Charles Baumann est né à Riquewihr le 12.3.1928. De ses années d’enfance, il se souvent de la venue du président A. Lebrun. Avec ses camarades, ils agitaient de petits drapeaux tricolores en papier. Avec André Hugel et un autre copain, ils sont allés jusqu’à la Baerenhutte, en fumant des cigarettes Ninas fournies par André ; le garde-forestier leur a servi de bonnes tartines de beurre et de miel. A 12 ans, ils ont passé le certificat d’études avec l’instituteur M. Muller. Charles Baumann se souvient aussi de Fritzel Huntzinger qui lui a appris à jouer de l’accordéon avec son Alphorn dont il jouait au Rutenbuckele et avec son petit chien qui l’accompagnait en hurlant.
Mais ces belles années ont eu une fin avec l’annexion de fait de l’Alsace au Reich national-socialiste.
« En 1943, applicant la devise de ma famille, « Handwerk hat goldenen Boden« , j’ai appris le métier d’ajusteur à la SACM à Graffenstaden. Au début du mois de novembre 1944, une vingtaine de jeunes de mon âge sont enrôlés avec moi pour le creusement de tranchées (schenzen) à Raon L’Etape (Vosges).Au retour, au col du Hantz, nous avons subi un discours du Gauleiter Wagner qui nous haranguait de ses ses paroles idiotes, Endsieg etc., tout en entendant tonner au loin les canon américains.
Quelques jours plus tard : convocation au RAD. Départ 4/5 jours avant la libération de Strasbourg. Se cacher ? Refuser ? Je craignais les représailles envers mes parents et proches chez lesquels je vivais, grands-parents, oncles et tantes.
J’ai atterri avec beaucoup d’autres dans un camp du RAD près de Wetzlar, en Hesse. Notre travail : camoufler un grand atelier, en pleine forêt, dans lequel on fabriquait la fameuse Panzerfaust. On nous obligeait à écouter chaque jour le Wehrmachtsbericht. Début décembre 1944 [le 13] il annonçait : « Stadt une Gebiet von Reichenweier wurde vom Feind gesaübert une sine Batterie errobert« . J’étais effondré. Je voyais mon cher Riquewihr dévasté, en ruines. Et mes parents ? Triste Noël 1944.
Aux mois de janvier/février 1945, face à l’avance américaine, le camp du RAD est abandonné. On nous a demandé de rejoindre la Wehrmacht, direction Est, sans encadrement. Les Américains, bien sûr, étaient plus rapides que nous. Le jour suivant, ils nous ont fait prisonniers de guerre, presque paternellement : « Kommt doch, Kinder » (il y en avait qui parlaient allemand). Nous avons été transférés dans différents camps. A Balbec, près du Havre, les Alsaciens et les Lorrains ont été séparés des autres. Puis ce fut quelques jours au camp de La Flèche. Nous avons été libérés à Châlons-sur-Saone. De retour à Riquewihr, mes parents étant absents, ma première visite a été pour notre cerisier.
J’ai repris ensuite mon travail à la SACM jusqu’en 1960. En 1948, j’ai effectué un service militaire de 4 mois à la Base aérienne Cazaux. Puis je me suis marié en 1951″.