Ich hàb mien mitmàche.
Eweràl isch àlles wiss,
Eweràl isch nùmme Iss,
Warùm hàw ich fortgemien ?
Wàrùm müess ich denn do sinn ?
Sie hàn mich vùn dheime àbg’risse,
Sie hàn mich gezwùnge ze schiesse,
Hàb s’feldgraues Kleid mien ànzeje
Un do im kàlte Schnee mien leje.
Ich kànn do mini Fiess nimme spiere
Un mini Finger düen làngsàm friere.
Ewer s’Lànd herrscht so e Todesstille
Kànn mich nit müxe, doch mescht ich hille.
Je me remémore tous ces mots griffonnés
Sur la page jaunie d’un cahier d’écolier.
Souvenirs de douleur et jeunesse volée,
Profondément cachés en mon âme blessée.
Cette terre glacée qui brisa le destin
De milliers de camarades alsaciens.
Se battre pour l’ennemi, cause détestable,
Et y laisser sa vie, injustice implacable.
Mais avais-je le choix de fuir ou m’évader,
D’exposer les miens aux pires atrocités ?
Aspiré à jamais par le terrible engrenage,
Préservant mes parents devenus des otages.
Ceux qui sont revenus portent le poids de l’histoire.
Qui les a écrasés comme fruits au pressoir.
Ils ne pouvaient agir et ils durent subir,
Dur est le chemin quand il faut se reconstruire.
Alain RIESS
28 janvier 2025
Très beau poème, plein d’émotions. Bravo et merci Alain.