Hommage aux incorporés de force,
Un jumelage réussi et d’espoirs rempli, est celui qui vient d’avoir lieu entre la commune de Waldolwisheim (Bas-Rhin) et celle de Thaon (Calvados). A l’origine de ce jumelage est l’évasion protégée par des Normands de Georges ADAM, il était alors incorporé de force dans la Waffen SS.
Ce samedi 13 juin 2015, de nombreux habitants de Thaon, avec Richard Maury, leur Maire, en tête, ont accueilli des compatriotes alsaciens: Monsieur Marc WINTZ, Maire de Waldolwisheim, des élus de cette municipalité et des habitants, en tout 23 adultes et 11 jeunes footballeurs de 11 à 13 ans.
La salle d’honneur à la Mairie était plus que remplie pour la signature de l’acte officiel du serment de jumelage. Étaient présents les Maires représentants de la République, membres d’honneur et les deux Présidents de l’Association de jumelage: Bernard LINDER, pour Waldolwisheim, et Claude HAMEL, pour Thaon.
Dans les propos prononcés autour de ce serment de jumelage, le drame de l’incorporation de force était présent.
Le « vin d’honneur » était constitué de boissons non alcoolisées et de « Pommeau » spécialité normande composée de cidre et de calvados.
Le repas de midi a eu lieu à Rots (14) à la Ferme de Billy où de succulentes spécialités du terroir normand furent servies. Les Normands ont rappelé à leurs amis alsaciens que le 11 juin 1944 Rots avait été le théâtre de très violents combats entre le 46eme « Royal Marine Commando » et la 12eme Panzer SS. Le village servit de base de départ aux armées canadiennes, lors de « l’opération Atlantic » donc de la libération du sud de Caen, au moment de la « bataille de l’Odon ». Dans ces combats, un très grand nombre d’adolescents français, incorporés de force dans la Waffen SS ont perdu la vie. Les unités canadiennes étaient le « Régiment de la Chaudière », « les Reginas » et les « Canadians Scottich ».
Après le repas, visite rapide du Port artificiel d’Arromanches. Là, les jeunes footballeurs ont pris un bain de mer. Voir, ces jeunes Alsaciens se baigner en toute liberté, là où des incorporés de force, sous l’uniforme nazi étaient contre leur volonté, est une extraordinaire expression dans l’espoir de l’Europe des Nations. Le retour à Thaon s’est fait pas la côte, donc par Courseulles. Depuis le car, la gigantesque croix de Lorraine était visible. Elle marque l’endroit où le 14 juin 1944, le Général de Gaulle débarqua du contre-torpilleur « La Combattante ». Avec le Général de Gaulle étaient : le Général Koenig, le Contre-amiral d’Argenlieu, Gaston Palewski, le Combattant Billiotte et François Coulet.
La ville de Bayeux fut libérée le 7 juin, sans dommage, par la 56eme brigade de la 50eme Division britannique. Elle débarqua à Gold Beach. Le 14 juin, le Général de Gaulle, lors de son très célèbre discours empêche l’application de l’A.M.G.O.T décidée par les Alliés : Ne parlaient-ils pas d’invasion alors que le Général de Gaulle parlait de libération ?
Rappelons que les Français n’avaient plus d’institutions politiques. Le régime de Vichy, obéissant et devançant parfois les ordres des nazis, décidait tout. La légitimité du Général de Gaulle était très contestée. Il réagit très vite et prend tout le monde de court. Il dépêche sur place Maurice Schumann (d’origine alsacienne) à Bayeux et installe le 14 juin 1944 le 1er commissaire de la République François Coulet Il le charge d’administrer en son nom les régions libérées. Les combats en Normandie sont toujours aussi âpres mais la France renaît. Plus de 200 incorporés de force d’évadent.
Le samedi 13 à 19h, sur le promenoir de la plage de Courseulles-sur-Mer, en plein air un apéritif a été servi. Pendant plus d’une heure Alsaciens et Normands ont échangé. Ce fut ensuite le repas composé de fruits de mer. A la nuit tombée un splendide feu d’artifice fut tiré sur le stade de Thaon. En Normandie, en cette saison, le soleil disparait à l’horizon peu avant 23h.
Dimanche matin à 10h30, ce fut la visite d’une église de Thaon. Elle date du 11eme siècle. Un bijou de l’art normand.
La visite achevée, la délégation alsacienne et quelques Normands ont regagné le stade où tout le monde s’est retrouvé. Nos jeunes Alsaciens participaient à un tournoi de football. L’équipe de Waldolwisheim s’est honorablement comportée. Bravo. Le repas s’est tenu sous des tentes. Il fut très agréable et les conditions météorologiques idéales.
Hélas, bientôt l’heure de la séparation a sonné. C’était après 15h. Effusions d’embrassades, de remerciements, d’élans de sympathie et de projets marqués du sceau du compatriotisme. Compte-tenu des envies que l’on peut voir poindre, d’autres jumelages pourraient naître. Ils seraient tous en l’honneur des incorporés de force.