Au nom de l’Amicale des Anciens de Tambov et aussi de mon père Emile Roegel, je voudrais vous dire quelques mots.
Rappel de mémoire à notre cher camarade et à notre ami Henri SCHAUB.
Incorporé contre sa volonté, enrôlé de force dans une armée qui n’était pas celle de sa Patrie, Henri a vécu le drame de l’annexion de fait de l’Alsace par l’Allemagne hitlérienne.
En tant que « Malgré-Nous » il s’est retrouvé sur le front de l’Est .
avec la détermination qu’on lui connaît
mais aussi avec la chance qu’il a pu exploiter, il a déserté le jour de son arrivée au front. ( et a été porté disparu )
Il s’est rendu à l’Armée rouge et après une longue et éprouvante marche de plusieurs jours il a atteint le camp de Tambov.
Il était parmi les premiers à y arriver et y a vécu la dure vie du camp. Il a été un temps « chef des français », servant d’intermédiaire entre les prisonniers et les autorités du camp.
Avec un groupe il a passé une partie de l’hiver 43/44 dans une école de formation antifasciste à Krasnogorsk.
Dans ce camp de sinistre mémoire, où sont morts, sans requiem, des milliers des nôtres, il a vécu des heures difficiles , mais il gardait confiance et il a fait partie de ceux qui ont eu la chance de revenir.
En Juillet 1944, suite à des négociations dont on ne sait pas encore tout mais où on été impliqués directement Staline et de Gaulle, Molotov , Marty, la mission diplomatique de la France libre et la délégation militaire à Moscou
Un groupe de 1500 a été libéré.
Les autres qui restaient et ceux qui sont arrivés ensuite ont subi le terrible hiver 44/45 et n’ont quitté Tambov qu’après l’armistice.
Après un incroyable voyage, via le Caucase, l ‘iran, la Palestine, le sud de l’Italie les 1500 sont arrivés à Alger
Et parmi eux plusieurs centaines se sont réengagés dans l’armée française, notamment commandos de France et d’Afrique, pour la durée de la guerre.
Et eurent ainsi la « chance » de participer à la libération de l’Alsace, avant de continuer en Allemagne jusqu’en Autriche.
Henri aura porté cinq uniformes : allemand, russe, anglais, américain et enfin français.
Henri, nous sommes rassemblés pour te rendre hommage. Tu es un des derniers témoins fidèle d’un volet singulier et méconnu de l’histoire des malgré nous et nous te remercions de ta contribution fidèle voire acharnée au travail de mémoire.
Je te dis au revoir au nom de la petite équipe qui travaille à un projet de film sur les 1500 dont tu seras l’un des fils conducteurs
Je te dis Au revoir au nom de tes camarades « Malgré-Nous » et amis de l’Amicale des anciens de Tambov.
Je te dis Au revoir, au nom de tous ceux qui, empêchés par l’âge ou la maladie, ou parce qu’ils sont déjà au ciel, sont en communion avec nous .
Nous garderons de toi le souvenir d’une personne de conviction, qui avait un profond sens de la justice.
Au nom de tous, je présente, à ta famille éplorée et à tes amis, nos très sincères condoléances.
Adieu Henri . Que Dieu te garde.
Fils de Raymond Butterlin de Zimmerbach.
Est décédé en fevrier 2005.A fait parti des 1500.mais en a très peu parlé. Paix à son âme.