Originaire de Geispolsheim, Arsène Speisser est incorporé dans l’infanterie le 12.11.1944 à Rostock, Graudenz et, en tant que seul Alsacien, à Windau en Lettonie, où il reste, sans combattre, jusqu’à la capitulation de l’armée allemande le 9 mai 1945. C’est ainsi qu’il entre en captivité chez les Russes. Il se retrouve interné à Leningrad de juillet 1946 à août 1947 : sur les 13 à 15000 prisonniers parqués dans une usine, il ne rencontre pas d’autres Alsaciens. Il travaille en divers endroits, y compris chez des paysans ; là, à l’été 1947, il voit comme les rations des civils avaient baissé si bien que ceux-ci ne pouvaient guère leur donner quelque chose. Il raconte également que les gardiens ne les ont pas maltraité, que la nourriture était certes insuffisante, mais correcte, et qu’ils touchaient un petit salaire qui permettait d’améliorer l’ordinaire à la cantine du camp.
Bien qu’il s’était signalé comme Alsacien, Arsène Speisser n’a pu obtenir de carte de la Croix-Rouge pour donner des nouvelles à sa femme. En août 1947, il a été transféré dans un camp du NKWD à Odessa. Toutes les nationalités y étaient représentées, en majorité des Allemands, des Yougoslaves et des Tchécoslovaques.
En septembre, le colonel Marquié accompagné d’officiers vient leur annoncer qu’ils allaient être rapatriés et fait distribuer des cigarettes et des rasoirs. Le départ a lieu le 25 octobre. Il s’arrête cinq semaines en Roumanie et rejoint Wiener-Neustadt le 6 décembre, puis deux semaines plus tard, Vienne, puis Kehl le 2 janvier 1948 où débarquent 25 hommes : 10 Alsaciens, 1 Français « de l’Intérieur » et quelques Luxembourgeois et Belges.
Source : I. Gihr, Aus Russland zurück. Ein Wirt aus Geispolsheim kommt nach zweijähriger Gefangenschaft heim, Cigognes n°4, 25.1.1948, p.1–2.