent justement cette seule mention : » A nos morts » dans un obscur anonymat
qui confine à l’oubli délibéré.
5/ Nos 40 000 morts ou disparus incorporés sous la contrainte par un Etat barbare
méritent mieux qu’une minute de silence à la mémoire de n’importe qui , si l’on ne précise pas pour quelles victimes on fait silence.
Sans cela ,c’est un silence de mort que l’on entend…..
Roland Schmitthaeusler
Illkirch
Secrétaire d’une association d’orphelins de guerre( OPMNAM)
Fils d’incorporé sous la contrainte, sous-officier Français en 1939, disparu sur le front russe en 1944.