Louis VORBURGER, né le 4 octobre 1917 à Voegtlinshoffen (Haut-Rhin).
J’ai pu reconstituer le périple de mon père grâce aux échanges de lettres quasi quotidiens avec ma mère et aux renseignements « WAST ».
Louis Vorburger fait son service militaire du 1er septembre 1938 au 3 juillet 1940 au 40e régiment d’Infanterie à Neuf Brisach. Mais, le 4 septembre 1939, il est muté au 28e régiment d’Infanterie sur la ligne Maginot. Il est fait prisonnier par l’Armée allemande à La Bresse et libéré comme Alsacien-Lorrain le 10 juillet 1940. Il se marie le 13 février 1942.
Sa vie conjugale sera de courte durée car, en mai 1943, il est rappelé sous les drapeaux de l’Armée allemande. Ayant été hospitalisé pour une chirurgie au nez, son départ est réporté et lui fait grâce de l’envoi sur le front de l’Est d’où plusieurs de ses camarades ne reviendront pas.
Il part pour Gleiwitz, en Silésie (actuellement Gliwice, Pologne), où il est formé dans le 110e Bataillon de Panzer-Grenadier et affecté à la 3e Compagnie le 20 mai 43. Il fait des marches et gardes nocturnes et des exercices fréquents à l’intérieur de la Pologne. Il est à noter que Gleiwitz et Auschwitz, à 55km, de celle-ci sont tristement connus pour leurs camps
d’extermination.
Le 9 septembre 43, il est déplacé à Potsdam à la 8e Compagnie de la Panzer Grenadier-Lehr Bataillon. De là, il se rend à nouveau en Pologne et fréquente aussi ce que Berlin pouvait offrir en ce temps-là : la découverte de la capitale, mais aussi les bombardements et la destruction de Berlin. Le 9 novembre 43, il est muté à la 5e Compagnie de la Panzer Grenadier-Lehr Bataillon. A partir de là, il n‘a plus d’adresse fixe mais un matricule militaire.
A son grand bonheur, il se retrouve en France à Lunéville le 13 janvier 1944, où son origine alsacienne lui permet de servir d’interprète auprès des autorités françaises. Mais son séjour dans son pays natal sera de courte durée car, le 17 avril 1944, il est en poste à Budapest en Hongrie. Ce pays le séduit, mais sa patrie lui manque. Qu’à cela ne tienne, en mai 44, il est de retour en France, Meaux, Orléans, Nogent, pour finalement se retrouver en mai 44 (« pour la floraison des pommiers » la signalisation exacte
étant interdite par courrier) en Normandie, près de Carentan. Son bureau est installé dans un véhicule militaire. Il fait plusieurs va-et-vient sur Paris pour des « missions ». A chaque fois, il en profite pour aller rendre visite à sa tante, gouvernante. Il lie des liens amicaux très intenses avec la famille de paysans, dans la ferme desquels il est cantonné. Il est principalement chargé de pourvoir au ravitaillement des troupes allemandes. Son origine alsacienne lui permet d’une part de remplir avec obéissance ses fonctions et d’autre part de ne pas se faire considérer comme un ennemi. Ainsi il pourra se renseigner et prendre conscience de la situation désespérée de l’armée allemande après le Débarquement et décide de fuir son bataillon de la
Panzer Grenadier-Lehr. Il se cache dans les granges où les fuyards sont recherchés et se déplace la nuit de préférence au milieu des bombardements qui font rage. Il se rend aux Américains à Notre-Dame près de St-Lô et Carentan et devient un POW le 27 juillet 44.
Embarqué le 30 juillet 44 dans la baie St-Laurent pour Southampton, puis transferré au Camp de Woodheesele en Ecosse jusqu’au 22 septembre. Il demande comme de nombreux Alsaciens à réintégrer l’armée des Alliés et rejoint la Camp d’Old Dean à Camberley où il est affecté à la CI 34, Bataillon d’Alsace Lorraine. Le 6 novembre 1944, il sera embarqué à
Southampton pour regagner Le Havre et Paris (voir liste du 3 novembre 1944 établie par les Forces Alliées sous le Commandement de Eisenhower). Il restera au Dépôt Central des Isolés à Paris sous l’autorité du capitaine Courbet et aidera ce dernier à traiter le rapatriement et les affectations de plus de 500 hommes pour la plupart Alsaciens-Lorrains.
Mis en congé le 15 janvier 45, il ne pourra pas rejoindre sa famille, qui habite Schweighouse-Lautenbach, toujours occupée par les Allemands qui se maintiennent dans la « Poche de Colmar ». Il ne pourra rejoindre son épouse et sa petite fille née le 25 décembre 44 qu’àprès la libération de Buhl, le
5 février 1945. N’ayant plus de statut militaire fixe, son épouse ne pourra même pas lui communiquer les nouvelles familiales, qu’il aurait accueilli avec un grand bonheur. Il se retrouvera chez lui le 17 février 1945.
Nota : les circonstances ont fait que mon père, Louis Vorburger, s’est retrouvé avec mon oncle par alliance Edouard Bicking à Woodheesele, Camberley et sur le bateau de rapatriement vers la France, ainsi qu’avec Jean Grotzinger, qui se mariera avec ma cousine. Mon père, décédé
maintenant, se souvenait très bien de ces deux compagnons.
Edouard BICKING , né le 5 septembre 1921 à Strasbourg.
Edouard Bicking, mon oncle par alliance, est étudiant en Théologie protestante à la Faculté de Strasbourg quand la guerre éclate. Lors de l’évacuation de la Ville de Strasbourg, la Faculté de Théologie
protestante est déménagée à Clermont-Ferrand, avec ses étudiants et ses professeurs. Par la suite, il rendra visite à sa fiancée Suzanne, évacuée en Dordogne. Puis, malgré les conseils de ses parents, il quitte le Sud-Ouest avec son frère Raymond (* Strasbourg 15.9.1920, décédé), élève-pilote à Gaillac pour retourner à Strasbourg.
Il continue ses études de pasteur à Tübingen et Erlangen. Mais, comme tous les jeunes, il doit se soumettre au « Reichsarbeitsdienst » (photo ci-contre), puis est enrôlé dans une division d’Artillerie à Schrötterburg, en Pologne, où il reçoit une formation de « lanceur de grenade à mains ». A la suite d’une forte infection des sinus, il est hospitalisé et évite ainsi la progression vers l’Est de sa Division. Il rejoint Köln où on l’incorpore dans ce qu’il nomme
une « Christkind’l Division » pour le front de Calais, où les combats font rage. Cette division est censée rejoindre la Normandie en vélo !
Après avoir constaté, sous le feu, que la situation des Allemands est perdue, il se met en fuite avec d’autres compagnies pour finalement se rendre aux Canadiens près d’Arromanche. De là, il est embarqué vers l’Île de Wright, où il devient un POW. Démuni de ses possessions, il rejoint dans les soutes d’un baateau l’Ecosse et se rejoint le Camp de Woodheesele, où se
retrouvent de nombreux Alsaciens, qui exigent d’être incorporés dans l’armée des Alliés et ainsi rejoint Camberley et Old Dean.
Le 6 novembre 1944, il est embarqué à Southampton pour regagner Paris (voir liste du 3 novembre 1944 établie par les Forces Alliées sous le
Commandement de Eisenhower).