La presse nous apprend que l’Allemagne fédérale continue à verser des pensions à d’anciens nazis. Il n’y a rien de surprenant. L’Allemagne n’a jamais été dénazifiée.
L’habile anti-nazi Konrad Adenauer s’est tenu éloigné de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour reconstruire l’Allemagne, il n’hésita pas à s’entourer des « défroqués du nazisme », car ils avaient l’expérience de la gestion de l’Etat… de l’Etat national-socialiste ?
Il fit de Hans Globke, rédacteur des décrets sur l’incorporation de force, un secrétaire d’Etat à la Chancellerie. Dans un article récent du Spiegel (n°7 du 9.2.2019, p.34–36), Reinhardt Strecker, qui s’est battu pour que les anciens juges nazis soient renvoyés de leurs postes, dit qu’après la guerre, sous le régime Adenauer-Globke, « les nazis étaient partout et ils ne manifestaient aucune honte ».
Qu’il y ait des survivants de la division « Charlemagne » ou d’autres collaborateurs qui touchent des pensions, cela est vraisemblable.
En revanche, il est faux de dire que des enrôlés de force français touchent des pensions. Nous ne pouvons pas accepter la confusion entre les volontaires-collaborateurs des nazis et les incorporés de force. Ces derniers sont les victimes de la barbarie nazie.
Ils ont été indemnisés, symboliquement par les accords Schmidt-Giscard : une veuve, par exemple, aura touché 1380 euros. Une somme dérisoire.
L’Allemagne s’est conduit avec eux comme une marâtre. Elle les a contraints à revêtir l’uniforme nazi, à se battre sous un drapeau honni « für Volk und Vaterland » et les a laissé tomber.
A la fin de la guerre, nos déportés militaires avaient perdu 40000 de leurs camarades. 10000 sont revenus mutilés. Ils furent pris en charge, soignés et appareillés par le service de santé des armées de la Mère Patrie. Cela est normal. Ils sont citoyens français.
Néanmoins, il subsiste un problème qui ne me semble toujours pas résolu. Mon attention sur ce point a été attiré par un président d’association lui-même gravement mutilé qui ne comprenait pas que la facture des soins donnés aux mutilés soit réglée par le contribuable français et non par l’Allemagne fédérale qui est la continuation juridique du IIIe Reich, responsable de tous ces malheurs et souffrances.
Pour mémoire, la Deuxième Guerre mondiale a entraîné la mort de 55 millions de personnes. Ce fut la guerre la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité. Un triste record.
L’enrôlement de force est un crime contre l’Humanité imprescriptible que plusieurs personnalités allemandes, dont le président du Volksbund le général Wolfgang Schneiderhan, ont reconnu.
Les dépenses de santé consécutives à l’enrôlement de force dont bénéficient les mutilés depuis la fin de la guerre sont également imprescriptibles.
L’Allemagne étant le maître de l’orthodoxie budgétaire en Europe, elle ne peut refuser de prendre en charge les dépenses qui lui incombent sans se renier.
Plutôt que de donner des leçons en matière écologique, financière et migratoire, l’Allemagne ferait mieux de s’inspirer de l’action de la France à l’égard des soldats étrangers qui ont combattu dans son armée.
Le 25 février 2019 est paru dans un quotidien national un article intitulé « Au Maroc, la France reste fidèle aux goumiers de la Libération » (Le Figaro du 25.2.2019, p.18).
L’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG) y mène une action exemplaire en assurant les retraites, les soins médicaux et l’appareillage des anciens soldats.
Cette action est à l’honneur de notre pays.
Renée Baudot