Le 13 décembre 1943 : le massacre de Kala­vrita (Grèce) – Une réflexion sur la recon­nais­sance des crimes de guerre

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Le 13 décembre 1943, la sauva­ge­rie nazie procéda à l’ex­ter­mi­na­tion de toute la popu­la­tion de Kala­vrita : les enfants, les femmes, les hommes, les vieillards, le clergé en repré­sailles à une action de la Résis­tance grecque. Pour les nazis, le massacre odieux de Kala­vrita – 1200 morts – se rédui­sait à une opéra­tion de nettoyage, « Saube­rung­sun­ter­neh­men »).

Le natio­nal-socia­lisme, « ce service public du crime » comme l’a quali­fié Edgar Faure, procu­reur-adjoint pour la France au procès de Nurem­berg, niait la dignité de la personne humaine ; c’est la réifi­ca­tion, la déshu­ma­ni­sa­tion de la personne humaine.

Les offi­ciers de la Wehr­macht n’avaient pas d’hon­neur. Ils étaient des meur­triers et des voleurs qui ont entraîné leurs soldats dans les pires exac­tions. Ils ont sali l’hon­neur de l’ar­mée alle­mande et de leur patrie pour long­temps. Ce qui a fait écrire au chan­ce­lier Helmut Schmidt, homme lucide et ancien offi­cier de la Luft­waffe, dans ses Mémoires que « l’Al­le­magne avait un lourd handi­cap devant l’His­toire qui ne lui permet­tait pas de reven­diquer en Europe la place corres­pon­dant à sa puis­sance écono­mique ».
En effet, le pays qui a mis l’Eu­rope à feu et à sang pendant la Seconde Guerre mondiale, respon­sable de la Shoah, n’a pas le magis­tère moral pour donner des leçons en matière éner­gé­tique, finan­cière, migra­toire aux autres pays euro­péens.

L’Al­le­magne a oublié de juger les offi­ciers-assas­sins de la Wehr­macht. Elle a préféré construire son indus­trie et partir à la conquête écono­mique de l’Eu­rope. Rendre la justice, punir les meur­triers des popu­la­tions civiles n’étaient pas dans les prio­ri­tés de l’Al­le­magne démo­cra­tique.
Les excé­dents commer­ciaux verti­gi­neux de la Répu­blique Fédé­rale d’Al­le­magne ne suffi­ront pas à lui rendre son honneur. Seules la recon­nais­sance, la repen­tance, la répa­ra­tion des nombreux crimes qu’elle ne veut pas voir pour­ront lui redon­ner sa place à la table des démo­cra­ties.

Notre société repose sur des bases démo­cra­tiques formu­lées par les philo­sophes de la Grèce antique. Ils ont reconnu la dignité et la liberté de chaque citoyen. Le droit coutu­mier de la guerre est un élément de notre civi­li­sa­tion. Au IVe siècle, à Thes­sa­lo­nique (Grèce), un chef de guerre qui avait outre­passé ses droits, fut puni par l’Eglise et excom­mu­nié, la sanc­tion la plus sévère de l’époque. C’est l’exemple le plus ancien connu dans l’his­toire de la sanc­tion d’un crime de guerre.
Après la Seconde Guerre mondiale, le Tribu­nal de Nurem­berg a défini les prin­cipes du droit pénal public moderne. Ces prin­cipes nous régissent. Malheu­reu­se­ment, de nombreux crimes commis par les puis­sances de l’Axe sont restés impu­nis en Grèce : Kala­vrita, Distomo ou Kommeno.

N’ou­blions pas les victimes et leurs descen­dants qui, plus de 70 ans après les faits, ne crient pas vengeance mais réclament la justice.

R. B.

* Sur le rôle de Jean Lirot, incor­poré de force alsa­cien, qui sauva près de 200 femmes et enfants à Kala­vrita : http://www.malgre-nous.eu/spip.php?arti­cle1840

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