Marcel SPISSER, président de l’AMAM, ouvre la séance à 10h en rappelant la disparition récente du Gal Jean-Paul Baillard, membre fondateur de l’association: « Ceci est la première AG que nous commençons sans lui…Nous avons toujours apprécie ses conseils avisés. Nous avons tous aussi apprécié les paroles prononcées par Nicolas Sarkozy il y a deux ans à Colmar. Or c’était mot pour mot les termes de la lettre que le Gal Baillard lui avait adressée. » Une minute de silence est observée en mémoire de celui qui était jusqu’à sa mort l’un des vice-présidents de l’AMAM.
Frédéric BIERRY, maire de Schirmeck, conseiller général du Bas-Rhin, évoque également le souvenir du disparu : « C’est un moment émouvant. Le Gal Baillard s’est beaucoup investi pour le Mémorial et on ne l’imagine pas sans lui…Il apportait ici un regard sur le monde, un esprit de bienveillance et des touches d’humour. Son dernier combat fut de faire reconnaitre le sort tragique des Alsaciens-Mosellans incorporés de force. Au Mémorial, c’était l’ami de tous. » Frédéric Bierry a signalé que « depuis 2007, il n’y avait pas eu une aussi bonne fréquentation du site, avec + 4% sur la période 2012–2013, + 35% au mois de mars et + 2% en avril ». Une bonne nouvelle même si l’élu a reconnu que « le mauvais temps nous a aidé ! ».
Jean-Paul GULLY, secrétaire général de l’AMAM, a rappelé de son côté que lors de l’AG 2010, le Gal Baillard avait confié lors de son intervention que désormais il pouvait quitter ce monde car « depuis le 8 mai 2010, les incorporés de force avaient été rétablis dans leur honneur et leur dignité de citoyen. » Pour cette AG 2013, 60 maires ont envoyé une procuration, montrant ainsi leur intérêt pour l’association. En effet, en 2013, un dossier de l’AMAM a été envoyé à 480 communes et 55 ont nouvellement adhéré. La même opération devrait être faite vers les maires du Haut-Rhin et de la Moselle.
Alphonse TROESTLER, délégué à la Mémoire pour la Région Alsace, a également évoqué la personnalité du Gal Baillard, « attentif à n’oublier aucune des catégories de victimes. » Il a informé l’assistance de la « nouvelle étape » qui devrait s’ouvrir pour le Mémorial dans le domaine de la construction européenne grâce à l’implication de Joseph Daul, l’Alsacien qui est président du groupe du Parti Populaire Européen. Suite à la visite de ce député européen, l’idée d’ajouter une ouverture sur l’Europe plus marquée dans le Mémorial tout en présentant le témoignage historique de l’Alsace pour terminer le circuit, a fait du chemin. Un projet complet, avec notamment une salle d’exposition temporaire et l’ajout de séquences oubliées ou insuffisamment traitées (comme la Résistance), a été présenté aux instance européenne dont on attend la réponse. Le Mémorial a en effet déjà 8 ans et « pour assoir sa pérennité future », un gros chantier doit s’ouvrir. Concernant la prochaine Rencontre des Mémoires, en novembre 2014, on sait déjà qu’elle aura « un écho très fort par rapport au centenaire du Premier conflit mondial » dont on commémorera le centenaire. Suite à une question de Gérard Michel (OPMNAM), Alphonse Troestler a évoqué le travail de recensement des Incorporés de force, actuellement validé par les 900 communes alsaciennes. La démarche, pilotée par Christophe Heitz, concerne toutes les catégories de victimes alsaciennes du nazisme. La Moselle de son côté a opéré un recensement de ses victimes militaires de 1870 à 1945 sur un Mur des Noms à Gravelotte. Pour le Mur des Noms, un appel à projets sera lancé. M. Troestler s’est demandé « s’il devait s’agir d’un mur gravé ou ou pas gravé… mais souple, avec des images… » Il a affirmé que « le président Richert est en tout état de cause intéressé. Faut-il le faire par catégorie de victimes ? Le débat mémoriel est très important… Le droit des familles à accepter ou non de rendre public un nom de proche doit être respecté. Nous attendons d’éventuelles réactions suite à la liste de noms déjà consultable sur Internet. » Par ailleurs, Alphonse Troestler a regretté le manque de chercheurs prêts à étudier les archives de Tambov mais a salué un mémoire de maîtrise en cours sur les Malgré-Elles, le premier travail universitaire sur le sujet qui devrait aussi bénéficier d’un ouvrage à venir de Liliane Hoffmann. Un historien doit faire des recherches sur les lettres de Malgré-Nous.
