Germaine Rohrbach qui fut présidente de l’Association des anciens incorporés de force dans le RAD et le KHD est décédé samedi 1er novembre à l’âge de 88 ans. Née à Saverne en 1926, elle n’avait que 17 ans en 1943 quand elle fut, comme 15 000 Alsaciennes et Mosellanes incorporée de force dans deux organisations paramilitaires mises en place par le régime nazi, le ReichsArbeitsDienst (RAD) puis le KriegsHilfsDienst (KHD). Là elle avait vécu dans des conditions très dures physiquement et moralement. En particulier dans une station de Forêt-Noire où elle devait repérer les avions alliés puis dans usine d’armement à Pforzheim.
Les humiliations qu’on lui avait fait subir, Germaine (qui fut libérée en mars 45 par les forces anglaises avec d’autres jeunes filles incorporées de force, Françaises d’Alsace-Moselle, Luxembourgeoises et Néerlandaises) en avait fait sa force. C’est ainsi qu’elle mena un combat exemplaire pour que les incorporés de force dans le RAD-KHD (majoritairement des femmes) aient droit à une indemnisation légitime, comme cela avait été fait au Luxembourg où le fonds de réparation versé par l’Allemagne avait été réparti entre hommes et femmes. Il fallut toute la force de conviction de Germaine, un talent qu’elle avait déployée dans sa carrière professionnelle, pour qu’en 2008 une convention d’indemnisation soit signée. Jean Marie Bockel, alors secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants, avait fini par obtenir l’accord d’André Bord. Le président de la Fondation Entente Franco-Allemande avait accepté de verser une somme à condition que l’Etat verse la même. On estime que 5800 survivant(e)s en Alsace-Moselle bénéficièrent de cet accord, survenu trop tard pour une bonne partie des personnes concernées. Rien ne pouvait réparer le préjudice d’années de jeunesse piétinées par le nazisme mais la convention ainsi que la reconnaissance morale mit du baume au cœur des survivant(e)s.
Germaine Rohrbach, qui avait longtemps été guide bénévole au Musées du Sceau de la Petite-Pierre avait été décorée en 2009 de l’insigne de chevalier dans l’Ordre National du Mérite dans ce cadre qu’elle affectionnait, elle qui habitait à Saverne. Philippe Richert qui avait assisté à la cérémonie avec d’autres élus avait salué l’importance de « cette juste récompense pour un engagement exceptionnel qui a permis de franchir un pas et d’aller de l’avant. »
M.G-L
Ci-dessous : Germaine Rohrbach et Jean-Marie Bockel en 2008. (Photo N. Mengus)