Marcel SPISSER, président de l’AMAM, a remercié le trio (Alphonse Troestler, Jean Paul Gully et Claude Morant), « ces trois mousquetaires sans lesquels je ne pourrais pas faire grand chose ». Or il y a du travail car « plus je viens au Mémorial avec des groupes, plus je constate qu’on ne connaît pas l’histoire de l’Alsace. Le message que nous voulons transmettre à nos enfants, c’est que l’Alsace a souffert plus que d’autres régions et qu’elle a été calomniée. Au lendemain d’une catastrophe, il faut trouver un coupable et ce furent les incorporés de force » a-t-il ajouté, évoquant le drame d’Oradour sur Glane. « Or on n’a pas parlé des miliciens qui ont aidé les nazis, des collabos comme ceux qui dans la division Charlemagne furent les derniers fanatiques à soutenir Hitler à Berlin… ». Jean-Jacques Meysembourg demanda la parole pour déplorer que l’exposition au Mémorial « n’explicite pas assez le rôle du maréchal Pétain dans la trahison des Alsaciens Mosellans dés juillet 1940 ».
Remettre des pages d’histoire contemporaine dans leur perspective totale, « c’est la raison d’être du Mémorial, lieu d’histoire et de mémoire. » Mais pour remplir cette mission, il faut des moyens. « Si nous avions à hauteur de ceux du Mémorial de Caen dont je me souviens des innombrables affiches dans le métro à Paris lors de l’ouverture, on ferait pareil. » Malgré ce problème de budget, le Mémorial attire beaucoup de scolaires dont une école des Nantes et c’est passionnant. Les contacts avec la Normandie ont été fructueux à travers les nombreuses visites de Jean Bézard. En 2012, l’agenda fut fourni avec 18 Café d’histoire, une formule qui va bientôt atteindre son 100e rendez vous et qui a bien trouvé sa place puisqu’il y a actuellement une liste d’attente pour les conférenciers. Le Gal Baillard y avait d’ailleurs présenté sa biographie l’an dernier. Par contre, il y a encore beaucoup d’efforts à faire vers le Haut-Rhin… Nous avons connu une déception car malgré le lieu central qu’est le buffet de la gare de Mulhouse et la notoriété du sujet (Pierre Bockel, aumônier de la Brigade Alsace Lorraine), le public était peu nombreux au Café d’histoire qui lui fut consacré.
Le Courrier du Mémorial est une revue de plus en plus appréciée, notamment ses articles de fond et ses pages pédagogiques. Les Actes des Rencontres devraient elles être publiées par le CRDP avant Noël. L’AMAM a également participé à l’édition des lettres de Malgré Nous, reçues en quantité bien plus importante que ce qui était estimé au départ, et qui peuvent être utilisées par les enseignants d’histoire voire d’allemand.
Marcel Spisser a également cité les excellentes relations de l’association et du Mémorial avec les Japonais, « fascinés par l’histoire de l’Alsace déchirée par des guerres entre la France et l’Allemagne. Ainsi savez vous qu’il y a une chaire de l’histoire de l’Alsace à Tokyo et non une chaire d’histoire de France? » Un groupe de 46 étudiants s’est rendu au Mémorial et leur professeur y venait pour la 7e fois. Le thème de la réconciliation avec l’Allemagne les intéresse beaucoup, eux qui ont connu des conflits avec la Chine et la Corée. Une équipe de la TV japonaise est venue en décembre et le 1er janvier, le reportage sur le Mémorial a été diffusé.
Suite à l’exposé du trésorier Claude MORANT dont les bilans ont été approuvés par les réviseurs aux comptes, le président de l’AMAM a proposé de porter la cotisation de 20 à 25€, notamment pour suivre l’augmentation des frais postaux. L’assemblée procéda ensuite à l’élection de 8 conseillers au Comité directeur, soit un de plus que précédemment:.. Il s’agit de MM Etienne Adloff, Jean-Jacques Meysembourg, Gérard Michel, Claude Morant, Charles Quirin, Gérard Zippert, Jacques Cornec et Mme Marie Goerg-Lieby.